
Démarré en 2016, le projet « Terres communes » de l’association Pensées sauvages a pour objectif de créer des jardins solidaires en ville en Ile-de-France permettant de promouvoir la participation citoyenne de TOUS les habitants et, plus particulièrement, des personnes en situation de grande précarité ou d’exclusion.
Démarrage : 1er janvier 2016
Lieu de réalisation : Ile-de-France
Budget : 20990
Origine et spécificités du financement : Fonds privés et autofinancement (prestations d’animation)
Pensée(s) Sauvage(s)
Torcy – 77200A la MJC André Philip, 22, rue du couvent
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Le projet « Terres communes », mené par l’association Pensées sauvages, a été créé suite à un constat : malgré la présence, en Seine-et-Marne, de nombreux espaces verts, la majorité de ces lieux ne permettent pas aux habitants de se sensibiliser à l’environnement dans un espace de rencontres et de lien social. De plus, la plupart des activités d’éducation à l’environnement proposées dans la Région sont payantes, excluant de ce type de dispositif les personnes les plus précaires. Les habitants ne peuvent pas donc venir gratuitement et mettre la mains dans la terre, apprendre à cultiver et à partager avec les autres leurs connaissances sur la nature et l’alimentation dans un esprit de solidarité. Le projet « Terres communes » a vu le jour afin de travailler au service du bien-être de la nature et des Hommes !
L’objectif principal est de créer des jardins solidaires permettant de promouvoir la participation citoyenne de tous, et notamment des personnes en situation de précarité ou d’exclusion, dans une approche écologique et sociale. En proposant des activités gratuites, proches des lieux de vie et favorisant le faire-ensemble, le jardin a pu être conçu comme un réel espace de synergie sociale au cœur de la ville.
Il se décline en 3 objectifs :
– Sensibiliser à l’environnement, à la citoyenneté et à la solidarité
– Proposer un environnement agréable permettant le maintien des liens et des rencontres
– Apporter un mieux-être, ralentir les effets du vieillissement, de la maladie et lutter contre la précarité et l’exclusion
Afin de réaliser ces objectifs, 3 types d’action sont mis en œuvre dans le cadre de projet :
1. Création et animation de jardins solidaires dans l’espace public ou en partenariat avec des structures sociales ou des établissements scolaires.
Le lycée Gérard de Nerval à Noisiel (77) : conception d’un potager naturel sur buttes et animation d’ateliers de jardinage collectifs hebdomadaires avec les élèves. Créer un lieu de détente, de convivialité, d’apprentissage et de co-construction des savoirs
2. Création et animation de jardins de soin en partenariat avec des établissements sanitaires et médico-sociaux. La Maison des Jeunes et de la Culture André Philip à Torcy (77) : sensibiliser à la nature dans un espace de rencontres et de synergie sociale. Accueil chaque semaine au jardin de publics adultes : des habitants et des personnes orientées par des structures sociales ou médico-sociales.
3. Prendre part à la vie locale dans une dynamique de réseau et proposer des activités de sensibilisation sur le territoire.
Pour la saison jardinière 2016, l’association a travaillé avec cette MJC et ce lycée ainsi qu’avec deux autres établissements médico-sociaux. Ce projet a permis à une centaine de personnes de participer aux ateliers de jardinage ou de sensibilisation à la nature.
Résultats quantitatifs :
– Création d’un potager naturel au sein de lycée Gérard de Nerval à Noisiel : 15 élèves et 2 professeurs participent de manière hebdomadaire aux ateliers de jardinage collectifs
– Création d’un jardin solidaire au sein d’une MJC (Maison des jeunes et de la culture) : une vingtaine de participants depuis le début de ce projet en juin 2016
Résultats qualitatifs :
– Au lycée : enthousiasme, participation active à l’amélioration de leur cadre de vie et de leur environnement, mise en valeur de l’espace, création collective du jardin comme support pédagogique disponible sur place pour aborder différents sujets (environnement, biologie végétale, déchets, alimentation, citoyenneté) et faire le lien avec les programmes scolaires, initiation et sensibilisation à la biodiversité de proximité
– A la MJC : participation active, acquisition de savoirs dans la pratique, échange autour d’une activité commune dans un lieu agréable et ouvert, redécouverte du potager avec un but alimentaire, sortie de l’isolement, motivation, ressourcement.
