Le collectif CRI-AC!, implanté en nord Isère, a développé un groupement d’achats de produits locaux, baptisé CAGET (Coopérative d'Achats Groupés Éthique et Territoriale), dans l’optique de soutenir les producteurs du territoire et de rendre plus accessibles les produits respectueux de l’environnement.
AUTEUR(S)
Pilli Robert carskool@free.fr
Fiche rédigée par Louise Boudard
PROGRAMME
Démarrage: 2019
Lieu de réalisation: Nord Isère
ORGANISME(S)
Collectif Relais Infos & Actions Citoyennes
CRI-AC!
La Verpillière - 38290
303 rue du Midi
0 Salariés / 122 Adherents
ORIGINE ET CONTEXTE
Le collectif CRI-AC! (prononcer Crie Assez !) ou Collectif Relais Infos & Actions Citoyennes, s’est créé en 2010 lors de protestations contre l’exploitation de gaz de schiste en Isère. Il a continué de se mobiliser de manière ponctuelle dans les années qui ont suivi, en opposition à des projets locaux sur des thèmes variés (alimentation, gestion de l’eau, énergies…), en promouvant le respect de l’environnement et la participation citoyenne. Le collectif s’est ainsi pérennisé et a pris en 2016 la forme d’une association, afin de faciliter la mobilisation et de proposer des alternatives aux projets auxquels elle s’opposait : elle a essayé de développer un marché bio, qui a dû cesser après six mois faute de clientèle (manque de communication, éloignement…), et est engagée dans un projet de monnaie locale, le ₮issou (en préparation depuis 2016, lancement en 2020). La monnaie locale nécessite de trouver à la fois producteurs et consommateurs, d’où la réflexion à un autre moyen d’action : un groupement d’achat leur a semblé un bon moyen de contourner certaines difficultés rencontrées sur le projet de marché, et la consultation des habitants sur leurs attentes et envies a été privilégiée afin de les impliquer au mieux. Ce projet a été baptisé CAGET (Coopérative d'Achats Groupés Éthique & Territoriale).
OBJECTIFS
L’objectif général est de développer la consommation de produits locaux, avec une philosophie de respect de l’environnement (produits bios ou naturels, zéro déchet).
CAGET souhaite apporter une réponse à cinq enjeux en particulier :
- favoriser une alimentation saine et de saison
- agir à l’échelle locale pour réduire les déchets
- proposer des prix comparables à ceux de la grande distribution pour des produits de meilleure qualité
- privilégier les entreprises et producteurs locaux, pour leur permettre de vivre de leur activité et créer des emplois pérennes et non délocalisables
- sensibiliser à l’impact de notre consommation sur le monde qui nous entoure
CRI-AC! souhaite atteindre 500 foyers membres du groupement CAGET, la création d’une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) est alors prévue pour pérenniser le projet.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
> Première étape : consultation des habitants sur leur intérêt pour le projet, leurs besoins et envies. D’abord par porte à porte (peu de réponses) puis par la diffusion d’un questionnaire en ligne aux contacts de l’association (personnes mobilisées lors d’actions antérieures, donc engagées sur ces thématiques). Cela a permis de réunir 120 foyers prêts à participer au lancement du projet, et des contacts prêts à le rejoindre par la suite.
> Deuxième étape : identification des fournisseurs, via une liste collaborative en ligne (230 fournisseurs potentiels identifiés sur le territoire), et prise de contact de l’association avec des grossistes pour les produits qui ne sont pas fabriqués sur le territoire (en privilégiant les produits à l’impact environnemental le plus réduit et le commerce équitable).
> Troisième étape : organisation technique du groupement
- Cotisation de 20€ par an : après une réflexion sur des cotisations différentes pour les foyers moins aisés, il a été décidé de garder une adhésion unique mais avec la possibilité de payer en 4 fois sur 4 commandes.
- Répartition des membres en groupes (huit groupes de 7 à 34 membres), et organisation des livraisons par les membres bénévoles (réception, stockage, répartition des produits et distribution…). Les dates de livraison ont été alignées sur les marchés locaux dans la mesure du possible, afin de limiter la logistique de transport des producteurs et des bénévoles.
