Observatoire

LA FERME DUTEIL – BECKER EN QUÊTE D’AUTONOMIE MAXIMALE

Armand et Paula DUTEIL – BECKER sont agriculteurs sur la commune de Bourdeilles, dans le bassin versant de la Dordogne. C’est en 2010 que la ferme a pris un tournant. La ferme Duteil s’est orientée vers l’agriculture biologique sur les différents ateliers de la ferme (maraîchage, grandes cultures et élevage bovin allaitant) en vue d’être autonome, de ne plus dépendre des industries semencières et agroalimentaires. Une partie des céréales est transformée en farine à la ferme avec un moulin de type Astrier (meule de pierre). Les produits sont distribués en vente directe sur les marchés.

Auteurs(s)

Armand
DUTEIL

Fiche rédigée par Laëtitia GONI-LIZOAIN

Programme

Démarrage : 1996

Lieu de réalisation : Bourdeilles

Organisme(s)

Ferme Duteil Becker

Bourdeilles – 24310

La bertinie

Site internet

ORIGINE ET CONTEXTE

Armand DUTEIL a repris en 1996 (au moment de la crise de la vache folle) la ferme familiale située sur la commune de Bourdeilles en Dordogne. A l’origine l’exploitation était en polyculture élevage et maraîchage. Lors de son installation en individuel, Armand reprend l’atelier d’élevage bovin allaitant limousin (30 vaches allaitantes), la production de céréales ainsi qu’un petit atelier volailles de ferme en vente directe. Son père travaillait sur la partie maraîchage et commercialisait les produits sur les marchés. C’est en 2002 qu’il a pris sa retraite et que l’arrêt du maraîchage a été envisagé. Mais Paula, son épouse, a souhaité reprendre cet atelier. Par suite de problèmes économiques et un voyage en Amérique du Sud (Chili) où ils ont rencontré un paysan en agriculture bio ils ont choisi dès leur retour de débuter leur conversion en agriculture biologique. Le ferme s’étend aujourd’hui sur 55 hectares.

Objectifs

L’objectif de la ferme est d’être au maximum autonome. Ils souhaitent produire des produits de qualité dans le respect de l’environnement. Afin de les valoriser au mieux, ils ont reconçu leur circuit de distribution en supprimant les intermédiaires. Ils ont opté pour la vente directe sur les marchés.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

– Depuis 2002 : atelier maraîchage directement en bio, évolution petit à petit des surfaces cultivées.
– Commercialisation sur les marchés :
Vendredi (Brantôme), samedi (Périgueux) et dimanche (Bourdeilles).
Hors saison mercredi (Périgueux).
Une dizaine de marché de producteurs en été.
– Fertilisation avec du fumier composté (longue ou courte durée) issue uniquement de la ferme.
– Exploitation irrigable : maraîchage irrigué, arrêt de l’irrigation des cultures en 2010 – 2011.
– Essais de maïs population via le service de la maison de la semence d’Agrobio Périgord.
– Cultures de variétés anciennes et semences fermières ou semences paysannes.
– Développement d’un atelier de meunerie sur la ferme pour valoriser les produits (farine de blé, de maïs, polenta de maïs, farine de sarrasin).
– Rotation des cultures : une plante sarclée, une céréale et une légumineuse (féverole, blé, maïs. Parfois le maïs est remplacé par du sarrasin et le blé par de l’orge ou grand épeautre).
– Bovins :
90% à l’herbe (pâturage et foin l’hiver) avec un peu de complément l’hiver, aucune matière fermentée.
Avant production de broutards exportés en Italie (circuits longs)
Aujourd’hui production de veau rosé vendu en caissettes sur trois marchés locaux (abattoir et atelier de découpe 20 km autour de la ferme).
Changement de races pour se démarquer de la production de Limousine : depuis 2 ans croisements Black Angus – Limousine (taureau Black Angus, reproduction naturelle) avec à terme la totalité du troupeau en Black Angus.
Diminution de cheptel en prévision à 10 vaches mères à partir de 2020.
– Soins :
Tous les ans, une cure de terre de diatomée (utilisée comme vermifuge).
Essaye de développer le plantain dans les prairies (impact sur les défenses immunitaires des animaux) : travaille les prairies (passage herse étrille, fauche tardive, évite le surpâturage).
Pas d’abreuvement directement dans les cours d’eau : des abreuvoirs ont été mis en place (l’eau est issue de la Dronne).
Projet d’agroforesterie sur l’exploitation à venir : plantation d’arbres intra – parcellaires pour plusieurs raisons (érosion, ombre pour maintenir l’herbe des prairies, ramener de la biodiversité, arbres et arbustes fourragers).

Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs

– Maraîchage : aujourd’hui 3 serres et 2 autres en projet.
– Cultures :
Faible potentiel des sols pour la production de maïs.
Peu de différence entre maïs hybride et population donc 100% maïs population.
– Arrêt irrigation : sélection sur la résistance à la sécheresse.
– Baisse des rendements mais parle plutôt en marge brute : marge brute équivalente voire un peu mieux avec la transformation et la vente directe.
– Passage en bio et changements des pratiques :
– Social : beaucoup moins de stress, temps de travail différent (plus d’observation, plus de réactivité, plus de partage d’expérience, de formations).
– Les sols sont plus faciles à travailler.
– Amélioration de la biodiversité animale (carabes, coccinelle, …).
– Maîtrise du coût de vente des produits.
– Arrêt de dépense extérieures, autonomie alimentaire.
– Animaux : peu de soucis sanitaires car bonne alimentation.
– Apprentissage pour la gestion de la flore adventice.
– Développement du plantin dans les prairies (appréciation visuelle).
– Maintien du volume de foin mais pâture qui devient de plus en plus compliquée dû au changement climatique : diminution de cheptel en prévision à 10 vaches).

Originalité

N/A

Partenariat(s)

Avec la chambre d’agriculture :
Fait partie d’un GIEE sur le pâturage, le séchage en grange et l’arbre fourrager.
Groupe grandes cultures bio où l’on se réunit régulièrement avec animatrice CA pour faire des tours de parcelles),
Avant adhérent à l’association Agrobio Périgord et référent à la maison de la semence.
Création d’une maison de la semence avec d’autres agriculteurs avec l’idée d’adhérer au réseau de semence paysanne.

Retour d’expérience

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

– Le manque de financement qui conduit à des changements lents.
– Une partie des terres de l’exploitation peut être utilisée seulement en élevage (prairies sur coteaux séchant avec sols peu profond et prairies de fonds de vallées).

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

Pas de réussite pour l’instant car même si c’est mieux qu’avant, ils n’arrivent pas à avoir un revenu correct par rapport aux heures de travail. Cependant ils se sent plus libres et Armand a repris sa place en tant que paysan sur sa ferme (ils ont acquis de l’autonomie et la vente directe les conforte dans leurs choix car ils sont soutenus par leurs clients).

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Comité de lecture
Date de lecture de la fiche
16/11/2020
Localisation
France
dordogne
Appréciation(s) du comité
Préservation de la ressource en eau
Domaine
EnvironnementAgricultureAlimentation
Type de structure
Exploitation agricoleEntreprise
Envergure du programme
Locale
Bénéficiaires
Universel
Type d’action
Production (Autre)
Type d’objectif
Préservation de la qualité des eauxDépollution des modes de production agricole (introduction d’alternatives aux intrants chimiques, pesticides, fongicides…)Maintien et/ou création direct(e) d’emploisSynergie entre les acteurs du territoire
Localisation
Licence

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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**