Le caractère innovant de ce programme repose sur son approche écologique ET sociale. Ici, le jardin devient un outil de remobilisation sociale intéressant pour travailler avec des publics fragilisés, touchés par l’exclusion et la précarité. C’est pourquoi l’objectif est de faire se rencontrer, dans les espaces créés avec les participants, des personnes d’horizons sociaux et culturels différents. Les jardins sont pensés comme des lieux de mobilisation collective au sein des territoires : chacun peut et doit pouvoir s’y investir de manière gratuite, sans inscription ou liste d’attente. Ce fonctionnement, qui minimise les contraintes pour que les jardins soient accessibles à tous, est assez unique dans la région. Cette démarche est originale surtout parce qu’elle accorde une très grande importance au décloisonnement : promouvoir la mixité, le faire et le vivre-ensemble pour que TOUS les habitants jardinent leurs villes ensemble, pour que chacun, avec les autres, deviennent acteurs de la vie de son territoire.
La Maison des Jeunes et de la Culture de Torcy; Le lycée Gérard de Nerval à Noisiel; Résidence Sénior Charlie Chaplin d’OPH 77; Résidence Charlie Chaplin Relais Jeunes 77; Hôpital de jour Daumezon (94); Association JCLT – AEMO 77; Centre d’Action Social Protestant (Paris); Le Réseau Vivre Autrement dans le Val Maubuée; Kokopelli; Cultures du Cœur 77; Communauté d’Agglomération Paris Vallée de la Marne; Entreprise Nicol Père et Fils.
Partenaires financiers :
Fondation MACIF, Région Ile-de-France, Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer
– Une multiplicité d’acteurs : la réalisation des actions dépend de plusieurs intervenants (membres fondateurs et bénévoles de Pensée(s) Sauvage(s), directeurs/trices et animateurs/éducateurs/enseignants des structures partenaires, autres intervenants associatifs…). Pour chaque projet de jardin, les besoins, envies et moyens mis en œuvre sont portés par des acteurs distincts ; ce qui peut rendre le travail collectif inefficace.
– Un démarrage sans financement. Le principal obstacle concerne le financement du projet. Au démarrage, leur activité a pu être créée essentiellement grâce à l’activité de récupération (outils, matériaux, matériel pédagogique) et, bien sûr, au fort engagement des bénévoles !
– Aujourd’hui, les actions sont mises en place, il n’y a pas de réelles difficultés pour mobiliser les publics ou initier de nouveaux partenariats. Cependant, la jeunesse de l’association ne lui permet pas encore de parvenir à une part d’autofinancement suffisante pour être indépendante des soutiens financiers externes.
– Une coordination rigoureuse : face à cette diversité d’acteurs, il est nécessaire de s’assurer que les actions en cours de réalisation correspondent clairement aux attentes des partenaires. Une coordination de projet rigoureuse et basée sur la communication est donc privilégiée : ainsi, l’association est capable de proposer des activités originales et qui répondent à des besoins spécifiques ayant pu être exprimés au préalable.
– La récupération : pour permettre la réalisation des actions sans financement, l’association a misé sur la récupération et sur un contrat passé avec la nature : par exemple, ils ont pu récolter du bois de bambou pour réaliser, avec les participants, les bacs de culture. La matière première était donc gratuite et un excellent support pour apprendre une technique de construction issue de la vannerie.
