L’abattoir des Hautes Vallées est né d’un désir commun des éleveurs de maîtriser l’ensemble du cycle de vie de leurs animaux. C’est une structure à taille humaine qui réduit les coûts de transport pour les éleveurs et le stress pour les animaux. L’abattoir vise l’excellence sanitaire tout en assurant bien-être animal avant abattage et bien-être humain pendant le travail.
AUTEUR(S)
PEYROT Bénédicte abattoirdeshautesvallees@gmail.com
Fiche rédigée par Cécile Biret/Hannah Dutournier
PROGRAMME
Démarrage: Décembre 2017
Lieu de réalisation: Guillestre, département des Hautes-Alpes
Budget: 13300
Origine et spécificités du financement : Prestations d’abattage des éleveurs, programme LEADER, actions des sociétaires
ORGANISME(S)
Abattoir des Hautes Vallées
Guillestre - 05600
Route des Campings
/ 103 Adherents
ORIGINE ET CONTEXTE
Suite à la fermeture brutale de l’abattoir de Guillestre, un groupe d’éleveurs s'organise pour reprendre l'activité de l'abattoir en créant la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) des Hautes Vallées. La fermeture de l’abattoir de Guillestre signifiait aller abattre à Gap, ce qui augmentait considérablement les coûts de transport. Le maintien de cet abattoir de proximité était donc vital pour la pérennité de l’activité de certains éleveurs du nord du département des Hautes Alpes.
OBJECTIFS
- Faire de la SCIC des Hautes Vallées un projet de territoire, un outil pour le bien commun.
- Mobiliser les éleveurs du Guillestrois/Queyras, du Briançonnais, de l’Embrunais, du Pays des Ecrins et de l’Ubaye.
- Prôner des valeurs :
• le bien être des éleveurs, des opérateurs sur la chaîne d’abattage, des animaux,
• la qualité sanitaire et l’aspect visuel des carcasses
• un travail rémunéré à un prix juste pour les éleveurs en tant que tâcherons
• la coopérative
- Pérenniser l’activité des éleveurs en réduisant les coûts de transport notamment. Le fait de réduire le transport réduit également le stress des animaux.
- Appropriation de l’étape d’abattage par les éleveurs afin qu’ils soient en charge de l’ensemble du cycle de vie de l’animal
- Créer/renforcer des liens sociaux entre les éleveurs, entre les éleveurs et les consommateurs
- En termes quantitatifs, objectif de 120 – 150 tonnes / an
ACTIONS MISES EN OEUVRE
La SCIC compte 166 sociétaires et l'abattoir travaille avec 146 éleveurs des départements des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. Au total, l'activité permet d'atteindre 140 tonnes en abattage et transforme 40 tonnes par an.
Activités d’abattage : douze éleveurs travaillent comme tâcherons sur la chaîne d’abattage avec l’aide d’un boucher. Il y a un seul jour d’abattage par semaine (dans un souci de gain de temps pour les éleveurs et de réduction des frais) organisé en deux chaînes : une pour les ovins, caprins, porcins et l’autre pour les bovins, équins. Il y a également un jour de retrait des carcasses.
Activités de formation : à destination des éleveurs à propos des bonnes pratiques d’hygiène, des techniques de découpe…
Activités de promotion de l’abattoir : participation aux journées Made in Viande, Artgricoles, accueil de lycéens, portes ouvertes, promotion dans les campings.
La salle de découpe propose différents modes de focntionnement :
- Possibilité de prestation totale par le boucher (découpe et mise sous vide)
- Possibilité de prestation partielle (uniquement la découpe)
- Possibilité de location de la salle de découpe
RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS
L'atelier a atteint une capacité d'abattage de 140 tonnes et de transformation de 40 tonnes.
La mobilisation des éleveurs est importante, 146 éleveurs travaillent aujourd'hui avec l'abattoir.
La SCIC compte 166 sociétaires.
Le label bio est déjà acquis pour la chaîne ovins, caprins.
