Observatoire

Résilience, changer les pratiques de gestion des bio-déchets

Depuis 2011, ce projet met en lien les acteurs d’Apt et alentours ayant besoin de matière organique (agriculteurs) et ceux qui en produisent et ne la valorisent pas forcément (industriels, restauration collective…). Certains habitants de la Commune se sont rendus compte que leur territoire avait besoin d’une meilleure gestion de déchets ce qui permettrait de mettre en relation l’écologie et l’économie.

Auteurs(s)

Roger
Fernandez

Fiche rédigée par Flore Tissone

Programme

Démarrage : 2011

Lieu de réalisation : Apt

Organisme(s)

Association Résilience

Apt – 84400

Route de Buoux

ORIGINE ET CONTEXTE

À la suite d’une réunion citoyenne d’une trentaine de personnes rassemblant notamment des agriculteurs du Luberon, le projet « Résilience » est né en 2011 à l’initiative de 4 personnes organisées en association pour poursuivre les actions en lien avec le compostage des bio-déchets. Depuis le 1er janvier 2014 le brûlage de déchets verts par les particuliers est strictement interdit, ces derniers se retrouvent donc en partie dans les ordures ménagères. En outre, les « gros producteurs » de biodéchets (notamment ceux de la restauration collective) sont également dans l’obligation de valoriser leurs déchets de restauration. Près de 40% des ordures sont des biodéchets qui pourraient être valorisés. À Apt, cela représente environ 5000 Tonnes de matières (dont 80% d’eau) transportés sur les 5 dernières années vers l’incinérateur à une cinquantaine de kilomètres de la ville d’Apt (par des camions de 35 tonnes chacun). Il y a donc un potentiel très important de biodéchets inexploités et les agriculteurs ont besoin de matière organique. Pour une question de bon sens écologique et économique, une meilleure gestion des biodéchets s’impose.

Objectifs

– Changer les pratiques de gestion des bio-déchets pour offrir un service vertueux à la collectivité
– Transformer les bio-déchets en compost qui pourra ensuite être utilisé par la collectivité pour subvenir aux besoins en matières organiques (agriculteurs, espaces verts, etc.).
– Montrer et prouver que le compostage des bio-déchets peut se faire localement et sans nuisance olfactive.
– Les publics visés sont les « gros producteurs » de bio-déchets dans la restauration collective (écoles, collège, lycée, cantines municipales, hôpitaux, etc.) ; les agriculteurs ; les jardiniers particuliers.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

– Trois sites producteurs de biodéchets retenus pour l’expérimentation sur Apt : L’hôpital ; La cité scolaire (collège/lycée de 1200/1400 élèves = 900/1000repas par jour = soit 180/200 kg) ; La cuisine centrale.
– Prise de contact pour des apports complémentaires avec des maisons de retraite des communes à proximité.
– L’expérimentation suivie par le Parc Naturel Regional du Luberon qui aide dans la mise en lien avec les agriculteurs ayant besoin de matières organiques.
– Soutien du bureau d’étude Composterre pour monter le dossier en 2013.
– Expérimentation débutée en janvier 2014 sur le terrain d’un agriculteur volontaire.
– Sur la cité scolaire : un travail de réflexion a été mené avec le personnel de service pour mettre en place des solutions les plus ergonomiques possibles afin de montrer que les démarches d’amélioration de l’environnement ne complexifient pas plus le travail quotidien.
– À l’hôpital : les actions ont été menées en lien avec l’économe, les infirmières, et le service hygiène et qualité.

Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs

– Environ 1,8 Tonne de bio-déchets compostés par semaine.
– 21 tonnes de bio-déchets collectés en 2014 (sur un potentiel total estimé à 3500 tonnes en tout).
– Le compost obtenu a été analysé et testé et a obtenu la certification NFU 44-051 (utilisable en agriculture biologique).
– Les sorties des réfectoires transformées (l’été 2013) pour permettre aux élèves de faire le tri et faciliter la collecte des bio-déchets.
– Les membres de l’association sont allés expliquer l’intérêt de la démarche aux jeunes au réfectoire. Cette action de sensibilisation a été réalisée une dizaine de fois.
– Milliers d’enfants concernés par le tri des déchets ; plus ils sont jeunes, plus ils sont réactifs.
– Aide du département : poursuite d’activité jusqu’en juin 2015.

