Porté par l' ADEAR 05 et par le Centre for Agroecology, Water and Resilience (CAWR), Université de Coventry, Angleterre, le projet Agroécologie vise à soutenir et renforcer l'agroécologie paysanne sur un territoire de montagne par une démarche de recherche-action paysans-chercheurs dans les Hautes-Alpes.
AUTEUR(S)
PIONETTI Carine agroecologie.projet05@gmail.com
Fiche rédigée par Cécile Biret
PROGRAMME
Démarrage: 2015
Lieu de réalisation: Département des Hautes-Alpes
Origine et spécificités du financement : Fondation de France et financements complémentaires (Conseil Régional PACA, DREAL Paca, ADEME …)
ORGANISME(S)
GRAAP (Groupe de Recherche-Action sur l’Agroécologie paysanne)
GAP - 05000
8 Ter rue Capitaine de Bresson
Site internet Médias sociaux
ORIGINE ET CONTEXTE
Dans le cadre du projet Agroécologie porté par l’ADEAR et par le Centre for Agroecology, Water and Resilience (CAWR), Université de Coventry (Angleterre), une chercheuse indépendante spécialiste des questions de genre et une éleveuse de brebis active à l’ADEAR décident en 2016 de créer et de co-animer un groupe de femmes paysannes. L’objectif de départ est d’ouvrir un espace de parole, d’échange et de réflexion pour des agricultrices se retrouvant dans la démarche agroécologique, dans le nord des Hautes-Alpes. Après 2 ans d’existence, le groupe se constitue en GIEE, le GIEE FAM (Favoriser l’Agroécologie de Montagne). NB : L’accent dans cette fiche sera porté sur le groupe Femmes & Agroécologie mais le GRAAP accompagnent plusieurs autres groupes (sur les semences, les fromages fermiers, les abattoirs de proximité) et mène un travail de recherche-action à l’échelle des Hautes-Alpes.
OBJECTIFS
Objectifs du GRAAP (Groupe de recherche-action sur l’agroécologie paysanne) :
- Revaloriser les petites fermes, les circuits courts et la diversité et complémentarités des productions sur un territoire de montagne
- Contribuer à des dynamiques de relocalisation de la production alimentaire (mise en lien d’acteurs, identification de pistes d’action, travail avec les institutions…)
- Co-produire de la connaissance sur l’approche agroécologique, la relocalisation alimentaire, et l’adaptation au changement climatique dans les Hautes-Alpes
Objectifs spécifiques du groupe FAM :
- Créer un espace de dialogue et de partage entre agricultrices de tous âges et issues de différents systèmes de production, sur un même territoire
- Favoriser l’entraide et les échanges, y compris les échanges de ressources et le partage de savoir-faire en agroécologie
- Co-construire des solutions pour répondre aux différents problèmes rencontrés par des membres du groupe
- Co-produire des connaissances sur la place des femmes dans l’agroécologie et dans les circuits courts.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
Construction/approche du projet :
Le projet agroécologie est construit autour de trois axes principaux :
1. la réalisation d'un diagnostic du système alimentaire du territoire afin d'en dégager les atouts et les faiblesses et d'identifier des marges de manœuvre,
2. une analyse des risques climatiques repérés par les agriculteurs et des stratégies d'adaptation élaborées sur le territoire,
3. la valorisation des savoir-faire grâce au développement d'un outil favorisant une meilleure circulation des savoir-faire paysans et des pratiques proches de l'agroécologie
Le projet adopte l’approche de l’agroécologie paysanne, utilise la recherche-action en travaillant en binôme chercheur-paysan et respecte la parité homme-femme.
Ressources humaines:
- Une équipe projet composée de membres de l’ADEAR (deux maraîchères, une éleveuse et éleveur, ainsi que l’animatrice), une chercheuse spécialisée en écologie politique, genre et recherche participative, associée à l’Université de Coventry, un ethnopastoraliste, le coordinateur d’Echanges paysans Hautes-Alpes, des membres de l’association Court-Jus, qui se réunit une fois par mois.
- Un comité de pilotage constitué de l’équipe projet + autres chercheurs associés ( socio-anthropologue, économiste, climatologue), AgriBio05, association BEDE (Montpellier), ARDEAR PACA, qui se réunit une à deux fois par an pour discuter de l’avancée du projet.
Groupe FAM : Animation du groupe femme assurée par le binôme chercheuse Carine Pionetti et éleveuse Véronique Dubourd. Rencontres mensuelles (en dehors de l’été). Une quinzaine de femmes font partie du groupe, du Briançonnais à l’Embrunais et 10 ont rejoint le GIEE FAM.
