Chartres Métropole accompagne le changement de pratiques agricoles pour protéger la ressource en eau
L’eau est un enjeu primordial sur le territoire de Chartres métropole et les études menées jusqu’à présent montrent que la qualité de l’eau est médiocre dû à un fort taux de nitrate notamment. Une des actions du Plan Climat Air Energie Territorial de Chartres métropole vise le développement de filières agricoles en circuit court à bas impact sur l’environnement. Une cellule de deux personnes à la direction de l’eau est chargée de travailler à la restauration de la qualité de l’eau vis-à-vis de pollutions majoritairement agricoles. Une étude a donc été menée afin d’identifier et de retenir 3 à 6 cultures/filières développables notamment sur les aires d’alimentation de captage.
Auteurs(s)
Programme
Démarrage : 2012
Lieu de réalisation : Chartres métropole
Budget : 300000
ORIGINE ET CONTEXTE
La ressource en eau est un enjeu primordial sur le territoire de Chartres métropole, puisque le territoire dispose de ressources en eau abondantes qui sont sujettes à une dégradation de leur qualité. La dégradation de la qualité de l’eau vient en grande partie de la présence de pesticides et surtout des nitrates dans des taux importants (taux de nitrate entre 50 et 65mg/L). Cette pollution entraîne la fermeture de certains captages et en période de sécheresse, des conflits d’usage peuvent apparaître et révèlent l’importance d’économiser et de préserver la ressource en eau sur le territoire. Une étude sur les filières à bas niveau d’intrants a été menée dans le cadre du PCAET, cette dernière met en avant les cultures et filières adaptées à la préservation de la ressource en eau, notamment sur les aires d’alimentation de captage.
Objectifs
- Introduire des changements de pratiques agricoles ou des conversions vers de systèmes permettant de limiter le lessivage de molécules polluantes vers les nappes phréatiques.
- A long terme, restaurer la qualité de l’eau aux forages.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
- Animation de territoire (concertation avec les agriculteurs des Aires d’alimentation de Captages (AAC) pour créer et mettre en oeuvre un plan d’actions destiné à protéger la qualité de l’eau)
- Mise en place de groupes thématiques pour travailler sur des pratiques agricoles respectant la qualité de l’eau.-Expérimentation à grande échelle sur les couverts végétaux
- Mise en place de suivis individuels pour des changements de pratiques (accompagnement technique ou orientation vers les dispositifs d’aide à l’investissement°
- Suivi et analyse de la qualité de l’eau et de l’impact annuel de l’agriculture sur la ressource en ea
- Financements et pilotage d’études hydrogéologiques, filières agricoles, paiement pour services environnementaux…)
Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs
- Impact direct sur la qualité de l’eau mesuré par un suivi renforcé de 13 forages (aucune amélioration visible, les temps de réponse se comptant en dizaines d’années)
- Impact indirect : résidus de nitrates lessivables en début d’hiver (reliquat entrée hiver) mesurent l’impact futur des pratiques actuelles sur la teneur en nitrates des ressources en eau. Les pratiques actuelles montrent des résidus azotés trop importants en moyenne pour garantir la qualité de l’eau souterraine en dessous de la norme de potabilité (50mg/l de nitrates).
- Sensibilisation de plus de 400 agriculteurs aux enjeux de la protection de la ressource en eau (informations, rencontres techniques, interventions d’experts…)
- Malgré la difficulté d’organiser des actions collectives depuis un an, l’expérimentation sur les couverts végétaux d’interculture à Dammarie (2019-2021) a permis d’apprécier les possibilités de limitation du lessivage des nitrates en les piégeant dans les couverts végétaux avant l’hiver. Les 2 derniers étés secs ont rendu ce travail moins efficace qu’escompté
Originalité
- Utilisation de la méthode du dialogue territorial, de la concertation et de la co-construction pour une meilleure application sur le terrain.
- Travail sur des thématiques originales sur le territoire (élevage, culture bas intrants, logistique collective de semis de couverts…)
- Intervention directe de la collectivité dans les exploitations agricoles pour protéger la ressource en semant des couverts végétaux sur des parcelles agricoles mises à disposition par les agriculteurs entre 2 cultures principales.
Partenariat(s)
- Partenariat financier : agence de l’eau seine Normandie et Région.
- Partenariat opérationnel : Chambre d’agriculture d’Eure et loir, coopérative et négociants locaux, GABEL (Groupement des Agriculteurs Biologiques d’Eure et Loir).
Retour d’expérience
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
- Difficulté d’intervention d’une collectivité dans le domaine agricole car le rôle de Chartres métropole dans le développement agricole est récent donc du personnel a été recruté et a dû se faire une place au sein d’un maillage de structures économiques et politiques (syndicats, coopératives, négociants, etc.). Chartres métropole n’est pas toujours reconnue comme compétente dans ce domaine par le public agricole.
- Programme basé sur le volontariat auprès d’exploitations locales dont la rentabilité dans le système actuel ne pousse pas nécessairement à la réflexion sur un changement de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement.
- Missions contre productives par rapport à une agriculture subventionnée essentiellement à la surface, quel que soit l’impact de la production sur l’environnement (PAC) à l’exception de l’agriculture biologique
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
- Diversification des pistes explorées pour que chaque exploitant puisse trouver la solution adaptée à son type d’exploitation
- Travail en groupes spécifiques sur des thématiques précises avec un public intéressé avant une communication plus large.
- Innovation dans les formats d’animation pour correspondre au plus proche des profils d’agriculteurs-Innovation dans les financements car les projets créés avec les agriculteurs se heurte régulièrement à l’impossibilité de financement (exemple : possibilité de financer la culture de la luzerne pour alimenter un débouché local ou de la production de semences de couvert pour les intercultures des AAC).
Améliorations futures possibles :
- Une vraie politique agricole commune intégrant les enjeux de la protection de la ressource en eau
- Logiciel de gestion des données et du programme d’actions (en cours d’élaboration)
- L’intégration de l’enjeu protection de la ressource en eau aux autres enjeux du territoire (ex lien avec le PAT)
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
Le travail en co-construction avec les agriculteurs sur le choix des thématiques, le format d’animation, le rythme et la manière de développer le sujet. Les agriculteurs sont régulièrement consultés pour s’exprimer sur leurs attentes et leurs avis.
Idées de sujet(s) de recherche fondamentale ou appliquée, utile(s) pour le présent programme :
La protection de la ressource en eau est généralement abordée sous un aspect purement technique ou économique. L’aspect sociologique a été beaucoup moins pris en compte et présente des perspectives intéressantes pour lever les freins à des changements de systèmes agricoles, qui ne sont pas toujours qu’économiques.
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**