Originalité

Un projet rassemblant divers acteurs autour de la question du compostage des déchets, porté notamment par des agriculteurs, démontrant comment l’offre et la demande en matière organique peuvent se rencontrer dans l’intérêt de tous et de celui de l’environnement. Les actions de Résilience ont démontré qu’un compost à taille humaine, avec des bio-déchets locaux, était possible sans nuisance olfactive, et à un prix encore meilleur que sur le marché.

Partenariat(s)

Ademe, Conseil départemental du 84, le CIVAM, PNR Luberon

Retour d’expérience

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

(1) La compétence déchet revient à la communauté de commune, néanmoins cette compétence avait été déléguée avant la création de la communauté de commune à un syndicat intercommunal (SIRTOM) qui a la gestion complète du ramassage ce qui rendrait difficile la collecte séparée des déchets. Le projet se heurte à une certaine inertie des politiques publiques.
(2) Le projet est en attente et n’a pas pu être étendu dans les maisons de retraite et les écoles.
(3) Les déchets « retour de chambre » dans un hôpital ne peuvent pas être récupérés pour le compost pour des raisons sanitaires.
(4) Il aurait pu y avoir des réticences aux changements des habitudes de la part du personnel.

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

(1) Problème en attente d’être résolu : 6 réunions organisées et malgré la bonne volonté de certains élus le projet est toujours en attente. La région attend l’accord de la communauté de communes pour pouvoir soutenir le projet.
(2) Afin de maintenir la dynamique des élèves sur la cité scolaire, le tri est toujours effectué dans le lycée bien que les déchets ne soient plus compostés…
(3) Sur le site de l’hôpital, seuls les bio déchets sortis de la cuisine sont compostés.
(4) Afin de ne pas demander trop d’effort au personnel de service de la cité scolaire, et d’être sûr que le projet soit accepté par le personnel, un travail ergonomique a été réalisé ce qui a donné lieu notamment à la mise en place de roulettes sur les poubelles favorisant l’acceptabilité = moins de poids et moins de manutention possible.

Améliorations futures possibles :

– Transformation de l’association en SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) composées du SIRTOM en charge du ramassage des déchets, des agriculteurs, de la communauté de commune, etc.
– Inclure la démarche dans les projets communaux afin d’avoir une rentabilité pour tous.
– Le réaménagement des points de collecte (« zone d’apport volontaire ») est nécessaire afin que les citoyennes et citoyens puissent venir déposer leurs déchets verts.
– Un terrain appartenant à la commune, aujourd’hui inexploité, est potentiellement utilisable pour le projet. Il n’est pas loin du centre-ville et serait donc très accessible pour que les déchets organiques (comprenant ceux de la restauration collective, des agriculteurs et des jardiniers) soient compostés sur le site. Le potentiel d’embauche de 3 personnes sur 3 ans. Le coût de production de produits finis de matières organiques est estimé à 15cts/kg contre le coût d’achat de la matière organique sur le marché à environ 30 cts/kg (+ pour rappel le coût d’incinération des déchets verts est de 10cts/kg).
En attendant l’accord de la communauté de commune le projet est actuellement en attente depuis fin 2015.

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

– Prendre en compte les contraintes de chacun et mettre en place des solutions sans en créer de nouvelles.
– S’organiser en SCIC car ces sociétés ont l’avantage de rester ancrées sur leur territoire et ne sont pas destinées à être délocalisées. C’est une société difficilement cessible donc ne pourra pas être revendue pour des visées spéculatives : ainsi un essaimage dans d’autres villes est envisagé plutôt qu’une expansion de l’activité.

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Comité de lecture
Date de lecture de la fiche
22/11/2016
Localisation
France
vaucluse
Appréciation(s) du comité
Source d’inspiration !
Domaine
EnvironnementEconomie, finance solidaireAgriculture
Type de structure
Association, collectif, ONG
Envergure du programme
Locale
Bénéficiaires
Population ruralePopulation urbaineProfessionnelsAgriculteurs
Type d’action
Valorisation des déchets
Type d’objectif
Décarbonation, performance énergétiquePréservation de la qualité / fertilité des solsRéduction/traitement des déchets, économie circulaireCommunication auprès des enfantsSensibilisation des consommateurs
Localisation
Licence

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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**