Observatoire
Devenir éleveur autrement : des formations mises en place par des éleveurs pour des éleveurs

ORIGINE ET CONTEXTE

Après avoir participé à diverses formations visant à mettre en place des pratiques « alternatives » sur les fermes, un groupe d’une douzaine d’éleveurs laitier du Puy – de – Dôme s’est retrouvé face à la même problématique : comment mettre en place ce que l’on a appris en formation lorsque l’on est tout seul sur la ferme, avec l’accumulation de la fatigue dû au travail et les heures de formation souvent éloignées ? Pour sortir de la routine, le groupe d’agriculteurs ont mis en place des journées d’échanges entre les temps de formation pour s’entraider et mettre en place les pratiques vues lors des formations. C’est en 2015, à la suite des résultats très satisfaisants qu’ils ont choisi d’en faire profiter ceux qui souhaitent s’engager dans cette démarche en créant l’association « Eleveurs Autrement ».

OBJECTIFS

L’association propose des formations qui se veulent alternatives, en lien avec la santé animale, les végétaux et l'humain, avec pour objectif d’amener un maximum d’autonomie économique, technique et décisionnelle sur les fermes. L’enjeu est également de favoriser la diffusion de pratiques agricoles durables.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

Pour parvenir à une autonomisation des systèmes productifs, les éleveurs doivent passer par l'apprentissage de ces méthodes afin de les maîtriser. Chaque éleveur se voit proposer un parcours de formation adapté à son rythme, avec un accompagnement d'éleveurs local et/ou des partenaires formateurs.

Diverses formations concernant :
L’alimentation (résolution en moyenne de 80% des problèmes).
La médecine manuelle traditionnelle.
La gestion des prairies (résilience face au changement climatique, calendrier lunaire, …).
La géobiologie (courant géomagnétique, …).
La santé animale (homéopathie, communication animale, …).
Le bien – être de l’éleveur dans sa ferme.

Expérimentation avec l’INRA (débutée en janvier 2020) pour évaluer l’impact de l’alimentation sur la production de lait . L’association « Eleveurs Autrement » veut démontrer qu’avec leur alimentation, les vaches produisent autant de lait que les autres. Le protocole repose sur 3 lots de vaches identiques avec des régimes alimentaires différents (nourriture à volonté, rationnée mais distribuée aléatoirement et ration limitée et distribuée selon le protocole « Eleveur autrement » = 13,5 kg de matière sèche par jour pour une vache de 650 kilos).

RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS

Environ 480 éleveurs en formation chaque année dans toute la France.
Autonomisation fourragère des éleveurs.
Viabilité économique (réduction des achats extérieurs, valorisation de la production).
Résilience et durabilité des fermes.
L’expérimentation INRA a été stoppée avec le Covid (mais sera renouvelée cet hiver) a donné quelques résultats :
Les vaches du lot « Eleveurs Autrement » produisaient 1,5 litres de lait en moins avec 30% de nourriture en moins, ce qui peut en partie à répondre à la problématique de la sécheresse sur le territoire. En effet, avec 30% d’alimentation en moins, la quantité de lait est quasiment équivalente.
Une différence de poids entre les lots d’animaux : 900 g d’écart , sans perte de poids pour le lot « Eleveurs Autrement » mais pour les deux autres oui.
Baisse de production de lait pour le lot nourri à volonté, maintient pour le lot « Eleveurs Autrement ».
Stabilité du lait (analyse de la fromageabilité du lait) : varie de 30% entre les lots, en lien avec la différence de capacité de la caséine à s’agglomérer.
(Exemple : pour produire 1 kg de Saint – Nectaire, il faut 12 à 14 litres de lait. Pour le un producteur de l’association : production de 1 kg de Saint – Nectaire avec 7 litres de lait, soit moitié moins que les autres lots, s’expliquant par l’alimentation des bovins).

ORIGINALITÉ

Une formation testée par deux groupes d’éleveurs : un thème est expérimenté pendant un an par les 12 éleveurs qui ont créé l’association avec un bilan à la fin de l’année. Puis un second groupe d’une dizaine d’autres éleveurs teste la formation sur an. Un bilan est réalisé au bout des deux ans pour voir si la formation est validée ou non. Pour cela, cinq critères sont utilisés :
Est – ce facile à apprendre pour un paysan ?
Est – ce facile à mettre en place pour un paysan ?
Est – ce que la méthode à des résultats ? (Si au-dessus de 70%, on considère que la méthode est bonne).
Est – ce justifié pour l’éleveur sur un plan économique ?
Est-ce que cette méthode rentre dans un système global de la ferme ?

PARTENARIAT(S)

OBSALIM, Vivea, Lycée agricole de Rochefort – Montagne, Réseau Rural Auvergne, VetAgro Sup.

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

Pas de difficulté dans la mise en place de l’association.
Bien accueilli par la DRAAF mais pas par les chambres d’agriculture et ni l’EdE (Etablissement de l’Elevage).
Acceptation des éleveurs à vouloir changer.

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

Les formations sont testées et approuvées par les éleveurs
Retour des éleveurs : ils sont mieux dans leur ferme et gagnent mieux leur vie.

POUR EN SAVOIR PLUS

https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/l-association-eleveurs-autrement-prone-le-retour-du-bon-sens-paysan-et-ca-marche-1457114556