Observatoire
Les Psys du coeur, une écoute thérapeutique ouverte à tous

ORIGINE ET CONTEXTE

Des thérapeutes humanistes ont eu pour projet de rendre accessible le soutien thérapeutique. Ces professionnels ont constaté que certaines personnes n’accèdent pas à ces soins pour des raisons économiques, sociales, culturelles. Le projet a été de mettre à disposition ce soutien avec des permanences ouvertes selon les locaux trouvés, quasiment sur la rue, où les personnes peuvent venir sans rendez-vous avec la contribution souhaitée par chacun. Les personnes sont reçues de manière anonyme et cela est strictement confidentiel. Les personnes décident d'elles-mêmes de venir et en prennent la responsabilité. 6 antennes en France (Annecy, Grenoble, Valence, Suresnes), la première était à Paris 19 (le vendredi de 11h à 17h) mais pas réservée aux habitants de l’arrondissement.

OBJECTIFS

Accueillir les personnes dans un lieu d’échange et un lieu ressource pour être écouté et aidé
Rendre accessible le soutien thérapeutique
Développer toutes les conditions qui favorisent une bonne santé mentale

ACTIONS MISES EN OEUVRE

Action principale : les permanences où se trouvent toujours deux bénévoles : un pour l’accueil et un pour les entretiens. Les thérapeutes reçoivent en séance individuelle, mais ce n’est pas toujours le même thérapeute qui reçoit la personne. Les thérapeutes fonctionnent en groupe sous la forme d’une communauté de soutien, ils ne savent jamais qui vient, quand, etc. De ce fait, cela suppose un très fort travail de coordination et de supervision au sein de l’équipe pour créer du lien et de la cohérence dans le suivi des personnes. Des comptes rendus sont gardés dans le cadre de la confidentialité partagée pour que chaque thérapeute sache où en est la personne. Ainsi la personne reçue bénéficie aussi de plusieurs regards, ce qui est intéressant aussi pour elle. Cela permet une approche psycho-sociale. 

Autre partie développée au fil du temps : inscrire cette action dans le champ social dans les différents domaines psycho, sociaux, éducatifs, économiques pour être acteur de la santé mentale de manière globale. 

Participation à des manifestations/évènements (fête de quartier, fête des associations…) avec différents acteurs pour se faire connaître du public, exemple : village santé de la DASES à Paris Plage avec de l’accueil mais aussi des ateliers de bien être (prendre soin de soi). Il y a aussi des entretiens sur les bancs ou en balade. 

Animation dans les centres sociaux avec des groupes de personnes, par exemple des femmes (partage et soutien mutuel avec les ressources de chacun). 

Groupe de soutien mutuel au jardin de la maison de la Place des Fêtes. 

Permanences téléphoniques durant le confinement. 

RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS

Pour la dixième année, un bilan statistique a pu être fait pour avoir une idée du public reçu et les thématiques les plus abordées, permettant d’avoir une connaissance sur le public, leurs problématiques, la récurrence des venues. 

Public : Certaines personnes viennent uniquement une fois et d’autres ont besoin de plus de continuité. Certains en grande difficulté pathologique / psychiatrique mais ils reçoivent aussi beaucoup de personnes qui n’ont pas toujours pris conscience qu’il est important de prendre soin de soi. 

Tout âge : des ados (avec la venue d’un adulte au premier rendez-vous), des adultes. Plus de femmes que d’hommes, les dernières années plus de jeunes notamment des étudiants et aussi beaucoup de personnes isolées, seules, âgées. Mais aussi plus de personnes avec de plus lourdes pathologies ou en situation post traumatique.

 L’association est bien reconnue et identifiée ce qui fait qu’il y a de plus en plus de demandes. 

ORIGINALITÉ

Rendre accessible le soutien thérapeutique en sortant des cabinets et en s’impliquant dans le champ social en travaillant dehors ou avec des partenariats, ce qui n’est pas le travail d’un thérapeute habituellement.
Travail en équipe (communauté de support) au lieu d’être une personne de soutien, ce qui fait que le public reçu est accueilli par une équipe et non un même thérapeute à chaque séance = dévoilement pour les thérapeutes, regards croisés.

PARTENARIAT(S)

Financement : cotisations, contributions libres + Financement de la ville de Paris et un mécénat qui vient de la Fondation des Champs. Les besoins financiers sont très légers et concernent les locaux (même s’ils peuvent être mis à disposition, c’est néanmoins le poste de dépenses principal mais il n’y a qu’à Paris que l’association paie un loyer), la communication, la formation, les déplacements. Connaître les partenariats permet d’avoir des appuis et des ressources mais tout en gardant l’anonymat des personnes, personne ne sera envoyé à l’association en son nom. 

Cependant il est essentiel de connaître d’autres relais. 

Exemples : La maison de la Place des Fêtes et toutes les associations qui y sont présentes et s’inscrivent dans le niveau local, Fondation des champs, assistantes sociales, service social et psychologique du commissariat, groupe SOS, Aurore,CHU Mouzaïa, Emmaus solidarité, Solidarité nouvelle face au chômage, DASES, Direction sociale du territoire nord, La porte ouverte (qui reçoive en entretien mais qui ne sont pas des thérapeutes),

Espace de coordination : conseil local de santé et santé mentale, les ateliers santé ville de la mairie du 19ème…

Tout le travail de partenariat permet aussi de communiquer, les 2/3 de personnes viennent par le biais de partenaires. 

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

La taille de l’équipe de thérapeutes bénévoles : grâce au travail de communication et partenariats, l’association a aujourd’hui une très forte demande. La mobilisation de bénévoles thérapeutes est un problème. La communication et la gestion posent des difficultés

La localisation : enjeu de pouvoir s’implanter quelque part en gardant son indépendance sans être là uniquement pour le public de tel ou tel organisme. Trouver des locaux adéquats pour accueillir et recevoir en confidentialité. 

Améliorations futures possibles :

Avoir un autre pôle dans Paris
Avoir un pôle pour des entretiens mais aussi faire des rencontres en groupe de manière plus nomade dans différents arrondissements.
Devenir plus mobile et s’élargir à d’autres arrondissements, proposer d’autres formes à réfléchir : téléphonique / en groupe.

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

Travail en équipe des thérapeutes (communauté de support) qui ainsi coopèrent et ne travaillent pas tout seul dans leur cabinet.
Sortir des cabinets.
L’implication des bénévoles et le travail de coopération.
Le soutien externe des partenaires et en particuliers des partenaires publics (mairie du 19ème)