Le projet « Agroforesterie : levier de développement de la filière châtaigne » a été initié en 2014 pour relancer et professionnaliser la filière dans le Limousin. Porté par le syndicat des Producteurs Marrons – Châtaignes et Petits Fruits du Limousin, le projet s’étend principalement sur le territoire de Saint – Yrieix – La – Perche (Haute – Vienne) dans l’objectif de réintroduire des châtaigniers productifs sur le bassin versant de la Dordogne.
AUTEUR(S)
MASLE Isabelle isabelle.masle@haute-vienne.chambagri.fr
Fiche rédigée par Laëtitia GONI-LIZOAIN
PROGRAMME
Démarrage: de 2014 à 2017
Lieu de réalisation: principalement sur le territoire de Saint – Yrieix – La – Perche en Haute – Vienne
Budget: 27381
Origine et spécificités du financement : 21 905€ issus de l'appel à projet CASDAR « Mobilisation collective pour l’Agroécologie » en 2013 et Appel à projet GIEE en 2015
ORGANISME(S)
Chambre d’agriculture de la Haute – Vienne
Panazol - 87350
2 Rue Georges Guingouin
ORIGINE ET CONTEXTE
Plusieurs facteurs ont conduit à la disparition des châtaigniers en France. La maladie de l'encre, engendrée par la présence d’un champignon parasite en a décimé dès 1871 une grande partie . L’industrialisation et l'évolution des modes de productions ont ensuite eu raison d'une grande partie de la production de châtaignes au milieu du 19ième siècle. Plus récemment, c'est la présence du cynips (insecte ravageur) ainsi que les aléas climatiques qui freinent la réimplantation de châtaigniers. Face à tous ces défis, le projet AgroForEveri (AgroForesterie – Elevage, Valorisation Espace Rural, produit Identitaire) est né au niveau du syndicat des Producteurs Marrons – Châtaignes et Petits Fruits du Limousin pour relancer la filière marrons et châtaigne locale, s’inscrit dans un plan plus global de la relance de la filière sur le territoire du Sud – Ouest. L'enjeu est aussi de professionnaliser cette activité. La châtaigne revêt le double statut de produit identitaire et de source de diversification de revenu et de production avec le maintien d’une d’essence locale. Ce projet est animé par la Chambre d’agriculture de Haute – Vienne et s'appuie égalemet sur deux collectifs. Le GVA (Groupe de Vulgarisation Agricole) de Saint Yrieix (non actif aujourd’hui), pour son ancrage dans le territoire, et le syndicat des producteurs marrons-châtaignes et petits fruits du Limousin, qui vise au recrutement de nouvelles surfaces et de nouveaux producteurs.
OBJECTIFS
L’objectif général est de trouver une façon de réintroduire des châtaigniers productifs dans les systèmes en polyculture élevage caractéristiques des exploitations du sud Haute Vienne.
Les principaux objectifs du programme sont :
D’identifier les complémentarités entre la production de châtaigne et d’autres productions (en production végétale et/ou production animale)
D’évaluer la faisabilité de l’agroforesterie dans des systèmes d’exploitation du Pays de Saint Yrieix en proposant des itinéraires techniques pertinents aux nouveaux castanéiculteurs.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
Des plantations agroforestières (conduit majoritairement en agriculture biologique) ont été engagées dans le cadre de parcours ombragés volailles sur des surfaces de 1 hectare environ. Pour des surfaces plus importantes, les vergers de plein vent ont été associés à du pâturage ovin, des coupes de foin, de la culture inter – rang les premières années de la plantation (avant la mise à fruit).
Mise en place du salon agricole « Tech – Châtaigne » et du rallye de l’Arbre pour montrer et parler de l’agroforesterie (à venir fin 2020).
RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS
Une importante visibilité médiatique dès le début du projet : cela a permis de communiquer sur la filière châtaigne et son développement.
L’objectif de développement des surfaces a été atteint : de 50 hectares en 2012 à 500 hectares aujourd’hui en 2020. Les départements de la Corrèze et de la Dordogne sont sur une dynamique similaire (bassin de production de châtaigne).
