Observatoire
LES VERGERS DE VEIX SUR LA VOIE DE LA DIVERSIFICATION : ENTRE ELEVAGE BOVIN, RECOLTE DE PETITS FRUITS ET MARAICHAGE

ORIGINE ET CONTEXTE

Tony OPPENHEIM et Karine NEDERVELDE se sont installés sur la commune de Veix (Corrèze) en 2004 en agriculture biologique. Cette reconversion professionnelle a été poussée par la montée en puissance de l’industrie phytopharmaceutique, l’accaparement du vivant par des intérêts privés, la crise de la vache folle et la dégradation de l’écosystème faisant partie de notre patrimoine commun. Également en quête d’une alimentation saine, ils ont décidé de mettre en pratiques leurs idées. Ils produisent à leurs débuts des petits fruits (myrtilles, cassis, groseilles rouges principalement) sur 2 hectares, avant de diversifier leurs productions (cornouille, groseilles à maquereau, nèfles, rhubarbe, coings de chine, …) ainsi que leurs activités avec un atelier bovin et du maraîchage. La ferme s’étend aujourd’hui sur 150 hectares (dont les 2/3 sont louées) pour les deux exploitations.

OBJECTIFS

L’objectif de la ferme est d’utiliser au mieux tous les mécanismes naturels connus de manière empirique et scientifique pour produire durablement.
La ferme produit en respectant l’environnement, le bien-être animal et le consommateur.
L’enjeu est également de vendre le maximum de produits sur la ferme afin de d’assurer une meilleure rémunération et un contact avec les clients en les sensibilisant aux enjeux environnementaux.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

- 160 bovins toute l’année dehors alimentés uniquement à l’herbe et au foin. De race rustique, les Galloway valorisent la flore locale donnant une viande typée et persillée vendue en direct.
- Découpe : travaille avec un boucher et création d’un pôle viande (structure d’abattage et de transformation) à Bourganeuf (projet porté par des éleveurs qui sont actionnaires et en quête de bien – être animal, de viande de qualité).
- Mise en place d’abreuvoirs (avec le Conservatoire d’Espace Naturel de Nouvelle – Aquitaine) pour que les animaux n’aillent plus boire dans la rivière (préservation de la ressource en eau).
- Emplois : entre 15 et 20 saisonniers pour le ramassage des fruits durant l’été.
- Transformation en confitures, sorbet, coulis, jus, myrtilles séchées.
- Cueillette de myrtilles sauvages sur une concession.
- Commercialisation à la ferme, sur les marchés en été et foires bio :
La viande est vendue sous forme de colis ou au détail (depuis cette année). Et vente de carcasse entière aux restaurateurs.
Le verger est ouvert à la cueillette : les gens peuvent venir ramasser la myrtille arbustive, cassis et groseille rouge (paiement au poids de ce qu’ils ont ramassé).
Point de vente à côté du jardin-potager : légumes, sorbets, confitures, viande et fruits frais (myrtilles, fraises, framboises, …).
Biocoop et magasins locaux.
- Enherbement des inter- rangs et paillage sur rang d’une partie du verger pour ramener de la matière organique dans les sols et limiter leur assèchement :
Taille des myrtilliers tous les 2 ans. Laisse monter la végétation du printemps dans les inter - rangs qui au moment de la cueillette est piétinée par les saisonniers pour éviter de dégrader les milieux dans lequel les auxiliaires et les pollinisateurs sont présents.
Depuis 2014, arrivée d’un ravageur de petits fruits (la drosophile suzukii) : modification des pratiques (taille de l’herbe, en laissant les inter – rangs, et des myrtilliers plus importante) pour réduire l’humidité, l’ombre, la fraîcheur qui sont favorables à la drosophile. Utilisation de purins pour créer de la confusion.
- Diversification avec la mise en place de l’atelier maraîchage en 2014 :
Légumes d’été (tomates, aubergines, concombres, …) puis élargissement de la gamme des produits proposés (poireau, carotte, chou, …) avec l’arrivé d’un salarié (aide d’Anne pour le recrutement et la formation de ce dernier) : 4 serres de 35 m de long sur 5 m de large et le reste à l’extérieur.
Travail sur sol vivant, principes de permaculture (paillage, buttes, ...).
Irrigation des cultures avec des réserves d’eau alimenter par des sources.
Autonomie en fertilisant : le compost vient du fumier des stabulations.

RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS

- Conservation du bocage avec l’élevage.
- Diversité des activités qui amène une augmentation de la biodiversité (complexification biotope) et embellit le paysage.
- Protection de la qualité de l’eau.
- Protection et conservation des écosystèmes en place et développement de pratiques favorisant la biodiversité.
- Pôle viande Bourganeuf :
Permet d’élargir la gamme de produits proposés (saucisson, viande sécher, affinage de certaines pièces de viande, …).
Porté par des éleveurs qui sont actionnaires et qui ont développé les outils en fonction de leurs attentes.
- Arrivée de la drosophile suzukii :
Avant l’arrivée de la drosophile, la ferme permettait de nourrir la famille, ce n’est actuellement plus le cas.
Récolte qui débutait en juin et finissait fin Août (avec saisonniers). Maintenant 10 juillet à fin juillet (avec saisonniers).
Inter – rang débroussaillés et désherbement à la main des pieds de myrtilliers.
- Atelier maraîchage mis en place dans l’objectif d’augmenter la diversification de l’offre des produits en vue d’augmenter la vente à la ferme. Recherche d’un équilibre économique avec les légumes afin de couvrir le salaire, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (ventes des autres produits qui équilibre).
- Atelier maraîchage : création d’un emploi.
- Cueillette saisonnière : 15 – 20 emplois saisonniers.
- Cueillette au verger et accueil à la ferme : sensibilisation aux pratiques mises en place sur la ferme.
- Visite du verger et circuit pédagogique.
- Accueil chaque année de stagiaires et d’apprentis.

ORIGINALITÉ

N/A

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

Complexité de la gestion de la masse salariale pour arriver à être concurrentiel.
Bassin de vie avec une démographie assez faible donc une consommation locale faible sauf en période estivale.
Adaptation permanente face aux ravageurs, aux problèmes de foncier (propriétaires des arbres mais pas du sol sur le verger), à la commercialisation, force de travail qui diminue.
Activité en perpétuelle mutation.

Obligation de s’adapter, de développer, de trouver de nouvelles solutions aux problèmes rencontrés autres choses.

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

Modification de la stratégie commerciale avec une accentuation de la vente à la ferme et une augmentation de la communication.
Eté 2020 : ouverture d’un site internet pour toucher des gens qui ne sont jamais venus avant sur la ferme.

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

Informations et aides extérieures.
Implication dans des groupes d’échanges : GAB 19, CIVAM, …