Depuis 2004, les usagers de la « Boutique Solidarité » à Gagny peuvent régulièrement pratiquer le théâtre et participer à divers ateliers culturels (cinéma, musique…). Ces derniers, entourés de 2 membres de l’équipe salariée et d’artistes, peuvent amorcer une réflexion collective sur leurs parcours de vie grâce à l’espace de parole et de convivialité que constitue ces temps d’évasion.
Démarrage : 2014
Lieu de réalisation : Gagny
Budget : 25000
Origine et spécificités du financement : Financements public (département) et privé (Fondation Abbé Pierre et Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS))
Dès son origine en 1985, l’association Hôtel Social 93 s’est spécialisée dans la lutte contre l’exclusion liée à l’absence ou la perte de logement, à l’habitat indigne et à l’errance dans le département de la Seine-Saint-Denis. La « Boutique Solidarité » créée en 1993 à Gagny fait partie de ses 15 structures d’hébergement ou services dédiés aux personnes vivant dans la rue et dans des squats. Il s’agit d’un accueil de jour ouvert aux adultes souffrant de l’exclusion, qui accèdent gratuitement a des petits déjeuners, repas, service de douche, buanderie, domiciliation etc.. La boutique comptabilise aujourd’hui 100 passages par jour.
Les salariés, convaincus que les activités culturelles constituent une opportunité de sortir des problèmes du quotidien et une activité valorisante favorisant la reprise de l’estime de soi, ont développé ce type d’initiatives à partir de 2004.
* Redonner de la visibilité et de la reconnaissance en allant à la rencontre de l’autre
* Permettre aux participants de sortir de leurs problèmes quotidiens et proposer un cadre extérieur aux services quotidiennement fournis par la structure
* Créer du lien et mettre en confiance, en valorisant les compétences et les talents de chacun
* Pouvoir intégrer tous les publics par le développement d’activités universelles
Exemples d’activités organisées :
– Théâtre-forum (2005-2009) : une forme de théâtre interactif traitant les problèmes du quotidien, où le public intervient après chaque scène pour suggérer son interprétation personnelle
– Atelier « théâtre contemporain » mis en place en 2007 : les usagers ont intégré une compagnie, création de pièces, et représentations sous forme de spectacles payants dans des festivals notamment (avec statut d’intermittent)
– Le clown-social (2012) : ateliers d’animation clown aboutissant à l’organisation de spectacles de rue et de déambulations urbaines afin d’aller interpeller les personnes rencontrées
– Séjours de rupture annuel depuis 2004 : en France (les chemins de Stevenson, randonnées de 10 jours) ou à l’étranger (ex. Maroc pendant 3 semaines ou La route de Saint Jacques de Compostelle pendant 28 jours)
– Nombreuses activités ponctuelles en fonction des suggestions et des envies des participants : cafés-philo, exposition photos, film-documentaire, atelier cinéma…
– Représentations de la production des usagers : film/documentaire a donné lieu à une projection publique dans le cadre du Festival « C’est pas du luxe ». D’autres pistes sont en cours pour d’autres festivals ou la télévision en partenariat avec le réalisateur Sam Albaric.
– Une participation régulière aux ateliers d’environ 10-15 bénéficiaires (généralement déjà en lien avec la structure)
– Le théâtre forum, les ateliers de « clown social », le théâtre contemporain et les séjours de rupture sont les 4 activités qui ont eu le plus de succès auprès des usagers.
– Impacts très positifs chez certains participants relevés par l’équipe salariée :
* reprise de l’estime de soi, notamment auprès de personnes les plus isolées. Ces activités leur permettent de se dévoiler et/ou se révéler.
* création d’un sentiment d’appartenance à un groupe (alors qu’il s’agit de public très différent), notamment lors des séjours. Création d’une dynamique de responsabilité vis-à-vis du groupe et d’un soutien mutuel.
