La dynamique des jardins nourriciers au service de l’insertion sociale et de la transition d’un quartier à Denain
Les jardins nourriciers du Centre social de Faubourg du Château de Denain intègrent depuis 2017 l’alimentation durable dans le quotidien de ses adhérents et des habitants à différents niveaux : manger local et sain grâce aux jardins, ateliers cuisine, installation et formation au compostage et au jardin, initiation aux métiers de l’agroalimentaire, impact de l’alimentation sur la santé.
Auteurs(s)
Programme
Démarrage : 2017
Lieu de réalisation : Denain
Budget : 96000
Origine et spécificités du financement : DRAAF, Le Département du Nord, Politique de la Ville-Région, Politique de la ville-Etat, Agence de l’eau, FSE
Organisme(s)
Centre Social du Faubourg du Château de Denain
Denain – 5922059, rue Patrick Roy
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ORIGINE ET CONTEXTE
Le Centre social de Faubourg du Château de Denain fait partie de l’Association des Centres Sociaux et socioculturels de la Région de Valenciennes (ACSRV), qui comprend 16 centres sociaux et une ludothèque dans la région. Un jardin communautaire de 2500 m2 a été créé en 2008 en partenariat avec les AJOnc (Les Amis des Jardins ouverts et néanmoins clôturés) dans le cadre de la rénovation urbaine, avec pour objectif la participation des habitants aux changements opérés sur le quartier et la création de lien social. En 2015, la fin des subventions de la ville amène à repenser une nouvelle dynamique. Le projet de passer de jardins communautaires à la création d’espaces nourriciers émergera en 2017 à la suite de la préparation d’un mémoire sur le sujet par Hélène Deleau, qui sera présenté lors de la Fabrique Anti-Gaspillage organisée par le PNR Scarpe Escaut.
Objectifs
Les 3 jardins nourriciers et leur production sont entretenus par un groupe de bénévoles du Centre Social accompagnés de deux animateurs, une à deux fois par semaine. Ils servent aussi d’outils à d’autres actions autour de l’alimentation durable. Les publics visés sont les bénéficiaires du RSA, les adhérents du centre social et les structures éducatives de la ville (écoles, centre de loisirs). Les jardins visent trois objectifs généraux : la réinsertion sociale des bénéficiaires du RSA, le développement de l’alimentation durable auprès des publics visés, enfin assurer un cadre de vie de qualité pour les habitants.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
Les Grandes Gamelles, 2500 m2 dédiés au jardin au naturel et à la pédagogie. Le jardin fournit une petite production, qui est vendue à la maison de quartier, cultivé en bio et avec des techniques de permaculture.
Le jardin potager, terrain mis à disposition par un particulier, permet de compléter le volume de production.
Le Jardin gourmand, a démarré en 2019 pour 3 ans, dans le cadre du Plan Départemental d’insertion. Il s’agit d’un jardin d’insertion dont l’objectif spécifique est d’initier aux emplois de l’agroalimentaire avec une mise en situation professionnelle et sociale : jardin, cuisine et restauration notamment.
⮚ Les jardins
– Actions d’éducation et de protection de l’environnement : jardin au naturel, formation compostage (le Centre socioculturel a installé des composteurs collectifs dans le quartier)
– Chantier participatif sur l’espace public du quartier, ouvert aux habitants : aménagement d’un banc bac à jardiner, d’un verger solidaire, d’une haie champêtre
– Chantiers éducatifs : Installation de jardin au carré chez les habitants par des jeunes du quartier et porte à porte pour sensibiliser au compostage collectif
– Accompagnement à l’autoproduction : Temps de formation, une fois par mois avec un apér’o jardin convivial organisé le vendredi de 17h à 19h. Une Outil-othèque au Centre Socioculturel : Prêt d’outils pour jardiner et bricoler, notamment pour le maintien des jardins au carré.
– Visites d’entreprises, centres de formations et structures d’insertion dans le domaine agro-alimentaire : le jardin Gourmand se veut être la première étape vers la réinsertion (et préparer à aller en chantiers d’insertion)
⮚ Santé Public : du Jardin à l’assiette (Politique de la ville-Etat, 2019)
– Ateliers cuisine, organisation de goûters à l’école préparés par un groupe de bénévoles, ateliers parents-enfants
– Accueil périscolaire (Plan Mercredi – activité accueil de loisirs – aide aux devoirs, LALP) : nouveau dispositif de pédagogie renforcée où un module de 6 séances autour du « jardin à l’assiette » est réalisé :
▪ Faire le lien du jardin à l’assiette, fruits et légumes de saison, par le support du jardin
▪ Promouvoir les producteurs locaux.
▪ Sensibiliser à l’alimentation locale durable saine pour la santé
Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs
– La nouvelle dynamique initiée en 2017 a fait grandir le projet avec deux nouveaux jardins et donc une surface plus grande. Elle s’adresse aussi à un public large au-delà des bénéficiaires et bénévoles directement concernés : habitants du quartier (apér’o jardin, installations de jardins au carré), les jeunes des chantiers éducatifs, Les jeunes du Centre Educatif Renforcé, les structures éducatives de la ville de Denain, les centres sociaux d’autres villes (où un accompagnement est dispensée par l’animatrice pour l’essaimage de l’initiative).
