LA LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION A MADAGASCAR PAR LA CREATION D’UNE ENTREPRISE SOCIALE
En 2006, le GRET et lRD ont distribué une farine spécifique pour lutter contre la malnutrition infantile à Madagascar. Après 4 ans, le programme a évolué en entreprise sociale, gérée corrélativement par le GRET et les acteurs locaux.
Auteurs(s)
Programme
Démarrage : 2000
Lieu de réalisation : Madagascar
Origine et spécificités du financement : Financement issu essentiellement des subventions du GRET
Organisme(s)
Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques (GRET)
Nogent sur Marne – 94736Campus du Jardin Tropical, 45 bis avenue de la Belle Gabrielle
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ORIGINE ET CONTEXTE
50,1% des enfants malgaches de moins de 5 ans souffrent d’une malnutrition chronique qui se répercute sur la croissance des enfants et leur résistance aux maladies, et entraîne des séquelles cognitives irréversibles après l’âge de 2 ans. Cela est dû à de mauvaises pratiques alimentaires et à un faible niveau de connaissance sur les besoins spécifiques de l’enfant en bas âge. Les fonds nationaux alloués à cette lutte restent faibles et les coûts restent hors de portée du gouvernement malgache.
Objectifs
A travers le programme Nutrimad, l’ONG française « le GRET » (Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques) et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ont cherché à lutter contre la malnutrition de manière durable.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
– Mise sur le marché de la Koba Aina, farine infantile spécialisée pour les enfants de 6 à 24 mois
– Dès 2000, Distribution de la Koba Aina dans des hotelin-jazakely (restaurants pour bébés) dans les quartiers populaires_ consommation sur place des repas préparés ou achat de sachets pour une consommation ultérieure
– Animatrices : gestion des Hotelin-Jazakely (entretien, préparation de la Koba Aina et ventes), « tournées mobiles » (ventes à domicile ; autonomie dans l’organisation), actions éducatives (préférer la Koba Aina au plat familial). Recettes des ventes quotidiennement reversées à Nutrimad (grâce au système de bornes Orange Money) et commission de 16% par ration vendue versée de manière hebdomadaire ou mensuelle (selon leur choix) aux animatrices
– Contrôles inopinés afin de garantir la qualité de la Koba Aina
– Encadrement des animatrices par des coachs (1 pour 8 animatrices) pour surmonter les difficultés de vente
– Education nutritionnelle (animatrices) : conseils sur les pratiques à adopter selon l’âge de l’enfant, pesées hebdomadaires des enfants, livrets d’éducation nutritionnelle distribués gratuitement
– « Animations Koba Aina » où les mères testent le produit, apprennent à le préparer, reçoivent des conseils nutritionnels.
Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs
– 1 936 414 rations vendues en 2011 ; la Koba Aina a su s’imposer comme un produit de référence (meilleure alternative au plat familial)
– A Tananarive : 16 Hotelin-Jazakely et 9 stands, soit, très large présence du produit
– Taux de notoriété de la Koba Aina de près de 100% (ménages ayant des enfants de 6 à 24 mois dans les quartiers d’implantation)
– Actions d’éducation nutritionnelles : véritable prise de conscience des mères
– 62% de pénétration du produit chez les enfants de 6 à 24 mois
– Ventes « hors-cible » représentent entre 30 et 50% des ventes totales du produit ; certains adultes peuvent prendre un repas en milieu de journée sans perte de temps et à moindre coût grâce à la Koba Aina.
Originalité
Afin de rendre son programme indépendant, le GRET a su mettre en place un système de distribution et de gestion pertinent et efficace, grâce à une collaboration directe avec les acteurs locaux.
