Mélina Kedryna a créé en 2009 « Les jardins d’illas » en Arriège. Ici, maraîchage, petits fruits, vergers, poules pondeuses se côtoient, le tout géré uniquement en traction animale. Le but est de mettre en place une ferme pédagogique la plus écologique possible, pour le respect des hommes et de la terre.
Démarrage : Janvier 2009
Lieu de réalisation : Riverenert
Budget : 44765
Origine et spécificités du financement : Autofinancement – prêt familial
Entreprise Individuelle Les jardins d’illas
Riverenert – 09200illas 09200 Riverenert
Diplômée en animation nature (BTS Gestion et protection de la nature), Mélina a toujours souhaité sensibiliser au respect de la nature et à l’agriculture écologique. Pour cela, elle a créé en 2009 la ferme des jardins d’Illas, située à Riverenert, en Ariège. Elle produit des fruits et légumes, sur 1ha, en agriculture biologique, en agro-écologie (Nature&progrès), en traction animale. Aujourd’hui, la ferme sert de support pédagogique pour des formations pour adultes (bio-indication, traction animale, etc.).
Son objectif premier était de mettre en place une ferme la plus écologique qui soit, qui ne dépendrait pas des énergies fossiles non renouvelables, avec un bilan carbone positif donc sans impact sur le climat, qui soit viable, reproductible, et épanouissante. Son second objectif était que la ferme soit ouverte aux petits et grands pour leur donner l’envie et les moyens de vivre de manière plus respectueuse de la nature.
Le jardin est entretenu en traction animale (aucun tracteur, aucun motoculteur). Mélina ne cultive qu’en plein champs, sans utiliser de paillage plastique, ni voile de forçage, qui sont tous des composés issus du pétrole. Elle a pu mettre en place un captage permettant d’arroser par gravité, sans pompe. Elle utilise des préparations à base de plantes et une fertilisation 100% local. Les semences potagères sont produites pour les adapter au sol et au climat, sans utiliser d’hybride. Elle a développé un circuit de commercialisation extra-court (12 km). La ferme sert aussi de support pédagogique et expérimental.
Les impacts environnementaux de la ferme sont quasi-nuls : très peu d’intrants, pour la production, zéro pétrole utilisé, et pour la commercialisation, seulement 12 km aller/retour par semaine. Sur le plan social, elle accueille et conseille de nombreux porteurs de projets qui s’installent ou s’installeront à leur tour. La ferme est ouverte au grand public (porte-ouverte chaque année) et aux autres maraichers, ce qui donne naissance à des dynamiques : création de semences adaptées et mise en place d’un réseau d’échange de semences entre maraichers, création d’outils de binage en alternative au paillage plastique.
L’agriculture, même bio, qui se développe est, et c’est un comble, basé sur la consommation de pétrole et de nombreux autres intrants. Ce type d’agriculture ne permettra pas de nourrir toute la planète dans 50 ans, quand les ressources fossiles s’épuiseront. L’originalité de ce projet tient au fait que la ferme propose une autre voie, durable, toujours dans un processus d’expérimentation et de recherche pour faciliter les nouvelles installations. Le volet pédagogique du projet permet aussi de remettre l’agriculture à sa place, c’est à dire au cœur de la société.
Un partenariat a été mis en place avec Prommata, une association de promotion de la traction animale en participant à la recherche et à la création d’outil de travail du sol en traction animale. Mélina est aussi adhérente du Civam bio 09, et organise avec eux des journées de visite entre maraichers et des portes-ouvertes pour le grand public. Les comptes-rendus des expérimentations sont publiés pour les adhérents (utilisation de tourteaux locaux en amendements, essai de différentes courges, etc.)
L’installation agricole est difficile pour tout le monde, mais il est vrai que lorsque qu’on s’installe à contre-courant du modèle en place, elle l’est encore davantage. Et quand on est une femme dans un monde que les hommes ne veulent pas tous partager, c’est encore plus dur. La plus grande difficulté était celle de faire face aux préjugés. La seconde difficulté était de faire face aux aléas climatiques et aux prédateurs (vallée très humide facilitant les maladies fongiques, attaque de lièvres).
Mélina s’est formée auprès de bons formateurs, s’est documentée et a profité de bons conseils, gardant au cœur les encouragements et même les remerciements reçus. Une clôture de protection autour du jardin et des préparations à base de plantes ont été mises en place pour renforcer les légumes. Une partie des semences est produite sur place pour les adapter au climat local et au sol.
Il faudrait encore améliorer l’itinéraire technique de certains des légumes et optimiser davantage l’espace en développant de nouveaux outils de binage plus petits (houe à pousser pour deux lignes).
– Bien se former pour acquérir de bonnes connaissances techniques ;
– Bien s’équiper pour gagner du temps (l’agriculture est très énergivore et très chronophage) ;
– Bien s’entourer, être en réseau et s’enrichir de l’expérience des collègues (et vice-versa).
Pour généraliser ce type de projet, il serait bien de développer des formations pour l’installation agricole en traction animale (type formation longue Prommata) et d’aider les associations de producteurs (type Civam) dans l’accompagnement des nouveaux installés.
– Recherche et sélection de semences adaptées au climat local
– Recherche autour des préparations naturelles non préoccupantes en curatif
– Recherche en engrais écologiques locaux (type tourteaux)
Voir :
– http://www.fermesdavenir.org/ferme/les-jardins-dillas/
– http://www.prommata.org/spip.php?article226
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**