– 6 bénévoles s’occupent des Grandes Gamelles, tiennent les stands et accompagnent les jeunes du Centre éducatif renforcé, les jeunes du secteur jeune, ils ont ainsi un rôle à jouer et sont valorisés. Il y a un plaisir de se retrouver et de la convivialité. Les connaissances en permaculture et alimentaires de ces personnes se sont élargies.
– 14 bénéficiaires du Jardin Gourmand, du lien a été créé et ce jardin veut être la première marche vers un chantier d’insertion pour eux, transmet des compétences et redonne confiance pour le retour à l’emploi.
– 1 emploi en CDD à temps plein créé depuis avril 2018 et un service civique
– 8 jardins au carré installés chez l’habitant par 10 jeunes, il y a aujourd’hui de la demande et donc une liste d’attente, un jardin au carré par mois continue d’être installé.
– 12 personnes en insertions réalisent les goûters pour les enfants dans le cadre du projet « du jardin à l’assiette
– D’autres centres de l’ACRSV souhaitent développer des jardins et c’est le centre de Denain qui va les former et les accompagner. Des formations ont déjà été données sous la forme de prestations de services.
– L’initiative a d’abord été reconnue dans le cadre du PAT et fait partie du réseau des éco-jardins du Parc naturel Transfrontalier du Hainaut
Originalité
– La préparation aux métiers de l’agroalimentaire avec le recrutement d’une personne (en CDD) pour les Jardins Gourmands qui a une formation dans le domaine de la restauration.
– Les jardins servent d’outils à la réalisation de plusieurs initiatives et objectifs du Centre Social, tous interconnectés.
– Le lien social est toujours priorisé ainsi qu’une ambiance conviviale avec notamment des moments festifs.
Partenariat(s)
DRAAF Hauts-de-France – finance sur le thème des espaces nourriciers et la formation d’autres centres, le Département (dans le cadre de l’insertion), la politique de la ville Région (co-financé avec la ville), la politique de la ville Etat (co-financé avec la ville), Fonds Social Européen (FSE – dans le cadre de l’insertion), le PNR Scarpe Escaut, l’Agence de l’eau.
Retour d’expérience
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
– Le financement et la pérennisation
– La multiplication du nombre de financeurs augmente le nombre de dossiers à remplir. Chaque partenaire a ses objectifs propres : il faut etre sûr qu’on les remplit tous. Il est nécessaire de redécouper l’action selon les objectifs de chacun, et coordonner en fonction.
– Un renouvellement annuel des actions est demandé, une année peut être courte pour expérimenter. L’obligation de se pencher sur de nouvelles idées rapidement se fait parfois à la place de l’expérimentation de ce qui est en train de se faire pour mieux en tirer les leçons.
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
– Le recrutement d’un CDD et d’un service civique
– S’intégrer au PAT du PNR Scarpe Escaut afin d’être reconnu et obtenir de nouveaux financements
Améliorations futures possibles :
– En 2019, travail sur la mise en place d’un poulailler collectif pour mobiliser de nouveaux bénévoles
– Projet d’étude d’ajouter le terrain qui entoure les Gamelles (Surface totale sera portée à 1ha) : Espace ouvert, lever les barrières, haies nourricières, cueillette libre de fleurs, espace aromatique et lieu festif.
– Le futur du projet doit être présenté cet été, 2 options sont possibles :
⮚ Une option sociale avec des carrés prêtés aux habitants / cadre de vie
⮚ Une option plus « économique » et d’insertion professionnelle qui permettrait de pérenniser le projet en dépendant moins des subventions : chantier d’insertion + production + restauration pour travailler en circuit fermé dans un Foodtruck.
– Appel à projet multi partenarial de l’Agence de l’eau et de la ville pour l’accès à l’eau dans les jardins, l’éducation à la préservation de la ressource et de la biodiversité, pour lequel le Centre Social sera prestataire de service dans sa mise en place.
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
– Aborder le projet par étape pour respecter sa dynamique
– Un travail partenarial (externe et interne) important
– Se former (le Master 2 DLES et le Mémoire d’Hélène Deleau a beaucoup apporté dans la structuration du projet)
– Prendre en compte la dimension des habitants (travailler avec et pour les habitants) : cela prend du temps
– La communication – (par exemple, cette initiative a été mise en avant grâce au PAT)
– Garder en tête l’assise du projet : la diversité des financeurs pourrait brouiller le cap initial
Références
Mémoire de Master Professionnel II Développement local et économie solidaire.
« Le jardin communautaire des Grandes Gamelles : pratiques fondatrices et perspectives de développement », Hélène Deleau
https://1drv.ms/f/s!AqlPGiqZ1NSyiFiYXVOS3yWA4qOq (voir sauvegarde sur le drive RESOLIS)
Pour en savoir plus
https://www.youtube.com/watch?v=px7Llxua0xI&list=PLsHdavvFO1nw2k_XNkxiRbdMxK7Hh-qtp&index=7
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**