– A partir de 2017, l’association se donne pour objectif de développer son offre de prestations afin d’accroître ses interventions auprès de structures partenaires. En augmentant la part d’autofinancement du projet, Pensée(s) Sauvage(s) disposera d’une meilleure souplesse financière pour assurer son fonctionnement et poursuivre le développement de ses activités de manière durable.
– Elle poursuivra par ailleurs sa démarche de recherche de financements afin de dégager, proportionnellement chaque année, une ressource suffisante pour couvrir ses différents besoins financiers (nouveaux projets de jardin, future embauche, constitution de réserves, etc.).
– Il faut continuer à mener un effort accru dans la recherche de financements : ainsi, l’association pourra réaliser les achats nécessaires à la mise en place des activités mais pourra également envisager l’embauche d’un animateur jardin. L’objectif étant de pérenniser le projet et de consolider un poste, l’une des principales préoccupations sera de chercher à accroître la capacité de l’association à s’autofinancer (développement des prestations payantes essentiellement). Ainsi, elle pourra répondre plus largement aux sollicitations de ses futurs partenaires et continuer à s’ancrer sur le territoire de manière durable.
– En 2017, l’aventure continue avec la création de nouveaux jardins de soin ainsi que la mise en place d’ateliers en partenariat avec des écoles élémentaires.
– L’objectif d’aménager et d’animer des jardins en ville se concrétise ! Aujourd’hui, avec à peine un an d’existence, il y a déjà plusieurs sites bénéficiaires et d’autres sont à venir ! La demande et les envies ne manquent pas, notamment au sein des structures sociales et médico-sociales.
– De plus, l’association a développé une méthodologie, issue à la fois de l’éducation populaire et de l’horticulture thérapeutique, qui lui est propre. Cette pédagogie, qui allie sensibilisation à la nature, participation citoyenne et « mieux-être » des personnes, est originale et recherchée.
– Ce projet est transposable, dans toutes les villes et sur tous les territoires. Seuls sont nécessaires au démarrage : des espaces extérieurs, même restreints, la démarche de lutter pour la préservation de la biodiversité en ville, le bien-être des Hommes et l’envie de partager !
Une idée de recherche qui serait utile au projet « Terres communes » serait de s’interroger concrètement sur les effets à courts et longs termes de l’activité de jardinage sur la santé physique et psychique des personnes. Si nous savons que le jardinage peut devenir un support ergo-socio-thérapeutique, il serait intéressant d’aller plus loin en s’interrogeant sur le lien existant entre le travail de la terre, source de l’alimentation et de la vie, et la remobilisation sociale, le mieux-être, voire la maîtrise ou la disparition de certaines pathologies…
Sur les débuts de Pensée(s) Sauvage(s) : http://pepstavie.com/gabrielle-ou-la-pensees-sauvages/
• Sociologie/développement
Baudelet L., Basset F., Le Roy A. « Jardins partagés, utopie, écologie, conseils pratiques », éd. Terre Vivante (2008).
CérezuelleD. « Pour un autre développement social », ed. Desclée de Brouwer (1996).
• Jardinage naturel
Pépin D. ‘Compost et paillage au jardin, Recycler et fertiliser’, ed. Terre Vivante (2003).
Predine E. et Collaert J-P. « L’art du potager en carré, ed. Edisud (2000).
Terre et Humanisme, « Le Manuel des jardins agroécologiques », Actes Sud (2012).
• Éducation à l’environnement
De Vecchi G. et Pellegrino J. « Un projet pour… éduquer au développent durable », Delagrave (2008).
• Jardins et handicap / Horticulture thérapeutique
Ribes A. « Toucher la terre – Jardiner avec ceux qui souffrent », éd. Médicis (2005).
Richard D. « Quand jardiner soigne », Delachaux et Niestlé (2011).
JOLLIEN A. »L’éloge de la faiblesse », Cerf (1999).
Un article sur les débuts de l’association Pensée(s) Sauvage(s) rédigé par PEP’s Ta Vie :
http://pepstavie.com/gabrielle-ou-la-pensees-sauvages/
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**