Actions groupe FAM :
- Organisation de chantiers collectifs : curage des canaux, montage d’une serre… Quand certaines femmes partent en vacances, d’autres peuvent prendre le relais.
- Réunion une fois par mois où différents sujets choisis par les femmes sont abordés : Qu’est-ce que l’agroécologie pour elles ? Quelle est la place des femmes en agriculture ?
- Participation ponctuelle à des événements : Présentation à la foire BIO.
Ressources financières :
- Au lancement du projet agroécologie : Financements de la Fondation de France (sur 4 ans), Région PACA (épuisés)
- ADEME, financements de 2018 à 2020, 50 000 euros
- DRAAF, financements via la labellisation GIEE, budget d’animation
RÉSULTATS ET IMPACTS, QUANTITATIFS ET QUALITATIFS
Le groupe FAM a été lancé au départ sans idée préconçue des thèmes à aborder. Des discussions intéressantes ont émergé rapidement autour de la mécanisation, de l’alimentation, du rapport sensible des femmes au vivant.
Aujourd’hui le groupe FAM est labellisé GIEE : petit groupe d’une dizaine de personnes qui permet les échanges et l’installation de la confiance. La dynamique de groupe est désormais lancée et favorise les échanges informels (c’est-à-dire hors réunion).
Les femmes du GIEE vivent du Briançonnais à l’Embrunais, cela permet de faire rencontrer des femmes qui ne se côtoient pas forcément et qui peuvent partager leurs réseaux respectifs.
Favoriser l’entraide : 4-5 chantiers collectifs/an environ.
Favoriser les échanges : Les femmes n’échangent pas que des savoirs mais également des ressources : fumier, paille, laine etc.
Les chantiers collectifs et le partage des ressources illustrent bien l’agroécologie : l’idée d’une agriculture à forte dimension sociale, qui ne se pense pas à l’échelle d’une seule ferme.
ORIGINALITÉ
Co-élaboré par des paysans du territoire, chercheurs et chargés de mission, ce projet innove sur le plan méthodologique par la mise en œuvre d’une démarche de recherche-action participative. Le projet chemine donc en fonction de ce qui émerge du territoire et des gens.
De plus, le monde rural est réputé pour être un monde où les hommes ont une place prédominante et où les femmes cherchent parfois la leur. Le groupe FAM leur offre ainsi un espace de discussion et de réflexion.
PARTENARIAT(S)
Groupe agroécologie /GRAAP
Structures partenaires :
- Agribio 05, Gap
- Association BEDE (Biodiversité : Echanges et Diffusion d’Expériences), Montpellier
- ARDEAR PACA (Association Régionale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rurale)
+ un grand nombre d’agriculteurs et d’agricultrices, associations et institutions locales associés à la démarche
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
démarche. En même temps, augmenter les ressources humaines nécessiterait une gestion plus conséquente du projet.
Le groupe FAM manque un peu d’autonomie, il s’appuie encore beaucoup sur les deux animatrices pour l’organisation des réunions. Cependant, l’organisation des chantiers collectifs fonctionne bien
Améliorations futures possibles :
Evolution en cours du groupe Agroécologie vers un collectif indépendant de l’ADEAR qui reflète mieux la diversité des membres de l’équipe-projet (citoyens, chercheurs, paysans, acteurs de l’Economie sociale et solidaire).
Concernant le groupe FAM : Carine Pionetti souhaite aujourd’hui réinsuffler la démarche recherche en questionnant la place des femmes dans les filières longues et courtes, pourquoi y-a-t-il beaucoup plus de femmes dans les filières courtes ?
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
- Dialogue et animation paysan-chercheur : Expérience de terrain autour de l’agroécologie et de l’agriculture paysanne de l’ADEAR combinée à l’expérience en écologie politique/questions de genre de Carine Pionetti, soutenue par des apports d’autres membres du groupe (sur les filières, les circuits courts, les dimensions économiques, sociales et politiques de la transition agroécologique)
- Organisation des ateliers : dès le deuxième atelier, il faut répondre à des besoins précis énoncés par les paysan.ne.s pour que le groupe perdure. Le binôme paysan-chercheur permet de faire émerger les besoins , de les conceptualiser et de les traduire en démarche collective. Le rôle de la chercheuse est aussi de proposer des outils d’animation participative et d’analyse qui permettent au groupe d’avancer dans ses réflexions et de changer d’échelle.