Depuis 2009, le gouvernement burkinabé a déployé Programme National de Biodigesteurs, passant par la contractualisation du secteur privé. A partir du biodigesteur, les ménages ruraux bénéficient d’un accès à une énergie propre (biogaz) pour l’éclairage et pour la cuisson, mais aussi à des fertilisants non chimiques pour les cultures agricoles. Le programme vise à améliorer les conditions de vie des ménages en assainissant l’environnement,et à générer une source de revenus supplémentaire aux exploitations familiales qui en bénéficient.

AUTEUR(S)

Yameogo Sylvie ccpm@pnb-bf.org

Fiche rédigée par Patrice N'goran

PROGRAMME

Démarrage: 2009

Lieu de réalisation: Burkina Fasso

Origine et spécificités du financement : Ministère Néerlandais des affaires étrangères, Etat Burkinabé, ménages.

ORGANISME(S)

Programme National de Biodigesteurs du Burkina Faso (PNB-BF)

Ouagadougou -

06 BP 10261 Ouagadougou

18 Salariés

Site internet

Ou

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COMITÉ DE LECTURE

Date de lecture de la fiche

12/10/2019

Localisation

Burkina Faso

Domaine

Environnement Agriculture Logement

Type de structure

Collectivité territoriale, État Collectivité territoriale, Etat Association, collectif, ONG Association, collectif, ONG Établissement public Etablissement public

Envergure du programme

Nationale

Bénéficiaires

Entreprise Population rurale Universel Agriculteurs

Type d'action

Valorisation non alimentaire Valorisation énergétique / industrielle

Type d'objectif

Environnementaux Maintien et amélioration de la biodiversité Environnementaux Préservation de la qualité / fertilité des sols Environnementaux Réduction/traitement des déchets, économie circulaire Développement local Maintien et/ou création direct(e) d’emplois Développement local Structuration/maintien de filières locales

LOCALISATION
LICENCE

Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0

Pour citer un texte publié par RESOLIS:

Yameogo Sylvie, « Valorisation de déchet de ferme d’élevage en biogaz et compost par le déploiement de micro-centrales de méthanisation », **Journal RESOLIS**

PUBLIÉ DANS LE JOURNAL

ORIGINE ET CONTEXTE

Au Burkina Faso, les populations rurales sont tributaires des activités agro-sylvo-pastorales qui emploient 80% de la main d’oeuvre. Les ménages ruraux ont un faible accès à l’énergie et le bois constitue la source d’énergie principale pour l’éclairage et la cuisine. Parallèlement, les terres agricoles se dégradent et s’appauvrissent en matière organique. Les zones de pâturage se raréfient et la transhumance du bétail est limitée. Autre constat, les déjections animales sont très peu valorisées alors qu’elles participent à l’émission de gaz à effet de serre, dont le méthane (CH4). C’est en réponse à ces problèmes d’ordre énergétiques, économiques, agropastoraux et environnementaux que le Programme National Bio-digesteur a été initié en 2009 par le gouvernement Burkinabé, grâce à l’appui de la coopération néerlandaise.

OBJECTIFS

Améliorer l’accès des populations à l’énergie ;
Développer un secteur marchand viable autour de la construction de Bio digesteur ;
Améliorer les revenus des ménages par la réduction des dépenses d’intrants chimiques et la vente du supplément de Compost ;
Assainir le cadre de vie ;
Favoriser une stabulation des animaux d’élevage et une meilleure intégration de l’ agriculture.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

Le programme se déploie en 2 phases :
La Phase 1 (2009 à 2013) s’est tenue sur l’ensemble des 13 Régions du Burkina Faso. Des maçons et animateurs ont été recrutés et formés, et un transfert de compétences opéré auprès des partenaires de mise en œuvre (collectivités territoriales, Directions Régionales du Ministère Ressources Animales et Halieutiques, ONG et Organisations Professionnelles Agricoles). L’offre de construction est portée par des maçons (souvent regroupés en coopérative) recrutés en milieu rural, et sont supervisés par le partenaire de mise en oeuvre.

Dans la phase 2 (2014 à 2019), les activités sont centrées sur les régions avec les résultats les plus encourageants. La collaboration est menée avec des entreprises de construction de biodigesteur et des coopératives. Les entreprises partenaires contractualisent avec le PNB-BF sur la base d’un modèle de franchise en fixant un objectif de production annuel. La réalisation des biodigesteurs est assurée par les maçons formés et accrédités par le programme. Les ménages demandeurs contractent avec une entreprise de leur zone et apportent une contribution en nature (fouilles, eau, sable, gravier). L’entreprise acquiert les matériaux de construction et met à disposition un maçon pour construire l’ouvrage. Après vérification du service fait (ouvrage réalisé et fonctionnel) par ses équipes techniques, le PNB-BF verse à l’entreprise prestataire, la somme de 160.000 Fcfa par ouvrage réalisé. Cette somme représente la cote-part subventionnée par le gouvernement Burkinabé au profit des ménages.

