Observatoire

Une famille, un jardin pour nourrir les villes au Sénégal

Le projet « Une famille, un jardin pour nourrir les villes » porté par le Centre d’Écoute et d’Encadrement pour un Développement Durable, vise à former 360 femmes en micro-agriculture urbaine, transformation et conservation des produits, gestion organisationnelle, et communication. L’objectif est leur mise en coopératives autonomes appuyée par la sensibilisation des populations et le plaidoyer auprès des autorités.

Auteurs(s)

Oumy
Seck

Programme

Démarrage : 1er Septembre 2015

Lieu de réalisation : Ville de Thiès

Budget : 62593

Origine et spécificités du financement : 79% du projet est financé par la Fondation de France, 8% par le Prix de la Fondation de France, 3% par le Prix Marie-Lise Semblat

Organisme(s)

Centre d’Écoute et d’Encadrement pour un Développement Durable

Thiès – 21000

344, Quartier Mbour 1

6Salariés

7Bénévoles

360Adhérents

Site internet

Média sociaux

ORIGINE ET CONTEXTE

Au Sénégal, le taux de pauvreté s’élève à 47% et affecte plus lourdement les femmes, souvent placées dans une impasse sur le plan socio-économique: marginalisées, sans opportunités d’emploi ni d’espaces agricoles pour subvenir aux besoins de leur famille dont elles ont la responsabilité au quotidien. Dans la ville de Thiès, le taux de malnutrition s’élève à 10% et touche principalement les femmes et les enfants. La commercialisation des produits locaux est très difficile pour les habitants de Thiès, ces produits sont caractérisés par des insuffisances qualitatives et quantitatives, par le manque de capacité de stockage et de transformation. C’est en réponse à ce contexte et dans l’objectif de réduire ces inégalités que le Centre d’Écoute et d’Encadrement pour un Développement Durable (CEEDD) a conçu ce projet afin d’améliorer la situation des femmes par le renforcement de leurs capacités et en améliorant l’accès à une alimentation de qualité et une meilleure nutrition pour les ménages.

Objectifs

– Renforcer les capacités techniques de 200 femmes dans la micro-agriculture par la formation dans deux modules complémentaires de traitement des sols et des plantes, et de confection des tables.
– Accompagner 360 femmes dans leur mise en coopératives autogérées de production, de transformation, de conservation et de commercialisation.
– Conduire un plaidoyer auprès des autorités et sensibiliser les populations sur les enjeux de l’agriculture durable et les opportunités de la micro-agriculture.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

– Formation de 200 femmes aux techniques de traitement des sols et des plantes ainsi qu’à la confection des tables de micro-agriculture.
– 30 formatrices ont suivi les modules de conservation et de transformation des légumes et ceux de communication.
– Mise en place de 6 structures coopératives de 60 femmes suite à leur formalisation et leur légalisation.
– Elaboration d’un document de plaidoyer à destination des autorités et des causeries autour de l’agriculture urbaine; et organisation d’ateliers de suivi et d’une foire annuelle de la micro-agriculture

Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs

Les actions mises en oeuvre ont permis à la majorité des bénéficiaires d’exercer une activité rémunératrice en plus de leur activité formelle. Selon le rapport ex-ante du projet, 12 femmes sur 19 interrogées sont actives dans le petit commerce grâce au micro-jardinage et développent leur autonomie financière, la plupart de ces femmes envisagent l’extension de leur jardin.
Le respect de l’environnement étant au coeur de la démarche du CEEDD, les pratiques enseignées aux femmes s’inscrivent dans une dynamique durable privilégiant les techniques et produits naturels, permettant ainsi l’enrichissement des sols et participant au développement durable de Thiès. Elles peuvent d’autant plus démultiplier ces pratiques à leurs proches et aux femmes désireuses d’apprendre le micro-jardinage.
Leurs productions permettent aussi aux membres des ménages de bénéficier d’une meilleure alimentation et nutrition, environ 3 600 personnes seront bénéficiaires directs des retombées du projet.

Originalité

La micro-agriculture est un type d’agriculture parfaitement adapté aux espaces restreints des villes. Cette pratique représente le retour des pratiques traditionnelles du potager associé à l’utilisation des techniques innovantes. L’activité se révèle aussi très propice à l’imitation par sa diffusion dans les ménages et quartiers.
Ce projet offre une méthode organisationnelle originale et utile puisqu’elle permet aux formatrices de dupliquer dans chacun de leur groupe les formations qu’elles ont suivies, assurant la répartition égale des connaissances.
L’originalité du projet réside de plus dans l’utilisation de l’énergie solaire par le séchage et la cuisson des produits cultivés, pour lutter contre le gaspillage et diminuer l’empreinte écologique. Le CEEDD utilise aussi des méthodes alternatives grâce aux pratiques de recyclage, de compostage, de fabrication de semences ainsi que l’utilisation des matériaux de récupération pour les micro-jardins.