En termes de pratiques agroforestières, ce qui a été observé en association élevage :
Beaucoup de parcours de volailles se sont développés et/ou installés en châtaignier : poulaillers en Label Rouge dont le cahier des charges exige des parcours ombragés. L’association volailles et châtaigniers fonctionne bien avec la protection des jeunes plants.
Autres associations :
Producteurs ovins : installation d’un verger châtaignier et la gestion de l’enherbement par du pâturage.
Bovin : un seul producteur car limite du système de protection des arbres.
Les vergers ont souvent été engagés en exploitation mixte ; une partie bio (verger généralement) et une partie conventionnelle. Mais on observe aujourd’hui qu’ils sont en train d’aller chercher la conduite bio sur l’ensemble de l’exploitation.
Cette entrée agroforestière amène depuis 2 – 3 ans à des questionnements des producteurs sur la plantation d’arbres dans les exploitations (haies, arbres fourragers, …).
ORIGINALITÉ
La particularité de cette filière châtaigne est qu’elle mêle agriculteurs professionnels et non-professionnels ; 20% des agriculteurs collectent 80% des volumes.
Mise en place de « Rendez – vous bout de verger » pour parler de l’agroforesterie notamment dans le cadre de journée Innov’action.
Le syndicat regroupe une cinquantaine de producteurs et il y a plus de 300 récoltants au sein de la coopérative fruits du Limousin.
PARTENARIAT(S)
Lycée agricole des Vaseix : mise en place des essais de protection d’arbre sur le lycée qui ont plus ou moins fonctionnés.
Participation à l’appel à projet ARPIDA (Animation Régionale des Partenariats pour l'Innovation et le Développement Agricole) au niveau régional qui réunit plusieurs Chambres d’Agriculture de la Nouvelle – Aquitaine.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
Le premier GIEE (Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental) porté par un GVA (Groupe de Vulgarisation Agricole) n’a pas fonctionné car ils ne se sont pas approprié le sujet. Le GVA avait une posture et une dynamique descendante . Aujourd’hui, il est à l’arrêt (il n’y a plus de président, plus d’activités, …).
L’eau est le principal frein : l’irrigation est aujourd’hui nécessaire en Limousin car le constat est qu’il y a énormément de perte d’arbres lors de la plantation du fait d’un manque d’arrosage. L’irrigation a aussi un impact sur la qualité des châtaignes (elles éclatent en cas de pluies tardives sans arrosage régulier).
Le fait d’avoir une conduite en AB a limité la culture de céréales dans l’inter – rang ; mettre des cultures céréales bio et non bio sur la même exploitation est non envisageable.
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
Désormais, le chef de file du second GIEE est le syndicat des Producteurs Marrons - Châtaignes et Petits Fruits du Limousin et non plus le GVA.
Le service eau et environnement de la Chambre d’agriculture de la Haute – Vienne travaille en ce moment sur ces problématiques liées à l’eau et son accès, en réfléchissant à la pertinence de créer des réserves collinaires.
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
La coopérative fruits du Limousin LIMDOR est implantée sur le territoire et assure l’essentiel de la mise en marché. Il y a aussi la coopérative ECOLIM en Corrèze et la Périgourdine en Dordogne qui ont des centres de ramassage sur le territoire.
Une dynamique générale autour de la filière châtaigne dans le cadre du programme de relance sur le sud – ouest et le programme Agroécologique de l’Etat.
L’aide financière de l’Etat à fort niveau (900 euros par hectare PAC 2015 – 2020) pour la conversion et le maintien en AB.
Ce projet a répondu à l’attente du public qui souhaite valoriser le patrimoine foncier.
POUR EN SAVOIR PLUS
https://www.lepopulaire.fr/saint-yrieix-la-perche-87500/actualites/la-professionnalisation-de-la-filiere-marrons-chataignes-sest-emballee-en-dix-ans_13745434/