Les déjections animales constituent la matière première. Dans certains cas, le bio-digesteur est connecté aux latrines du ménage. L’installation requiert au moins 4 têtes de bœuf ou 8 porcs pour alimenter le bio digesteur. Les ouvrages sont garantis 2 ans avec 3 visites obligatoires de l’entreprise de construction après la mise en service de l’ouvrage. Au-delà les ménages doivent assurer eux-mêmes les frais de maintenance.

En 2017 et 2018 deux conférences internationales sur la technologie du Bio digesteur ont été organisées à Ouagadougou.

RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS

14 entreprises partenaires en charge de la construction de Bio digesteurs ;
500 maçons formés depuis 2009 dont 80 très actifs (2 à 3 bio-digesteurs /maçon/mois);
160 à 170 bio-digesteurs sont réalisés par mois pour un total en juillet 2019 de 12 854 bio-digesteurs réalisés depuis 2009
L’initiative est répliquée par des collectivités territoriales (Régions et Communes) et des organisations d’agriculteurs. L’intérêt agricole du projet du compostage, a supplanté l’intérêt énergétique au point de susciter une augmentation de la demande.
Les bio-digesteurs construits ont un rendement en compost de 20 à 30 Tonnes/an, engendrant une baisse de 70% en dépense d’engrais pour les ménages en moyenne

ORIGINALITÉ

Alors que le programme visait initialement un intérêt énergétique, les demandes de bio-digesteur sont de plus en plus guidées par un intérêt agronomique (disposer de compost). Le bio-digesteur constitue ainsi une solution énergétique mais aussi réponse à l’insécurité alimentaire, à la lutte contre la pauvreté, à la dégradation de l’environnement et à l’adaptation aux effets des changements climatiques. Il permet une stabulation de l’élevage (réduction des conflits agriculteurs-éleveurs liés à la transhumance) et contribue à piéger le méthane.. Il permet de disposer d’une énergie propre et de limiter la coupe de bois en tant que substitut énergétique. Le compost recueilli permet à l’agriculteur de reconstituer la matière organique du sol et de réduire ses dépenses d’intrants chimiques.

PARTENARIAT(S)

Le PNB BF a développé des partenariats stratégiques, notamment avec le Programme d’Investissement Forestier.
Structure tutelle : Ministère des ressources animales et halieutiques, subventionne le coût de construction du bio-digesteur.
Coopération Néerlandaise à travers l’ONG HIVOS pour le financement du programme et SNV pour l’assistance technique à travers Africa Biogas Partnership Programme (ABPP) basé au Kenya.

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

La contribution exigée aux ménages est mal comprise et parfois peu acceptée
Le coût de la technologie reste la principale barrière à la généralisation du programme en l’absence de crédit ;
La technologie reste encore peu connue en Afrique et au Burkina Faso en particulier. Le financement ciblé sur les résultats ne permet pas toujours la prise en compte de dépense en information et communication ni l’accompagnement des ménages pour adopter de nouveaux comportements
Manque d’accompagnement financier pour le volet agricole du programme

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

Le PNB-BF a fait le choix d’une relation client/entreprise plutôt que bénéficiaire/Etat, pour réduire une éventuelle posture attentiste de la part des ménages, en argumentant une plus forte responsabilisation des ménages

Améliorations futures possibles :

Synergie avec d’autres programmes du ministère de l’agriculture pour renforcer ce volet.
Renforcer la communication
Nouer de nouveaux partenariats stratégiques
Diversifier l’offre pour l’adapter à tous les besoins (petits volumes, économies d’eau, biodigesteur pour milieu urbain..)
La mise à l’échelle du programme au niveau sub-régional

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

- Création d’un nouveau secteur marchand, l’engagement du Gouvernement du Burkina (ancrage institutionnel), la mise à disposition d’une subvention aux ménages, la stabilité de l’équipe au niveau de la coordination du programme…
- Les produits du bio-digesteur (énergie et compost) répondent effectivement aux besoins de agriculteurs.
- Coopération entre plusieurs ministères

POUR EN SAVOIR PLUS

https://www.mediaterre.org/actu,20190911090156,5.html