En 2009, touché par la crise laitière, des producteurs associés choisi de maintenir son élevage laitier à Laqueuille dans le Puy – de – Dôme, en trouvant des solutions pour sortir du modèle conventionnel. Pour cela, Bruno Gourdon, l’un des associées de la ferme, s’est formé à des pratiques « alternatives » afin de s'autonomiser face aux marchés extérieurs et de rendre économiquement viable la ferme.
AUTEUR(S)
Gourdon Bruno bruno.gourdon@wanadoo.fr
Fiche rédigée par Laëtitia GONI-LIZOAIN
PROGRAMME
Démarrage: 2009
Lieu de réalisation: Lieu-dit La Chabanne, commune de Laqueuille (Puy – de – Dôme)
ORGANISME(S)
GAEC du Soleil
Laqueuille - 63820
La Chabanne
2 Salariés
ORIGINE ET CONTEXTE
Bruno GOURDON s’est installé en 1995 sur la ferme familiale de son épouse avec 23 hectares, 20 vaches laitières (race Prim’ Holstein) et 10 vaches allaitantes (Salers). En 2000, la ferme s’est spécialisée en élevage laitier avec la mise en place d’une nouvelle stabulation avec salle de traite. L’intégralité du troupeau a été converti en laitier avec une production de 9 000 à 10 000 litres de lait par an et par vache. C’est en 2009, face la crise du lait rendant impossible de dégager un revenu de cette activit et avec l’envie de changer que la ferme reconçoit la globalité de son système d’exploitation vers des pratiques plus durables et autonomes. C’est aussi à travers son expérience et celle d’autres éleveurs du Puy – de – Dôme que l’association « Eleveurs Autrement » à vue le jour (voir la fiche consacrée à l’association).
OBJECTIFS
Afin de maintenir l’élevage laitier sur la ferme familiale, Bruno Gourdon s’est formé à diverses pratiques agricoles pour diminuer les achats extérieurs (engrais de synthèse, produits phytosanitaires, aliments…), avoir plus d’autonomie sur sa ferme et diminuer son impact environnemental.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
Formations aux méthodes alternatives via divers organismes : biodynamie, ostéopathie animale, alimentation, gestion des prairies, communication animale …
Modification de l’alimentation du troupeau à la suite de la prise de conscience du fonctionnement de l’appareil digestif d’une vache et utilisation de l’outil OBSALIM (outil de diagnostic et de réglage alimentaire fondé sur l’observation des ruminants) :
Arrêt de l’ensilage et passage au foin.
Un tiers des prairies sont fauchées tardivement permettant de laisser la prairie grainée (ces graines réalimentent la prairie, qui se sème naturellement) et fourrage grossier donné en tête de repas.
Calcul de la ration purement théorique avec le logiciel INRAtion : alimentation pendant 15 jours avec ces quantités, puis lecture sur les vaches (différents signes sur les poils, les bouses, …) pour savoir si elles ont trop ou pas assez de foin, de regain et d’aliment.
Epandage de lisier/fumier à l’automne et jusqu’au mois de décembre et non plus au printemps afin que les plantes développent leurs systèmes racinaires en profondeur.
Changement du matériel : vente de la mélangeuse et achat d’un valet de ferme.
Conservation des haies.
Association « Eleveurs Autrement » : formations sur la santé animale, la gestion des prairies, l’utilisation du calendrier lunaire, l’alimentation …
RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS
Aujourd’hui l’exploitation c’est 35 vaches laitières, 50 hectares, prairies permanentes naturelles, deux associés, pas de transformation, une production 100% bio (certification en 2017) vendue à la coopérative de Laqueuille (200 000 L de lait par an) à un prix moyen de 475 euros la tonne.
Résultats des changements de pratiques :
Il n’y a plus de pathologie courante (diarrhées de veau…).
Les bouses sont facilement dégradables dans le sol.
Le système digestif est ralenti : meilleure absorption des minéraux au niveau de l’intestin. Pas d’achat de minéraux depuis 2009 hormis du sel.
Diminution des frais vétérinaires : de 5 – 6 000 euros par an à 500 – 1 000 euros par an.
Diminution de 90% de l’utilisation des antibiotiques.
Les prairies se sèment naturellement : aucun coût.
Maintien de la flore des prairies voire amélioration : en 2009, 17 plantes différentes à l’hectare, aujourd’hui plus de 50 plantes à l’hectare.
Ramasse environ 25% de fourrage supplémentaire par rapport à son ancien système (conventionnel avec des engrais).
Arrêt quasi-total de l’enrubannage : moins de plastique.
Diminution de la consommation de GNR : de 12 000 L/an à 7 000 L/an aujourd’hui.
Confort dans le travail.
Changement de regard vis – à – vis de la faune (par exemple, le renard n’est plus un nuisible mais un chasseur de campagnol terrestre).
ORIGINALITÉ
Reconception intégrale de la ferme qui permet aujourd’hui de sortir deux salaires convenables en faisant 35 heures, ce qui n’est pas commun en élevage laitier.
Création de l’association « Eleveurs Autrement » (voir la fiche consacrée à l’association).
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
Aucun organisme n’était capable de faire un accompagnement sur la globalité de la ferme (certaines sur la santé animale, mais aucune connaissance sur les prairies …).
Beaucoup d’heures de formation (250 à 300 heures de formations par an) et parfois loin : difficile de gérer la traite et la formation, accumulation de fatigue.
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
Rencontres d’autres éleveurs avec les mêmes problématiques lors de ces formations : échanges et mises en place de journées entre éleveurs du Puy de Dôme entre ces formations pour s’entraider, échanger et appliquer les éléments vus en formation. Création de l’association « Eleveurs Autrement » en 2015 pour en faire profiter les personnes qui veulent mettre en place ces pratiques : formation et accompagnement des agriculteurs partout en France.
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
La conviction personnelle.