Lancée en 2011 et installée à Ouagadougou, la Charcuterie Moderne du Burkina Faso contribue à créer de la valeur ajoutée dans les filières animales locales à travers la découpe, la transformation, la conservation, et la livraison de viandes de bœuf et mouton, de cuisses et ailles de volaille de charcuteries ainsi que des abats. Leader de l’approvisionnement de la restauration catering en produit carnés, l’entreprise choisit ses fournisseurs sur la base de critères sociaux et fonctionne en autonomie énergétique.

AUTEUR(S)

NOUGTARA Boukary nougtarab@yahoo.fr

Fiche rédigée par Patrice N’GORAN, Stagiaire Montpellier SupAgro

PROGRAMME

Démarrage: 2011

Lieu de réalisation: Ouagadougou

Origine et spécificités du financement : Fonds propre, et soutiens de projets

ORGANISME(S)

Charcuterie Moderne du Burkina Faso

Ouagadougou -

01 BP 5744 Ouagadougou 01

32 Salariés

Site internet

Ou

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COMITÉ DE LECTURE

Date de lecture de la fiche

10/24/2019

Localisation

Burkina Faso

Domaine

Alimentation Aménagement, développement local

Type de structure

Entreprises Entreprise

Envergure du programme

Locale

Bénéficiaires

Universel Professionnels Agriculteurs

Type d'action

Transformation Transformation (Autre) Transformation Transformation à échelle réduite / artisanale

Type d'objectif

Sociaux Aide et insertion (personnes handicapées/chômeurs…) Sociaux Amélioration de l’accès à l’alimentation Développement local Création indirecte d’emplois Développement local Création de dynamiques économiques Développement local Structuration/maintien de filières locales

LOCALISATION
LICENCE

Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0

Pour citer un texte publié par RESOLIS:

NOUGTARA Boukary, « Innovation dans la transformation de produits animaux par la Charcuterie Moderne Burkina Faso », **Journal RESOLIS**

PUBLIÉ DANS LE JOURNAL

ORIGINE ET CONTEXTE

Boukary Nougtara est titulaire d’une maîtrise en sociologie et a exercé comme consultant dans le cabinet AC3R qu’il a créé en 2002. Ses activités de consultant lui ont permis d’avoir une lisibilité sur les opportunités d’affaires dans le secteur agricole qui bien qu’occupant 80% de la population active Burkinabè, contribue très faiblement au PIB national. Il en a déduit qu’en réalité les produits agricoles sont vendus avec très peu de valeur ajoutée voire quasiment pas dans certains cas. C’est ainsi qu’Il a choisi de s’intéresser aux chaînes de valeurs animales en initiant en 2011, une Charcuterie.

OBJECTIFS

- Développer la valeur ajoutée de la production de viande dans le pays, par la transformation.
- Favoriser le développement local, en s’approvisionnant essentiellement en viande locale, et en faisant travailler des jeunes en réinsertion.
- Sécuriser une demande aux producteurs locaux.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

Le segment de marché ciblé est la restauration catering et les superettes d’alimentation. Les activités de l’entreprise ont été financées sur fonds propre au démarrage. Un appui a été obtenu auprès d’un projet mis en œuvre par la coopération danoise sur la période 2015-2016. Aujourd’hui l’entreprise arrive à bénéficier de l’accompagnement du secteur bancaire. Les actions mises en œuvre en vue d’atteindre les objectifs se déclinent comme suit : (i) installation de l’unité de découpe et de transformation ainsi que la chaîne de froid (chambre froide, camions frigorifiques) ; (ii) établissement de contrats de livraison ; (iii) Organisation du système d’approvisionnement en animaux (bœuf, moutons, volailles).
En effet, les approvisionnements en animaux se font prioritairement auprès de fermes d’élevage détenues par des religieux, des retraités et des jeunes en réinsertion par l’ONG IFDC. Des bouchers lui fournissent également de la viande. Un comptoir d’achat est installé au niveau de la Région Centre-Est. Un abattoir pour volaille a été construit. En attendant l’opérationnalisation imminente de son abattoir en cours de finition, l’abattage des ruminants (bœuf et moutons) se fait à l’abattoir public. Des améliorations et mise aux normes de la chaîne de production (chaîne de froid, autonomie énergétique) ont été faites.
La viande (poulet, bœuf et mouton), les œufs et la charcuterie (saucisson, pâté, jambon) sont destinés exclusivement au marché national. Quant aux abats (têtes, pieds, queues, peaux …), ils sont exportés sur les marchés Ivoiriens et Ghanéens.
Un contrat d’approvisionnement a été obtenu auprès d’une entreprise minière en 2014.
Grâce au projet PACESA de l’agence Danoise de coopération, l’entreprise s’est dotée d’un système de panneaux photovoltaïques qui lui permettent de disposer d’énergie renouvelable en plus d’avoir une autonomie énergétique…

RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS

En termes de résultat, la Boucherie Moderne du Burkina Faso est devenue le fournisseur majeur des entreprises minières installées au Burkina, en produits carnés. Son rythme de production actuel est de 10 bœufs/jour, 50 moutons/jour, 40.000 poulets/mois et 3.000 plaquettes d’œufs/mois. L’entreprise compte 32 employés permanents et dispose de 10 camions frigorifiques, et d’une dizaine de chambres froides. Elle possède un abattoir moderne de poulets d’une capacité de 750 poulets/heure qui offre des prestations d’abattage à d’autres opérateurs.
L’entreprise a obtenu en 2013, la distinction du meilleur exportateur de viande décerné par l’Agence pour la Promotion des Exportations (APEX). Elle bénéficie de la confiance de ses clients, fournisseurs et partenaires. Plusieurs éleveurs souhaitent intégrer son réseau d’approvisionnement en bétails.

ORIGINALITÉ

L’initiative privilégie un mode d’approvisionnement caractérisé par un fort élan social. Ainsi, des quotas de livraison sont affectés par l’entreprise à chaque catégorie de fournisseurs : des religieux éleveurs, des retraités éleveurs, des jeunes en réinsertion et installés dans l’élevage et des bouchers traditionnels. Le comptoir d’achat posté au niveau de la Région Centre-Est permet de créer un débouché certain pour les éleveurs locaux.

PARTENARIAT(S)

En dehors des partenaires commerciaux et financiers, l’entreprise compte des partenaires institutionnels qui l’appuient dans le développement de projets. Ce sont l’agence Danoise de coopération (projet PACESA), la coopération Suisse, le projet PADEL-B et la Banque Mondiale. Il y a également les services de contrôle vétérinaires et d’hygiène.
L’un des plus importants partenaires est le correspondant en charge du comptoir d’achat. Celui-ci permet à l’entreprise de sécuriser une partie de ses approvisionnements.

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

Le principal frein au développement de l’activité est la tension de trésorerie. Les délais de paiement vont au-delà du délai contractuel fixé à 45 jours. Cela a des répercussions sur les fonds de roulement actuels estimés à environ 200 millions qui s’estompent très rapidement et engendrent une tension de trésorerie difficile à gérer. Cela pénalise les fournisseurs dont certains sont cooptés sur une base sociale et solidaire et donc supportent amèrement des délais de paiement trop longs.
Il y a eu aussi quelques difficultés inhérentes à la chaîne de froid (les clients exigeaient une surgélation à -18°C) et à la facture énergétique.

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

Le système de réfrigération a été réadapté et un mix énergétique a été instauré. Aujourd’hui, grâce à l’énergie renouvelable fournie par les panneaux solaires, l’entreprise dispose d’une quasi-autonomie énergétique. L’exigence de certains clients en termes de surgélation est satisfaite et la facture énergétique a pu être divisée par 10.

Améliorations futures possibles :

Les travaux de construction du deuxième abattoir de l’entreprise sont quasiment achevés. Il ouvrira dans la commune de Koubri, courant 2019. C’est un abattoir moderne destiné à l’abattage de bœufs et moutons. Des prestations d’abattage pourront être faites au profit d’autres opérateurs.
Un bio digesteur y est également en cours de construction pour produire du biogaz et du biofertilisant à partir des déchets animaux. Un partenariat sera établi avec la Mairie de Koubri, en vue de fournir les biofertilisants à des familles vulnérables qui pourront ainsi fertiliser des cultures à cycles courts (maïs, maraichers).

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

La réussite d’une activité pareille requiert un bon ciblage de la clientèle et une spécialisation sur un maillon de la chaîne de valeur (ne pas vouloir se disperser). Il faut une trésorerie importante pour pouvoir répondre aux commandes des clients en payant ses fournisseurs d’animaux dans un délai relativement court. La chaîne de froid doit être bien maîtrisée et l’autonomie énergétique doit être assurée pour faire face aux délestages récurrents.

Idées de sujet(s) de recherche fondamentale ou appliquée :

-comment améliorer le système de conservation de la viande dans des zones dépourvues d’énergie et que l’entreprise souhaite ravitailler
-définir une stratégie de fumage de la viande de mouton en vue d’exporter sur le marché Agoa des USA.