Yves DEBOOS a repris en 2004 la ferme familiale avec une double activité d’arboriculteur en vente directe et d’élevage de bœuf à viande, dans le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande. Il valorise le terroir de la vallée de Seine qui se prête particulièrement à la culture des fruits. Ses actions sont guidées par la recherche du goût.
AUTEUR(S)
Mayaud jennifer jennifer.mayaud@pnr-seine-normande.com
Fiche rédigée par Jennifer Mayaud
PROGRAMME
Démarrage: 2004 reprise de l’héritage familial qui se transmet depuis 5/6 générations
Lieu de réalisation: Jumièges
Origine et spécificités du financement : le financement de l’activité résulte d’un équilibre, grâce à des interactions entre les activités d’élevage et de vente directe de fruits ; et des économies de dépenses grâce à la modération des phytosanitaires
ORGANISME(S)
Yves DEBOOS (micro société)
Jumièges - 76480
2343 le Conihout 76480 Jumièges
1 Salariés
ORIGINE ET CONTEXTE
La pratique d’Yves Deboos est déterminée par ses convictions (tendance bio) et sa volonté de simplification du travail. Sa ferme est une tentative de réponse locale aux dérives de la société de consommation. Cela fait suite au constat des excès de notre système reposant sur des automatismes et le systématisme, sans réflexion et analyse. Aujourd’hui, la consommation est en déphasage par rapport à la production. Par exemple, les fraises sont de plus en plus belles et rouges mais pratiquement plus aucune n’est produite en pleine terre, et le critère du goût n’est plus du tout central; c’en est même le dernier critère de production après le calibrage, les qualités de conservation etc… Yves a repris la ferme pour des raisons culturelles et historiques d’héritage patrimonial. Le ferme représente également la transmission d’une idéologie. Il souhaite produire des fruits bons, s’ils peuvent être beau, c’est bien, mais c’est secondaire.
OBJECTIFS
Remettre le goût et la production saine et respectueuses de l’environnement au centre des pratiques de consommation et de production
Poursuivre l’activité sur cette ligne là et d’y survivre : la production de qualité n’est pas nécessairement la plus rémunératrice
ACTIONS MISES EN OEUVRE
Remise en place du pâturage dans les vergers hautes tiges ,plutôt que la tonte mécanique.
Dans les vergers de pommiers intensifs, application des programmes bio au maximum, grâce au conseiller de la chambre d’agriculture locale sur le bio
Production de vache à viande allaitante en extérieur toute l’année
Alimentation du bétail à l’herbe et au foin uniquement
Recherche de foin de qualité avec prairies permanentes, en contrôlant les rumex
Races mixtes pour faciliter le vêlage sans intervention
Durée d’élevage conséquente à la pratique extensive qui entraîne une croissance du squelette et de la viande plus lente : 3,5 ans, le double de la pratique en étable
RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS
L’exploitation mène 12 bœufs par an à l’abattoir qui partent dans le système conventionnel.
Une vingtaine de variétés de pommes et de prunes sont vendues en vente directe avec 3 marchés par semaine.
L’exploitation est optimisée, avec plus de rendement sur les ventes en marché et un gain de temps. Le producteur réussi seul ce que ses parents réalisaient auparavant à deux
ORIGINALITÉ
L’originalité de ces activités de l'arboriculture et d’élevage c’est de faire passer le goût en premier, avant la couleur, l’équilibre ou la fermeté des produits. Cela nécessite un important effort de sensibilisation des clients qui ont des attentes plutôt culturelles : du croquant et de la couleur, la bonne taille ou des variétés dont le nom doit évoquer le local, et non pas des consonance anglaises par exemple
Accueil pédagogique ponctuels
PARTENARIAT(S)
Parc naturel régional des Boucle de Seine Normande
Chambre d’agriculture
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
Les freins au développement sont structurels : le producteur est mal récompensé pour la mise en place de pratiques de préservation de l’environnement. Ce type de système de production privilégiant le goût coûterait trop cher. Comptablement parlant, l’acteur devrait cesser d’élever des animaux, actuellement l’éleveur compense ces coûts d’élevage sur l’activité arboricole. L’entrée dans un système plus conventionnel serait plus rémunératrice.
Un agriculteur devrait vivre de son produit sans prime, aujourd’hui ce n’est pas possible !
Sur la filière fruits, il y a trop de concurrence déloyale, de fraude.
La satisfaction des clients est certaine, mais leur fidélité est relative. La clientèle n’est pas nécessairement en phase avec la qualité, la vente demande d’importants efforts de pédagogie. Du coté qualité de vie personnelle, ce qu’on investit en qualité se paie avec beaucoup d’efforts.
Le passage au label bio ne n’apparaît pas comme une solution, car il peut s’avérer stigmatisant d’en porter les valeurs
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
Le producteur investit dans tout ce qui lui fait gagner du temps.
Améliorations futures possibles :
Une piste concerne la valorisation de cette pratique qui peut être estimée d’ordre patrimoniale. Comment valoriser les externalités positives, comme la satisfaction des touristes et des habitants qui prennent des photos de veaux sous les arbres ?
Une autre serait de nouer un partenariat avec d’autres éleveurs qui ont ses pratiques pour vendre sous label de qualité supérieure. Il faut organiser une filière, mais qui ne demande pas plus d’énergie (actuellement, le travail peut s’élever 90 heures/semaine)
Il n’est pas possible avec ce système d’élevage de débiter des animaux à la ferme extérieur car tous ses animaux, fécondés naturellement, arrivent prêts en automne. Comment vendre 12 bœufs tous arrivés au mois de septembre à la ferme ? Je ne peux pas les pousser pour les faire arriver en décalés car ce n’est plus naturel et on n’est plus dans la qualité.
Le passage au label bio ne n’apparaît pas comme une solution, car il peut s’avérer stigmatisant d’en porter les valeurs
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
Il faut l’envie de faire du “bon” et de prendre le temps de faire du bon ! Pour illustrer cela, le producteur passe beaucoup de temps au printemps pour l'arrachage des rumex ou passer avec un petit pulvérisateur juste sur la plante, pour le goût de faire un beau champ !
Idées de sujet(s) de recherche fondamentale ou appliquée :
Le sujet de la traçabilité et de la labellisation. Le producteur est déçu par des labellisation qui ne serviraient toujours aux producteurs qu’ils devraient appuyer, avec des contrôles de la traçabilité est toujours « léger ».
Sur les fruits de la vallée, possibilité de développer une labellisation qualitative, pour canaliser la clientèle sur les vrais acteurs du territoire.