> Quatrième étape : première commande bêta test – mars 2020
- 120 commandes, limitées pour cette fois à des denrées non périssables, soit une trentaine de produits et 10 fournisseurs.
- La plupart des produits étant proposés en vrac, la première commande inclut donc des contenants, dont la moitié est conservée par l’association pour une rotation lors des commandes suivantes.
A la différence d’une AMAP, le groupement d’achats n’impose pas de commande systématique, ou de montant mensuel aux adhérents, et pour les producteurs repose sur une commande unique en vrac, pour laquelle il n’a pas à gérer la distribution individuelle.
RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS
En mars, 2020, le CAGET regroupe :
> 120 familles membres, dans plus de 10 communes
> plus de trente producteurs locaux (sur un total de 230 producteurs référencés)
Le programme est récent et n’a donc pas encore donné de résultats, il offre toutefois de premières perspectives :
- les tarifs proposés pour des produits de même usage sont en moyenne équivalents à ceux de la grande distribution (voire inférieurs dans certains cas), grâce au fonctionnement associatif et en circuit court, ce qui est en phase avec l’objectif d’accessibilité des produits aux ménages les moins aisés.
- le réseau du collectif permet aux producteurs de toucher de nouveaux consommateurs
ORIGINALITÉ
Ce groupement d’achat propose une grande variété de produits, ce qui est rare en milieu rural pour des raisons logistiques.
PARTENARIAT(S)
Le CRI-AC ! est partenaire de l’association « Les Tisserands du Lien », qui travaille depuis 2016 au développement d’une monnaie locale, sur le territoire de 5 collectivités (soit 122 communes et environ 300 000 habitants) dans le Nord Isère, baptisée le ₮issou, monnaie qui pourra donc être utilisée pour les commandes du CAGET une fois lancée fin 2020.
CAGET s’appuie pour le démarrage sur une trentaine de producteurs locaux, et quelques grossistes de produits certifiés « Bio » ou « Commerce Équitable ».
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
Des difficultés à obtenir des réponses au sondage sur le terrain (porte à porte).
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
Diffusion du questionnaire en ligne, en s’appuyant sur un réseau déjà établi de personnes qui connaissent l’association et sont sensibilisées aux questions environnementales, qui sont donc plus faciles à mobiliser.
Améliorations futures possibles :
La plupart des améliorations reposent sur l’élargissement du nombre de foyers membres du groupement, en s’appuyant d’abord sur le réseau des membres actuels et le bouche à oreilles.
Cela devrait permettre :
- de proposer des commandes plus fréquentes et régulières pour permettre de vendre des produits frais
- l’acquisition des équipements nécessaires pour maintenir la chaîne du froid afin de pouvoir proposer des produits périssables nécessitant une réfrigération tels que viande, laitages, beurre, fromages…
- le passage en statut SCIC lorsque le palier de 500 foyers sera atteint, ce qui permettra de réunir producteurs et consommateurs dans la même structure, ainsi que les acteurs du territoire souhaitant s’impliquer.
L'ajout de nouveaux produits est aussi à l’étude, tels que des semences reproductibles ou des cosmétiques naturels.
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
> Le projet doit se constituer avec les habitants, il faut les associer à la démarche au plus tôt afin de connaître leurs besoins, sans quoi le projet n’y répondra pas correctement et sera plus fragile.
> Sur cet aspect, l’existence d’un réseau mobilisable a été un facteur clé dans le lancement du projet CAGET.
> Pour l’organisation des commandes, il est nécessaire d’avoir identifié des lieux de stockage et des personnes disponibles pour les différentes tâches, de la réception des livraisons à la distribution des commandes, sur chaque point de livraison. La répartition des tâches doit se faire au sein de chaque groupe de façon autonome, mais les bénévoles seront nécessairement plus sollicités dans les groupes plus réduits.
> Un logiciel libre est utilisé sur l’aspect logistique, et propose un rétro planning pour déterminer le lancement d’une nouvelle commande en partant du lieu et jour de la livraison aux adhérents.