Observatoire

La Conserverie Mobile et Solidaire : mobilisés pour valoriser les surplus sur place !

La Conserverie Mobile et Solidaire est, comme son nom l’indique, une conserverie qui se déplace auprès des producteurs pour valoriser leur surplus de production dans toute la Drôme, depuis 2017. Les producteurs peuvent ainsi proposer une plus grande variété de produits à leur clientèle.

Auteurs(s)

Hélène
Chevalier

Fiche rédigée par Maëlie BENISTAND-HECTOR

Programme

Lieu de réalisation : Drôme (camion mobile)

Origine et spécificités du financement : Fondation Bonduelle – fonds publics – facturation du service produit Leader

Organisme(s)

La Conserverie Mobile et Solidaire

Romans-sur-Isère – 26100

Place du Chapitre

2Salariés

Site internet

ORIGINE ET CONTEXTE

La Conserverie est le fruit de la réflexion sur le mieux-manger menée par l’ancien directeur de la Maison de Quartier des Ors, à Romans-sur-Isère. L’outil a servi initialement à sensibiliser et à faire des animations sur l’alimentation, puis a très vite été investi par les bénévoles. Son fonctionnement requiert des règles sanitaires stricte qui nécessitent rapidement des fonds extérieurs. En Novembre 2019 est entamé un travail pour mettre en place un modèle pérenne économiquement alors que la Conserverie s’apprête à perdre ses soutiens financiers après deux ans de fonctionnement.
La Conserverie est en adéquation avec ses valeurs personnelles, ancrées dans l’Économie Sociale et Solidaire

Objectifs

• lutter contre le gaspillage alimentaire
• développer un modèle économique pérenne permettant de financer deux emplois tout en étant intéressant pour le producteur qui fait appel aux services de la conserverie. A long terme, cela peut aussi comprendre la création d’un emploi aidé. Il ne s’agit pas de tirer des bénéfices mais d’être à l’équilibre et donc durable.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

• 3 maisons de quartier ont choisi de coopérer autour de la Conserverie Mobile et Solidaire à travers une structure collective “La Coopération”, un ‘espace de vie sociale’ agréé dès 2018. Les maisons comptent 370 adhérents pour plus de 80 bénévoles et 24 salariés permanents.
• La Conserverie a mis en place des ateliers d’animation accessibles aux adhérent des Maisons de quartier qui s’inscrivent par sondage en ligne et participent à la valorisation de surplus. Ces animations sont également facturées et dispensées auprès d’autres publics (écoles, MJC, etc.)
• La Conserverie se déplace auprès des producteurs pour transformer les surplus de production et les invendus. Les bocaux produits sont pour le producteur, qui choisit ce qu’il en fait. La Conserverie n’est qu’un intermédiaire qui facture le service rendu à des prix solidaires pour favoriser la lutte contre le gaspillage et l’intérêt des agriculteurs.
• Les conserves produites lors d’ateliers sont écoulées via l’épicerie sociale la P’tite Coopé, présente dans les trois maisons de quartiers. Les conserves ne sont pas vendues mais ont une valeur en monnaie locale, le “tic-tac”. Le temps de fabrication des bocaux sert de référence pour en fixer le prix. Les bénévoles qui participent aux ateliers peuvent gagner des tic-tacs.
• Il n’y a pas de bénévoles hors du cadre des animations pour éviter toute forme de travail déguisé, et également pour des raisons sanitaires.
• d’ici Août 2020, 60 jours de transformation sur l’échéancier et 30 jours d’animation. Les autres jours sont consacrés au suivi du projet (démarchage des producteurs, des structures susceptibles d’accueillir des animations, des financements, etc.)

• Approvisionnement : La Conserverie travaille avec les petits producteurs en agriculture biologique. En effet, les gros producteurs ont des volumes nettement supérieurs qui peuvent être valorisés par des industriels quand un petit surplus de 200kg d’un maraîcher de petite taille n’intéresse personne. Les tarifs avantageux suscitent l’enthousiasme chez les producteurs et développent des liens de fidélité.
• Production : Des recettes sont élaborées. Le producteur peut également proposer sa recette. L’étiquetage, le prix du bocal restent à la charge du producteur. La Conserverie propose deux modèles d’étiquettes modulables. La sélection des produits abîmés dépend de l’espèce du fruit ou du légume (ex: betteraves couvertes de champignons utilisables si pelées puis lavées selon les règles sanitaires)

Financement :
La conserverie facture le service de conserverie auprès des producteurs. En outre, la Conserverie facture des animations auprès de publics à sensibiliser (écoles, MJC, …) ce qui toutefois ne couvre pas les frais engagés pour une telle prestation. Un système donc, qui n’est pas encore à l’équilibre et qui nécessitait jusqu’à présent des subventions externes, à savoir : le programme européen Leader, la CAF, la Fondation Bonduelle et le soutien de l’agglomération.

Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs

• 2 emplois créés : chef de projet à temps plein et autoclaviste à 80 %
• Le programme a inspiré L’Économe dans le Var
• Trophée de l’innovation sociale de la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire 2017
• Certification AB en 2020
• Plusieurs tonnes revalorisées (1800 kg en mai 2019)

Originalité

Ce programme est original car il propose une transformation sur site au plus près du producteur. En outre, et contrairement aux programmes similaires de valorisation de surplus de maraîchage, la Conserverie travaille avant tout pour le producteur qui paye le service mais garde les conserves produites qu’il revend. Il ne s’agit pas de don mais d’une véritable collaboration commerciale.

Partenariat(s)

• Valence Romans Agglo
• Crédit Mutuel
• FOndation Louis Bonduelle
• Caf
• Fondation Caisse d’épargne
• Fonds Européen de développement régional
• Fonds européen agricole pour le développement rural (Programme Leader)

Retour d’expérience

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

• Les appels à projets représentent une charge de travail administrative lourde (ex : fonds européens)
• Manque de visibilité : la Conserverie est connue sans pour autant que les producteurs connaissent tous les services qu’elle propose.
• Difficulté de travailler avec les supermarchés de la région pour des raisons financières ; même sous forme de dons, la transformation a un coût sachant qu’il n’y a pas de revente derrière. Les dons ne sont envisageables que pour les animations. Les supermarchés locaux ne veulent pas engager de temps pour développer une nouvelle gamme et créer un canal de vente des bocaux.
• Le goût et l’attrait du produit fini est un vrai défi : la gamme des possibles reste limitée et tout n’est pas valorisable (lex: les pois chiches à l’autoclave sont peu commercialisables).
• Le développement d’un emploi en réinsertion est contraint par la saisonnalité de la production : comment garantir le nombre de jours travaillés ? La congélation pour réguler la saisonnalité est exclue car la décongélation engendre une perte de texture et de goût.
• Difficulté concernant l’ordre de priorité des producteurs pour la transformation, entre priorité pour les accords longue-durée (au risque de faibles quantités), pour les quantités, la distance ou encore la conservation du produit (ex: les fraises se conservent moins que les pêches)
• Le prix de certaines transformation les rend non rentables (ex : le chutney de betterave coûte 1€ en matières premières ce à quoi il faut ajouter le prix du bocal. Il n’est pas envisageable de facturer 3,5€ le producteur qui ne revend pas plus de 4 euros le pot).

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

• Des engagements flexibles auprès des producteurs (ex: passage une fois par semaine mais jour variable en fonction des autres demandes)
• En cas d’insuffisance en approvisionnement, il est possible d’élargir le spectre des producteurs et de tourner vers le non bio, et/ou plus gros.
• Les recettes sont référencées dans des catalogues pour connaître les marges potentielles de production

Améliorations futures possibles :

• Possible emménagement dans des locaux fixes pour traiter de plus gros volumes après août 2020
• Négocier auprès des pouvoirs publics pour faire reconnaître le local comme un bien d’utilité publique pour que celui-ci soit prêté et ainsi réduire les coûts fixes
• Collaborations potentielles avec d’autres acteurs de l’anti-gaspi dans la Drôme pour des budgets et moyens davantage concentrés et un cycle plus complet
• Emploi aidé envisagé mais il faut définir les modalités de son financement en prenant le manque de productivité en considération
• Le producteur peut proposer qu’une partie des bocaux aille à la Conserverie pour développer l’aide alimentaire solidaire

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

• Avoir des compétences budgétaires, sociales, et de réseau pour s’adresser aux bonnes personnes notamment pour les règles sanitaires. Le champ de la transformation est pluridimensionnel rassemblant économie/sanitaire/réglementaire/social/emploi ce qui nécessite de bien s’avoir s’entourer.
• Ténacité indispensable
• La conserverie a bénéficié d’un territoire où il y a assez de producteurs bios
• si la Conserverie n’est pas sursollicité, elle a toujours un accueil positif quand elle présente son fonctionnement.
• Légitimité professionnelle auprès des producteurs grâce à l’expérience en tant qu’ouvrière agricole de la cheffe de projet

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Comité de lecture
Date de lecture de la fiche
15/02/2021
Localisation
France
drome
Bénéficiaires
Agriculteurs
Type d’action
Transformation à échelle réduite / artisanale
Localisation
Licence

Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0
Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**