Partenariat(s)
Université d’Antananarivo, Taf, Blédina, Agence Française de Développement, Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement, Investisseur et Partenaire pour le développement, Association pour la Promotion de l’Entreprise à Madagascar
Retour d’expérience
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
– 2006, le GRET souhaitait confier la gestion du service aux animatrices mais manque de volonté des animatrices. 2008, création d’une association regroupant des employés d’encadrement mais problèmes de management
– Faible niveau de consommation du produit par enfant (7,7% ont au moins une ration par jour). Les causes sont : le prix; la Koba Aina est considérée comme une consommation d’appoint; certaines mères refusent d’être conseillées sur l’alimentation de leurs enfants; et certaines considèrent le programme comme destiné aux « pauvres »
– Des animatrices n’atteignent pas les objectifs fixés et peinent à gagner leur vie; 107% de turn-over (2011); Problèmes sur les périmètres de vente; vols des recettes; empreints des recettes par les animatrices; mécontentements sur Orange Money (horaires et le temps perdu à attendre)
– La vente de la Koba Aina est une activité déficitaire (74.000€/an) et dépend des financements du GRET
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
– 2010, création de « Nutri’zaza » : société à capital privé de droit malgache pour rendre Nutrimad indépendant des dons (profits directement réinvestis pour l’extension du réseau des Hotelin-Jazakely et leur amélioration)
– 2007-2008, Partenariat avec Blédina : améliorer les performances économiques de la vente de la Koba Aina et créer une image de marque. Les ventes ont augmenté de manière significative dans les années qui ont suivi
– Mise en place d’une formation efficace pour que les animatrices atteignent rapidement les objectifs de ventes fixés (théorie et sur le terrain par un système de binômes) _ animatrices satisfaites
– Commercialisation de sachets à destination des populations plus aisées via les réseaux de distribution classiques
Améliorations futures possibles :
– Ouverture de 60 Hotelin-Jazakely supplémentaire d’ici 2015
– Evaluer l’impact social de Nutri’zaza (moyens, résultats), grâce à un comité d’éthique et de surveillance (anciens partenaires institutionnels et techniques malgaches de Nutrimad) _ publication annuelle d’un rapport social.
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
PRESENTATION DES FACTEURS DE REUSSITE POUR LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME
– Koba Aina : produit adapté à l’enfant en bas-âge ; prix accessible à une large majorité de la population ; qualités nutritionnelles indispensables au bon développement de l’enfant (compléments essentiels) ; conforme à toutes les normes en vigueur ; constituée à 99% de produits agricoles locaux; correspond aux goûts des malgaches ; sa préparation allie rapidité, simplicité et sécurité (farine mélangée à de l’eau froide et portée à ébullition pendant 5 minutes) ; sa consommation quotidienne (2 rations entre 6 et 12 mois, et 3 rations entre 12 et 24 mois) couvre respectivement 39 et 56% des besoins énergétiques et environ 50% des apports journaliers recommandés), et ses qualités nutritives sont bénéfiques à tout âge
– Le système par téléphone « Orange Money » permet de réduire les transferts d’argent liquide
CONSEILS POUR UNE GENERALISATION OU TRANSPOSITION DU PROGRAMME
– Les tournées doivent être à la fois régulières (fidélisation des clients) tout en laissant la possibilité de s’adresser à de nouvelles « cibles ». Les animatrices doivent être originaires des quartiers (légitimité essentielle auprès des mères)
– Lier l’équilibre et l’extension du réseau à l’accessibilité de la Koba Aina pour le plus grand nombre.
Idées de sujet(s) de recherche fondamentale ou appliquée, utile(s) pour le présent programme :
L’évaluation de l’impact réel sur la santé demeure une difficulté réelle. Il s’agit d’un des enjeux majeurs du programme.
Un autre thème intéressant avec le recul serait l’impact du passage entre programme d’ONG et entreprise social sur les aspects financiers et humains du projet.
Références
Antoine Desjonquères, Emmanuel Chéret, « Lutter contre la malnutrition à Madagascar : de l’ONG à l’entreprise sociale » FACTS Reports sous presse
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**