* réinsertion progressive : personnes moins dépendantes de l’accueil de jour, voire retrouvant un travail et/ou un logement
– Transformation de la relation entre travailleur social et usager : le travailleur social n’est plus en position de toute-puissance. L’usager n’est plus exclusivement considéré à travers ses problèmes sociaux, administratifs ou économiques mais dans sa globalité avec tout son potentiel. Les réponses trouvées en commun correspondent davantage aux demandes de l’usager.
La Boutique Solidarité s’efforce de proposer une variété d’activités qu’on retrouve peu dans d’autres structures, à l’instar du clown social. Ces activités basées sur la gestuelle et le mime facilitent le contact et sont une façon d’intégrer les demandeurs d’asile, freinés par la barrière de la langue.
ACTIF (Arc-en-Ciel Théâtre Île-de-France), Compagnie « Crée ou Crève » (COC), Compagnie « Bubblegum parfum : désert », la Ferme du Bonheur (Nanterre), Cultures du Cœur, Musée Branly, Le Louvre…
– L’accueilli est absorbé par son quotidien : il cherche des réponses concrètes et matérielles à son mal vivre. Il vit dans l’urgence. C’est difficile de lui faire prendre conscience de son droit à la culture, au plaisir, au beau, à la pratique d’une activité culturelle et qu’elle puisse être bénéfique et constructive pour lui.
– Trouver le bon atelier est la difficulté principale du fait de la mixité des publics issus de cultures différentes. L’activité doit trouver une résonance chez l’usager.
– Difficulté pour trouver des financements aux activités culturelles : la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Hébergement et du Logement (DRIHL) n’envisage pas de soutien financier. Elle s’inquiète même que l’argent versé puisse être affecté dans ce type d’action. L’idée que nourrir son esprit est tout aussi essentielle que satisfaire des besoins primaires n’est pas admise par les financeurs.
– Hausse de la fréquentation de la Boutique par les femmes, alors que le lieu n’est pas adapté à leurs besoins
– Tout repose sur la relation de confiance développée avec les bénéficiaires.
– Mise au point d’une programmation équilibre entre des ateliers à caractère universel (ex. cinéma et musique) et des activités plus spécifiques (ex. Le Clown)
– Acquisition de nouveaux locaux permettant d’éviter les problèmes de nature technique ou matériels
– Soutien actif et financier de la Fondation Abbé Pierre qui appuie la mise en valeur
– Recruter des professionnels possédant un esprit « militant » et qui s’investissent dans le projet y compris la recherche de financements
– Chercher de nouvelles activités originales et attractives
– Création d’un espace réservé aux femmes
– Être flexible et s’adapter constamment aux publics : prendre en compte sa culture d’origine, ses difficultés (ex. langue) et ses envies
– Un fonctionnement « comme chez soi » : informel, simple et non-sélectif
– 2 membres de la structure participent aux activités culturelles afin de créer du lien et aider à mettre en confiance les participants.
– Les activités sont éphémères : une fois que les participants considèrent avoir fait le tour de l’expérience et/ou que l’activité s’essouffle, celle-ci prend fin.
– Veiller à la qualité artistique des activités : faire appel à des professionnels
« Je suis Ripley Bogle » Faire du théâtre dans une Boutique solidarité – Yves Dervin, Nadia Thibault et Pierre-Vincent Chapus – paru dans VST – Vie sociale et traitements 2011/3 (n° 111), pages 8 à 12
Documentaire « A la rue » sur France Radio : https://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks-14-15/la-rue
Article « Faire le clown pour être acteur » dans le magazine ACTUALITÉS SOCIALES HEBDOMADAIRES (19 avril 2013 n°2806) :
https://www.doyoubuzz.com/var/f/UV/MF/UVMFtXGh17v9r-TAW4OlpNQbufK8Z3ciqyB5YmP6kx0agwDsjn.pdf
Pages Facebook:
– Compagnie COC : https://www.facebook.com/CompagnieCOC
– Compagnie « Bubblegum Parfum : Desert » :
https://www.facebook.com/exeodemdiabolisanguine/
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**