Observatoire
L’AALF : L’apprentissage de la langue française à destination des publics migrants

ORIGINE ET CONTEXTE

L’Association Apprendre le Français est née du constat d’un médecin de quartier de Bagnolet qui ne parvenait pas à comprendre les besoins des personnes migrantes non francophones qu’il recevait à son cabinet. Sa sœur, enseignante, a organisé des cours de langue française à destination de ces publics. L’association s’est ensuite développée grâce au prêt d’une première salle par la municipalité.

OBJECTIFS

L’AALF dispense des cours du soir à des migrants qui ne peuvent recevoir d’aide par ailleurs, sans distinction de religion, de sexe ou de provenance. Les formateurs animent les cours dans le respect des croyances et des valeurs de chacun. 

L’objectif de l’association est de permettre aux apprenants d’être indépendants dans des contextes de la vie quotidienne et de s’intégrer dans la société, tout en les laissant libres et autonomes vis-à-vis de l’apprentissage. L’association oriente également ses publics vers certains services spécifiques en fonction de leurs besoins (soins psychologiques, démarches administratives, travail, logement…), notamment grâce à ses liens avec le Centre social Lounès Matoub qui est un relais avec d’autres structures.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

L’AALF accueille des migrants de 18 ans ou plus  (les mineurs pouvant être soutenus par d’autres organismes spécifiques) et originaires des quatres coins du monde : Afrique du Nord et Afrique de l’Ouest, Egypte, Sri-Lanka, Palestine, Chine, Amérique du Sud…

Les cours “alpha” (alphabétisation) sont divisés en 4 niveaux de compétences, chaque niveau disposant de 4 heures de cours par semaine. Pour les apprenants FLE (Français Langue Étrangère), des cours de soutien à l’oral et à l’écrit sont dispensés.Le travail est principalement axé sur les interactions et la mise en contexte. Chaque samedi, des ateliers linguistiques thématiques sont animés en fonction des besoins exprimés par les étudiants. 

Des activités extérieures sont également organisées : 

• Organisation de soirées partagées (jeux, repas…) durant lesquelles les apprenants d’autres structures montreuilloises sont conviés.  
• Des sorties au théâtre  
• Des visites d’expositions 
• Animations avec l’ONG AIDES

Ressources mobilisées : 

• Adhésions d’un montant de 15 euros par an pour les formateurs et les étudiants 
• 15 formateurs bénévoles 
• Soutien de la municipalités (formations gratuites, prêts de locaux, relais d’informations)
• Soutien de l’association Comme Vous Émoi (prêt de locaux)

RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS

• Développement d’un lien social fort
• 60 apprenants réguliers (capacité maximale)
• Les évolutions linguistiques dépendent des personnes (âge, motivations, besoins…) et sont difficiles à mesurer : pour le moment, les systèmes d'évaluation mis en place se font différemment selon les niveaux et dépendent des orientations pédagogiques de chaque formateur.

ORIGINALITÉ

• L’Humain est au cœur de la démarche 
• Soutien aux apprenants au-delà de l’enseignement linguistique, selon les besoins et les capacités de l’association (accès internet dans la salle de classe pour réaliser des démarches administratives, conseils, orientation, etc.) 
• L’apprentissage linguistique est axé sur une méthode contextuelle et les cours évoluent en fonction des besoins exprimés par les apprenants.

PARTENARIAT(S)

• La municipalité, dont le Centre Social Lounès Matoub (prêt de salles,  formations gratuites, relais d’informations)) 
• Les structures membres de la  Coordination linguistique créée par la Mairie de Montreuil (Associations de Femmes de la Boissière, Association du Bel Air, Association des femmes maliennes…)
• partenariats avec le théâtre de Montreuil et le théâtre Berthelot
• La Mutuelle Solimut (financement de 60 dictionnaires visuels)
• Bibliothèque Robert Desnos et bibliothèque de quartier (ateliers de conversation, ateliers informatiques, carte collective pour l’emprunt d’ouvrages). 
• L’association CYD, qui participe à l’animation d’un cours de yoga lors d’un stage intensif d’une semaine organisé par l’AALF et  ouvert au grand public.

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

• Très forte demande et manque de locaux et d’équipements obligeant l’AALF à placer les demandeurs en liste d’attente. Elle est actuellement la seule structure à dispenser des cours linguistiques du soir. Elle est par ailleurs fréquemment sollicitée par certaines institutions étatiques (Pôle Emploi, Foyer Myriam de Montreuil. De plus, certaines personnes sont suivies par l’AALF depuis plusieurs années et poursuivent davantage pour le lien social que pour l’apprentissage du français. De ce fait, les listes d’attentes s’agrandissent d’autant plus. 
• Non homogénéité des niveaux des apprenants
• Techniques d’enseignement en constante évolution et besoin de formation

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

• Mise en place d’une règle selon laquelle chaque apprenant ne peut être suivi plus de 3 ans par l’association pour répondre au problème de liste d’attente. L’AALF recherche des associations vers lesquelles les orienter pour ne pas rompre le lien social. 
• Adhésion à la Coordination linguistique créée par la Mairie de Montreuil qui dispense gratuitement des formations permettant de renforcer les compétences des formateurs en intégrant de nouvelles méthodes d'enseignement dites “actionnelles”.  
• Autofinancement de formations complémentaires.
• Adhésion au réseau Alpha, un relais d’informations permettant d’orienter les personnes placées en liste d’attente vers d’autres structures, de se documenter au sujet de nouveaux outils pédagogiques et d’identifier des stages pouvant être proposés aux apprenants.

Améliorations futures possibles :

• Mise en place d’un système d’évaluation individuel permettant d’observer les évolutions des apprenants. 
• Partenariat avec une salle de cinéma. 
• Partenariat avec des entreprises pour le prêt de salles
• Développement continu des techniques et de l’éventail pédagogique.

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

• Un ancrage très fort et une grande visibilité notamment grâce au bouche à oreille  
• Une ouverture envers les publics et une attention particulière à leurs besoins
• Un lien fort entre bénévoles et apprenants 
• La disponibilité et l’enthousiasme des formateurs
• Les formations prises en charge par la Mairie de Montreuil