Observatoire
La coopérative Le Grenier boréal (Québec)

ORIGINE ET CONTEXTE

Au milieu des années 2000, quelques amis souhaitaient cultiver des fruits et des légumes en Minganie pour satisfaire leurs besoins familiaux, mettre en commun les surplus des jardins et offrir des paniers biologiques à la communauté. Le projet n’a pas fonctionné, car il était difficile de rentabiliser le projet et de trouver des citoyens désireux de s’engager à cultiver des fruits et légumes. En 2012, une étude a été effectuée sur les produits forestiers non ligneux dans la région de la Minganie. Cette étude a conclu que ces produits représentaient un fort potentiel économique. Les citoyens ayant démarré le projet de culture maraichère ont souhaité joindre le projet d’exploitation de produits forestiers non ligneux avec une culture maraichère. Un plan d’affaires a été effectué en 2012 et du financement a été obtenu. La coopérative Le Grenier Boréal a été lancée officiellement en 2013.

OBJECTIFS

Le Grenier Boréal est une coopérative de solidarité qui regroupe des membres travailleurs et des membres de soutien. L’objectif de cette coopérative est de créer des emplois intéressants et bien rémunérés dans le secteur de l’agroalimentaire pour les citoyens de la Minganie. Il n’y a pas de membres consommateurs au sein de la coopérative pour éviter des tensions entre les consommateurs et les producteurs. La coopérative comprend 4 volets, soit (1) la production maraichère (2) les produits forestiers non ligneux (3) les services de consultation environnementale et (4) l’agrotourisme.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

Le volet agricole du Grenier Boréal permet l’exploitation d’une terre de 2,5 acres de terres en culture qui n’est pas certifiée biologique, mais suit les principes de l’agriculture biologique. Cette terre est louée à l’État dans une zone forestière de type taïga. Des zones forestières ont été conservées pour protéger la terre du vent et pour conserver la biodiversité du site. La coopérative utilise des semences du patrimoine pour s’assurer que les plantes seront adaptées à la région. À titre d’exemple, la coopérative produit plus de 70 sortes de tomates différentes et 400 sortes de légumes provenant de 50 espèces différentes. Une fraisière a également été implantée dans une zone sablonneuse. Les sols sont peu fertiles, mais s’améliorent au fil des années. La coopérative détenait plusieurs ruches, mais les abeilles sont décédées à la suite d’un hiver très froid. Ce programme sera relancé en 2017. La production de cette terre permet de distribuer des paniers de produits frais à la communauté. La demande en termes de paniers s’élève à 200 paniers, mais la ferme ne peut produire qu’une dizaine de paniers pour le moment. Elle pense être en mesure de produire une centaine de paniers dans un avenir rapproché. Le jardin est également ouvert au public la fin de semaine pour permettre aux citoyens de mieux connaître l’agriculture et les produits offerts par la coopérative. Pour le moment, le volet agricole n’est pas rentable, car la météo est difficile et les sols peu fertiles.

Le Grenier Boréal procède également à la cueillette de produits forestiers non ligneux. Il s’agit de la cueillette de champignons, de petits fruits en forêt et de plantes médicinales et comestibles. La plus grande partie de la production est vendue à l’extérieur de la Minganie, car la demande n’est pas assez forte dans la région. Ces produits sont vendus dans les régions de Montréal et Québec. La coopérative produit également un thé produit avec des feuilles de thé du Labrador et des pétales de roses. Ce produit sera bientôt vendu à l’extérieur de la région. La coopérative souhaite développer d’autres épices et feuilles de thé. Un kiosque est ouvert à la communauté quelques jours par semaine pour vendre les produits agricoles et forestiers non ligneux. Les produits de la coopérative sont aussi commercialisés dans quelques restaurants de la Minganie. La coopérative souhaite développer la production d’autres petits fruits (camerises, cassis).

Pour rentabiliser ses activités, la coopérative offre un service de consultation environnementale pour les acteurs économiques de la région, dont la mine de Havre-Saint-Pierre. Finalement, la coopérative développe un volet agrotouristique. Ce programme permettra d’organiser des visites du site agricole et d’interpréter les plantes indigènes se trouvant dans la forêt. La coopérative souhaite démontrer qu’il est possible d’avoir un écosystème agroforestier diversifié. Elle espère que les terres exploitées par la coopérative deviennent l’écosystème le plus diversifié de la Côte-Nord. Les îles Mingans sont déjà très populaires auprès des touristes et un partenariat sera développé pour permettre aux touristes visitant ces îles de découvrir les sites gérés par le Grenier Boréal.

RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS

Le projet a permis de créer une quinzaine d’emplois dans la région de la Minganie. Le Grenier Boréal permet également de fournir des aliments frais à une région où il n'y a pas d’autre production maraîchère. Cet approvisionnement local permet de réduire l’impact écologique de l’alimentation des citoyens et de sensibiliser la population à l’environnement et à l’agriculture. Le site est également en voie de devenir une attraction touristique régionale, ce qui contribuera à la vitalité économique de la communauté. Le projet suscite un grand enthousiasme dans la communauté. Pour preuve, il se donne entre 3000 et 3500 heures de bénévolat chaque année pour la coopérative.

ORIGINALITÉ

La Moyenne-Côte-Nord du Québec est une région nordique où les sols sont pauvres et peu exploités. Le Grenier Boréal permet de créer une agriculture adaptée à ce climat difficile et de diversifier l’économie locale qui est concentrée autour des ressources naturelles. La qualité du projet a été reconnue par l’entremise du Concours québécois en entrepreneuriat qui lui a remis plusieurs prix, ainsi que par l’Institut du Nouveau Monde qui lui a remis le prix de l’économie sociale.

PARTENARIAT(S)

Le Grenier Boréal développe un partenariat avec les gestionnaires de la Corporation de l’Îles-aux-Perroquets pour son volet agrotouristique ainsi qu’avec plusieurs commerçants des régions de Montréal et de Québec pour vendre ses produits forestiers non ligneux.

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

Le climat de la Minganie se caractérise par un été court et une température froide. Les sols utilisés par le Grenier Boréal sont peu fertiles et nécessitent beaucoup de travail. La non-rentabilité des activités agricoles de la coopérative est un défi important pour son développement.

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

La coopérative mise sur le long terme pour améliorer la qualité de ses sols. Elle souhaite développer ses services-conseils pour assurer sa viabilité financière.

Améliorations futures possibles :

Le Grenier Boréal veut développer son volet agrotouristique et diversifier sa production maraichère. Elle souhaite développer ses services-conseils, la vente de PFNL, l’agrotourisme et la transformation pour assurer sa viabilité

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

Les produits forestiers non ligneux sont très populaires au Québec. Le projet bénéficie du soutien de bénévoles et d’employés dévoués qui sont passionnés par l’environnement et l’agriculture.