Le seul abattoir des Hautes Alpes classé A (pour la protection animale et l’état sanitaire)
Renforcement et création des liens sociaux entre les éleveurs et sur le territoire
90% de la viande découpée est commercialisée en vente directe.
Les éleveurs de l’abattoir du Vigan sont venus à Guillestre et se sont inspirés du projet des tâcherons de la SCIC des Hautes Vallées pour relancer leur abattoir avec une nouvelle conception de l’outil. L’abattoir du Vigan a rouvert en mai 2018
Création d'un réseau "Pour un abattage paysan" en 2020, pour faciliter la diffusion de l'information et accompagner d'autres projets similaires
Partenariat avec la fondation Edith Seltzer qui sert 800 repas par jour, qui achète de l’agneau et du porc, avec un travail de discussion avec les cuisiniers pour qu’ils prennent tout l’agneau, ce compromis permettant de travailler intelligemment et d'éviter les pertes sur des morceaux moins valorisés
ORIGINALITÉ
Le mode organisationnel de l’abattoir optimise les coûts pour les éleveurs et pour la SCIC et permet d’assurer un avenir pour la structure et les éleveurs. Les éleveurs sont payés à la tâche, ils ne sont pas salariés, ce qui permet une rémunération juste et une absence de charges supplémentaires pour l’abattoir. Contrairement à une Société d'Intérêt Collectif Agricole (SICA), une SCIC permet d’associer tout type d’acteurs : éleveurs, bouchers, consommateurs, collectivités, entreprises liées ou non au domaine de la viande. Les sociétaires participent ainsi de façon démocratique à un projet de territoire favorisant les circuits courts.
L’abattoir de Guillestre est reconnu pour son exemplarité : respect des normes d’hygiène, formation des éleveurs et viande de qualité, contribution à l’économie locale…
PARTENARIAT(S)
- Banque populaire, emprunt pour la nouvelle salle de découpe
- Programme LEADER, financement à 80% de la salle de découpe
- Fédération Nationale des Exploitants d'Abattoirs Prestataires de Service (FNEAP), cotisations
- Syndicat Mixte Intercantonal de l'Abattoir Guil-Durance (SMIAGD), location des locaux
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
Les contraintes réglementaires pour un abattoir sont très lourdes même s’il y a une adaptation progressive de la part de l’Etat concernant la règlementation des petits abattoirs.
Un des enjeux pour la SCIC a été de montrer qu’un autre type d’abattoir est possible : abattoir de proximité, faible cadence qui permet une meilleure qualité. Mobiliser tous les éleveurs s’avère parfois difficile car ils ne souhaitent pas tous faire abattre à Guillestre pour des raisons personnelles
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
Il faut faire avec les contraintes réglementaires obligatoires, la SCIC se met donc à jour régulièrement de toutes les normes pour être irréprochable sur ce point. Une mise aux normes de certains appareils a été faite récemment. Un contrôle constant du préposé vétérinaire assure le respect des exigences sanitaires.
Améliorations futures possibles :
- Développer/nouer des partenariats pour de nouveaux débouchés :• Hôpital de Briançon• Collège de Guillestre- Projet de création d’une plateforme Internet pour mettre en relation offre et demande en viande. Ce site servirait également à trouver de nouveaux débouchés, faire connaître l’abattoir, ses valeurs et de tout informatiser pour alléger le travail administratif.- Un objectif à long terme pour améliorer la visibilité de l’abattoir est d’organiser une journée de visite tout public par an.
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
La réussite du projet collectif de l’abattoir repose sur la motivation des tâcherons, des éleveurs qui apportent leurs animaux et des consommateurs qui achètent leur viande.
Conseils utiles pour une éventuelle transposition du projet :
- Motiver les différents acteurs
- Obtenir le soutien des services de l’Etat
- Etre capable de défendre un autre modèle de production et de consommation à travers l’abattage de proximité (développer les bons arguments)
- Faire des visites de l’abattoir pour être le plus transparent possible et utiliser la pédagogie de l’exemple.