La compagnie Zéotrope a proposé pendant 4 années scolaires aux élèves d’un lycée professionnel de Villeurbanne de monter leur propre spectacle du début à la fin, ce qui a permis de les valoriser et de construire de nouvelles relations élèves/adultes.
Démarrage : 2006
Lieu de réalisation : Villeurbanne, Lycée Alfred de Musset
Budget : 2000
Origine et spécificités du financement : Lycée Alfred de Musset
Zéotrope est une compagnie de théâtre qui existe depuis 1999. Elle porte une attention particulière à l’identité des territoires et au rôle des spectateurs dans la création artistique. En 2006, elle a créé un spectacle sur le respect du règlement intérieur, joué au moins 3 fois, dans un lycée professionnel voisin. Suite à cela, le Conseiller Principal d’Education (CPE) de ce lycée a contacté la Compagnie pour un projet commun de théâtre avec une classe, durant une année scolaire. La première année a servi d’essai et de définition du projet, en travaillant sur des courts métrages et des scénarios, avant d’aboutir à un projet de création de spectacle.
– L’objectif premier est que les élèves montent leur spectacle.
– Mettre en valeur les compétences et les idées des élèves : les faire passer d’une sensation d’échec (beaucoup sont dans une voie qu’ils n’ont pas choisie) à une connaissance de leurs compétences et de leur savoir-faire, aussi bien personnel qu’acquis à l’école.
– Créer une dynamique grâce à la présence artistique et encourager les professeurs à s’emparer du projet dans leurs enseignements
Tout au long de l’année scolaire, participation d’une classe à toutes les étapes de création d’un spectacle de théâtre :
• En demi-groupe, les élèves participent à des ateliers d’improvisation pour se familiariser avec le théâtre, apprendre à connaître l’intervenant…
• Les élèves volontaires de la classe participent aux ateliers d’écriture par petits groupes / café philo, afin de réfléchir à ce que l’on veut raconter
• Ils participent ensuite, selon leur intérêt aux stages de scénographie (décors, accessoire…), de technique son, d’administration (ex : comment trouver les financements pour un spectacle)…
• Ils créent leur spectacle dans lequel professionnels (comédiens, techniciens du son, costumiers…) et élèves travailleront ensemble
• Spectacle final joué devant le lycée
Un intervenant extérieur de la Compagnie Zéotrope animait les ateliers :
• 1er trimestre : en demi-groupe (12 élèves), pendant les heures de cours
• A partir du 2ème trimestre : pendant des créneaux choisis avec les élèves et les enseignants, en moyenne une fois par semaine.
– Le projet a pris fin en raison du départ du CPE, porteur du projet.
– 4 spectacles ont été créés, dont une adaptation de Macbeth.
– En termes d’engagement, tous les élèves sont restés dans le cycle, sauf 1.
– Les résultats ont été positifs pour les élèves :
-> Rapport aux adultes et professeurs : quand le professeur s’intéresse à leur projet et à leur travail, cela les met en valeur et améliore leurs relations ; les élèves se sont rendus compte qu’ils pouvaient demander des choses aux adultes, en argumentant leur position
-> Gain en estime de soi : même ceux qui ne jouaient pas dans le spectacle en étaient fiers car c’était « leur » spectacle. Chacun a eu l’occasion de montrer ce qu’il savait faire.
– Certains professeurs se sont approprié les projets de spectacle dans leur cours : construction de décors ; prises de vidéos…
– La culture est un moyen de favoriser la communication entre des personnes venant de tous horizons. Pendant une année scolaire, des élèves et un artiste créent un territoire de partage dans lequel les élèves montent ensemble leur propre spectacle. La culture permet d’établir d’autres relations, d’apporter un autre regard sur soi et sur les autres.
– La durée du projet (sur toute l’année scolaire) laissait le temps pour les digressions, pour apprendre à se connaître et pour laisser la parole aux jeunes.
– Exceptés les ateliers d’improvisation, tous les autres étaient sur la base du volontariat. Les élèves étaient réellement maîtres du projet de création.
– Etablissements scolaires du quartier
– Réticence des élèves au début de l’année : a priori, pas un seul n’a envie de participer. Il faut 2 séances pour leur donner envie.
– Convaincre les enseignants de la pertinence du projet : différence entre leurs objectifs et ceux de l’atelier théâtre. Il faut arriver à se mettre d’accord sur l’intérêt et le contenu des ateliers. Les différences de comportement entre la classe et l’atelier peuvent provoquer des désaccords sur l’application des règles de vie.
– Coût : comédien qui intervient toute l’année et qu’il faut rémunérer, en plus des autres intervenants. Une seule classe touchée pour un investissement assez important.
– Donner envie aux élèves : cela fait partie intégrante du projet.
– Bien communiquer avec les enseignants
– Reprendre le projet dans le lycée professionnel, ou dans un autre établissement
– Faire en sorte que l’ensemble de l’établissement s’empare du projet (autres classes, corps enseignants, etc..)
– Que le spectacle puisse être joué en dehors du lycée, dans l’idéal devant un vrai public
– Honnêteté du propos et du projet : l’intervenant est là en tant que comédien, pour créer un spectacle, pas pour faire la morale. Il s’agit de faire du théâtre pour faire du théâtre, et non pour atteindre un autre objectif. Plein de choses positives se mettent en place, mais sans instrumentalisation.
– Appropriation : les élèves se rendent compte assez vite qu’il n’y a pas de censure, et qu’ils construisent leur propre spectacle
– Estime de soi : les élèves se rendent compte qu’ils sont capables et apprécient de voir leur travail valorisé, ce qui les motive
– Diversité des pratiques proposées : durant tout le cycle de l’atelier, chaque élève va trouver un moment où il est bon, et où il est valorisé, et où il va pouvoir apprendre des choses aux autres. Chacun amène sa pierre au spectacle
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**