Le Baba est un projet de marché-cantine citoyen crée en 2016 réunissant des chefs cuisiniers réfugiés et immigrés souhaitant partager les bons petits plats de leurs pays avec les franciliens. Lors d’évènements et grâce à des roulottes itinérantes, le marché se déplacera à Paris de quartier en quartier pour aller au plus près des habitants. L’objectif est simple: faire connaître la richesse des cultures de l’immigration, encourager la rencontre et l’échange entre des communautés qui se connaissent trop peu.
Démarrage : Septembre 2016
Lieu de réalisation : Paris
Origine et spécificités du financement : Prix-concours, financement participatif, budget participatif de la ville de Paris
C’est à la suite d’un échange en Afrique du Sud que Lou et Mathilde, étudiantes à Sciences Po ont découvert les food market, lieux de vente de plats cuisinés, espaces de vie et d’échange et parmi les rares lieux du pays où la couleur de peau semble ne pas avoir d’importance. Elles ont également vécu à la même époque les attentats de Novembre 2015 depuis l’étranger. C’est la superposition de ces deux expériences qui leur ont donné la volonté de répliquer le modèle du food market en minimisant l’aspect commercial et en valorisant le modèle autrement. Le but est alors de montrer la richesse de l’immigration dans un contexte de crispation autour de cette dernière par l’intermédiaire de la cuisine.
Sur le court terme :
– Permettre la rencontre entre chefs migrants et mangeurs (cuisine, culture, traditions, parcours personnels…) dans le but de créer du lien social et de l’échange culturel.
Sur le long terme :
– Fournir un accompagnement vers l’emploi pérenne des chefs en permettant aux intéressés de créer et consolider un emploi dans la restauration. Ce rôle de tremplin sera permis par la création d’une coopérative d’activité et d’emploi, structure de l’ESS. Ce statut permettrait aux chefs d’acquérir simultanément le statut de salarié et d’entrepreneurs, ce qui aurait pour intérêt d’allier sécurité du salariat et flexibilité de l’entrepreneuriat durant la création et mise en œuvre de leurs projets personnels.
Depuis la création, les principales actions mises en œuvre ont été l’organisation d’évènements expérimentaux afin de solidifier le modèle d’activité ainsi que le business model actuel et de donner de la visibilité et de la crédibilité au projet. Ces évènements prennent principalement place dans des festivals, des bars-restaurants, des évènements associatifs. En parallèle de cela, le démarchage de partenaires et de potentiels chefs est également constant à cette étape du projet.
Du fait de la jeunesse du projet, il est encore complexe d’isoler les impacts des actions menées. Cependant, il est possible de noter une grande visibilité donnée grâce aux évènements. Cela a amené des acteurs divers et variés à démarcher l’association ce qui a permis la concrétisation de plusieurs collaborations et événements (cinq en tout) en plus de celui déjà réalisée et de ceux encore en cours de discussion.
Il peut y avoir jusqu’à 50 repas vendus sur une soirée et 600 sur trois jours lors de festival.
Concrétisation d’une relation durable avec six chefs partenaires (dont deux afghans, une algérienne et une érythréenne) et développement des possibilités de travailler avec des chefs supplémentaires.
En plus de travailler avec des migrants autour de la cuisine afin de permettre la création d’emploi, la véritable originalité du Baba Food Market se trouve dans la volonté d’aller au-delà de l’achat d’un plat en faisant se rencontrer chefs et mangeurs en utilisant la cuisine (de la préparation à la dégustation) comme interface d’échange. Un des aspects originaux à venir est de renforcer la singularité de l’échange en permettant la cuisine des chefs au plus près des mangeurs via la construction et l’utilisation de roulottes dédiées et aménagées sur mesure, au-delà du modèle basique du food truck.
Le Baba Food Market est accompagné par ENACTUS France sur tous les sujets relatifs à l’entrepreneuriat social ainsi que par Makesense et Animafac, étant arrive finaliste de leur concours.
Au niveau des soutiens financiers : de la Fondation VINCI pour la Cité dans le cadre du programme Enactus France (fonds d’amorçage de 1000€) et de la Société Saint-Vincent-de-Paul en étant lauréat du concours Innovate! Pour la Solidarité (3e prix, 1000€), Veolia (4500 euros)
Sélectionné par le budget participatif de Paris
– Les difficultés liées à la législation en vigueur (hygiène du fait du format peu conventionnel de préparation de la nourriture, droit du travail du fait du statut de migrants, sécurité du fait de l’état d’urgence).
– La recherche complexe d’équilibre entre la liberté des chefs et les exigences de l’association.
– La difficulté de concilier les envies des chefs et leur processus créatif avec des règles précises (traçabilité, aspect sanitaire, restriction budgétaire…). A titre d’exemple, il a fallu travailler pour convaincre l’un des principaux chefs d’accepter d’être payé pour son labeur, ce dernier ne concevant au départ sa cuisine que comme un don fait aux mangeurs.
– La barrière de la langue dans le contact avec les chefs potentiels.
– L’impossibilité à l’heure actuelle de concrétiser un modèle de food-market fixe du fait de l’indisponibilité de lieux à Paris.
– Difficulté logistique (manque de véhicule)
Les solutions à adopter sont en cours de concrétisation:
– Dépasser les blocages législatifs par le rapprochement avec des personnes expertes sur ces sujets.
– Consolider le budget, notamment par l’intermédiaire d’une campagne de financement participatif à venir.
– Décomplexer les échanges avec les chefs en instaurant un dialogue clair entre toutes les parties et en établissant pour cela un socle de règles sur les différents sujets qui serait à adopter par tous les chefs.
– Continuer à apprendre des erreurs qui sont faites.
– Grâce au financement de la ville de Paris, l’associations souhaite avoir accès à la location à une cuisine pro aux normes
– Se fournir dans des circuits courts
– Développer des partenariats avec des centres de formation et des restaurateurs
– Devenir une entreprise de travail temporaire d’insertion
La capacité à rencontrer et s’entourer d’acteurs extérieurs à l’association qui soient ouverts ainsi que la disposition de ces derniers à collaborer en toute bienveillance sur des sujets pourtant complexes et dans un contexte de moyens limités. Axer au maximum la démarche sur la collaboration plutôt que la concurrence.
Travailler sur l’impact de l’échange entre les cultures par l’intermédiaire de la cuisine.
– Présentation du projet dans la chronique L’Esprit d’Initiative de France Inter, animée par Emmanuel Moreau: https://www.franceinter.fr/emissions/l-esprit-d-initiative/l-esprit-d-initiative-07-avril-2017
– Sur leur parcours Enactus: http://www.say-yess
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**