Ulzuz est un projet éco-féministe en Algérie crée en 2012 avec une approche entièrement participative. Il prend ses sources dans la réalité de femmes compétentes défavorisées et d’une terre fertile dévalorisée. Il se propose de les rendre actrices de la construction de lendemains meilleurs pour elles et pour la société entière, à travers la production agricole biologique.
Démarrage : Août 2012
Lieu de réalisation : Ait Ouabane (Algérie)
Budget : 1000
Origine et spécificités du financement : Fonds des Femmes pour la Méditerranée
Les femmes kabyles sont exclues du processus de décision dans les villages kabyles. Dans le village rural de Ait Ouabane (Algérie), la femme en est pourtant le moteur économique. Dans des conditions difficiles, elle promeut l’agriculture bio, facteur fondamental de développement durable même si le secteur reste fortement dénigré et délaissé par la société. Ce village au potentiel environnemental exceptionnel achète donc pour le moment des produits agricoles souvent chers et de qualité inférieure.
– A court terme : auto-organisation et émancipation socio-économique des femmes. Revalorisation de l’agriculture, apiculture et des ressources naturelles.
– A moyen terme : conscientisation des femmes sur leur poids économique et développement de l’agriculture/apiculture/élevage bio.
– A long terme : intégration pleine de la femme dans le processus de décision villageoise et accès à l’indépendance économique, et généralisation de la production agricole bio comme moyen d’auto-gestion local.
– Organisation de marchés saisonniers des productions agricoles bio des femmes. La femme est aussi le protagoniste principal dans ce processus : 1. la planification du marché à venir en fonction des productions et saison. 2. Affichage et médiatisation, souvent en partenariat, pour garantir l’afflux de visiteurs (très important). 3. Coordination de la production des agricultrices et leur participation. 4. Acheminement des productions et réalisation du marché 5. Gestion financière et évaluation.
– Nous avons également lancé le tourisme solidaire pour les visiteurs des Ulzuz lors de la réalisation.
– Le projet rend véritablement visible l’apport économique fondamental de la femme pour le village.
– Principales actrices et bénéficiaires, les femmes défavorisées ont élevé leur estime d’elles et leur statut.
– Les recettes d’un Ulzuz équivalent à 5-10 jour de salaire journalier minimum.
– Naissance de nouvelles opportunités pour les femmes telles que la commercialisation dans les villes et le lancement d’une unité de production de confiture bio.
– La population a été amenée à sérieusement voir en la terre et les ressources naturelles des moyens d’auto-suffisance alimentaire et de développement durable.
– Le programme fait la jonction entre l’écologie, le développement durable et la question de genre.
– Malgré ses visées idéologiques ambitieuses, Ulzuz part de ce que les femmes sont prêtes à donner.
– Ulzuz exprime un besoin villageois crucial et y démontre la compétence de femmes défavorisées. Il revalorise le concept de « marché », dénigré dans la conscience collective et dans celle des femmes. Il devient organisation, exclusivité et pouvoir populaire au lieu de désordre, pauvreté et exclusion.
– La mairie d’Akbil a bien soutenu le fonctionnement logistique du projet.
– L’intégration de l’association sportive villageoise Asirem a aussi permis de mener à bien plusieurs aspects pratiques pour les préparatifs et pour le déroulement.
– Nous avons collaboré avec les villages avoisinants pour intégrer les femmes en tant que participantes à ulzuz ou faciliter leur visite pour inspiration.
– La première édition a aussi reçu un appui de la maison de la culture de Tizi-Ouzou.
– Une difficulté récurrente : les femmes veulent participer à l’exécution sans assumer le leadership ni s’impliquer dans la phase d’organisation (planification, affichage, diffusion).
– Nous n’avons pas réussi à identifier ce qui garantit l’afflux des visiteurs, ni comment fixer les dates à l’avance qui assurent qu’une récolte diversifíee sera prête pour ce jour.
– Difficulté à apprendre la culture de réunion démocratique.
– Absence de véhicule.
– Difficulté administrative croissante pour l’octroi du local de tenue d’ulzuz.
– Nous avons fait émerger de jeunes leaders ambitieuses et crédibles dans le village pour assumer la responsabilité du projet, inhabituel pour les femmes.
– Lors des Ulzuzs, nous interrogeons les visiteurs en détails sur leurs profils, leurs motifs et leurs sources d’information.
– Nous organisons des réunions de préparation et d’évaluation de plus en plus efficaces, bien documentées, où nous invitons les agricultrices avec insistance.
– Nous œuvrons à faire de l’ancienne école du village un local.
– Disposition d’un local exclusivement pour ulzuzs
– Organisation des productrices en coopérative
– Réflexion sur la tenue du marché en 2 jours au lieu d’un seul
– Développement du tourisme solidaire comme complément et moyen d’attraction de visiteurs
– Achat de matériel qui facilite la production aux agricultrices (moulins pour le couscous, machine à emballer)
– Renforcement des compétences des productrices dans leurs domaines par des formations
– Amélioration du processus de promotion.
– Nous avons formulé une idée où les femmes collaborent
– Au début, ulzuz a été pris avec méfiance. L’intégration du groupe cible, de la manière visée, prend du temps. Mais lancer des premières expériences a été décisif parce qu’elles étaient honnêtes et engagées.
– Les ulzuzs doivent être récurrents. Même avec un degré de réussite variable, les groupes marginalisés comme les femmes s’intègrent plus facilement à des initiatives établies plutôt qu’à des nouvelles.
Etude des mécanismes qui amènent les femmes à vouloir assumer des responsabilités de caractère de leadership accentué.
Etude des processus d’organisation en coopérative de femmes défavorisées et inexpérimentées.
Etude des opportunités médiatiques pour le lancement de nouvelles initatives à contre-courant.
Etude de la manière dont l’émancipation socio-économique de la femme peut accompagner l’auto-suffisance alimentaire.
Etude sur l’histoire de la femme dans le contexte kabyle, en particulier sur les mécanismes historiques peu documentés d’oppression de la femme dans la société kabyle (par exemple l’exhérédation à Djemaa N Saharidj).
1. La première édition, Octobre 2012 :
https://www.kabyle.com/agenda/ulzuz-at-wa3ban-marche-feministe-kabyle-21086
2. La deuxième édition, mars 2013
http://www.depechedekabylie.com/kabylie/tizi-ouzou/122462-ulzuz-nath-ouabane-un-carrefour-commercial-a-
Partager sur
Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0
Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**