Partenariat(s)

– le Conseil Départemental
– les mairies communales
– la Coopération Décentralisée Thiès-Cergy.
– Le CEEDD a reçu 6 jeunes déscolarisés de Cergy qui ont travaillé avec des bénéficiaires à l’élaboration de tables améliorées et d’un compost.
– le District sanitaire de Thiès
– le Service Départemental du Développement Rural
– Certains services décentralisés (Eaux et Forêts, Planification, Hygiène) se sont sentis concernés et des rencontres sont envisagées avec le CEEDD afin de formaliser ces engagements.

Retour d’expérience

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

Des contraintes de production ont été rencontrées lors du démarrage en période d’hivernage, cette saison étant marquée par de fortes pluies. La mise en place des dernières formations fut aussi contrainte par les fêtes de fin d’année, qui durent être étalées jusqu’au mois de janvier, retardant de quelques semaines le calendrier initialement suivi.
Les bénéficiaires sont aussi souvent limitées dans le développement et l’extension de leur jardin par manque d’espace disponible au sein de leur foyer.
L’autre difficulté a été de permettre à toutes les femmes bénéficiaires de reproduire chez elles certaines pratiques apprises lors des formations. En effet certaines d’entre elles ont parfois des difficultés à reproduire quelques unes des techniques de micro jardinage chez elles, comme la confection des tables de micro-jardin qui s’avère être une activité assez complexe à réaliser.

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

Pour dépasser les difficultés liées au calendrier (fêtes de fin d’année et période d’hivernage), il a fallu décaler les formations et réunions afin de s’adapter aux disponibilités de chacune.
Pour palier aux limites des espaces cultivables au sein du foyer, le CEEDD tente aujourd’hui d’acquérir des terrains partagés dans la ville de Thiès. Des négociations sont en cours avec les autorités, dans le cadre du projet « Produire et consommer local en milieu urbain » prévu pour 2017, afin que les coopératives aient accès à un jardin partagé, en dehors de leur maison.
Pour répondre aux difficultés éprouvées à reproduire certaines techniques, des supervisions ont été mises en place dès le début du projet afin d’aider à la mise en place des tables chez les bénéficiaires et des réunions mensuelles sont prévues pour compléter les formations.

Améliorations futures possibles :

Les coopératives vont devoir disposer de terrains suffisamment étendus en milieu urbain afin de développer la production ainsi que la commercialisation de leurs plantes et légumes frais et transformés. Chaque coopérative devrait pouvoir avoir accès à un terrain en zone urbaine ainsi qu’un espace collectif dédié aux échanges des pratiques agro écologiques, aux expérimentations de l’agriculture urbaine ainsi qu’à l’exposition des produits. Le CEEDD va mettre en place ce projet pour le début d’année 2017. Ce centre constituera une innovation organisationnelle assurant l’autonomisation de ces coopératives par la production mais aussi un pôle d’innovation en matière de pratiques et techniques agricoles.

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

Les facteurs de réussite s’appuient sur les caractères collectif et durable du projet. Il répond tout d’abord aux besoins des bénéficiaires puisqu’il participe directement à l’amélioration des conditions de vie des populations concernées. Le projet est de plus conçu de manière à leur apporter les compétences essentielles à la micro-agriculture, ainsi que les aptitudes fondamentales qui leur permettront d’argumenter sur les enjeux du développement durable auprès de leurs proches et des autorités. Ceci induit une forte capacité de généralisation et duplication des bénéficiaires capables d’accompagner les femmes désireuses de s’initier au micro-jardinage et d’intégrer une coopérative.

Idées de sujet(s) de recherche fondamentale ou appliquée, utile(s) pour le présent programme :

– nouveaux substrats adaptés aux terres et à leur environnement serait très utile pour ce projet
– des moyens naturels pour lutter contre les ravageurs tels que la mouche blanche ou les oiseaux pourraient être explorés
– questions autour d’un système d’économie d’eau sont aussi fondamentales dans notre programme

Références

“Agroécologie en Afrique de l’Ouest et du Centre: réalités et perspectives” Revue Grain de Sel, Inter-Réseaux Développement Rural, (2013-2014)
Boland, J. « L’agriculture urbaine, La culture des légumes en ville » Série Agrodok, n°24 (2005)
Côté, C. “Semer les graines de l’agroécologie à l’échelle de l’Afrique, est-ce possible?” Maîtrise en environnement, Université Sherbrooke (2014)
« Les micro-jardins du Sénégal », Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (2010)
“Manuel de micro-jardinage du CEEDD”, CEEDD (2014)
Schilter, S. « L’agriculture urbaine à Lomé » Editions IUED-Karthala, Economie et Développement (1991)
Sposito, T. « Agriculture urbaine et périurbaine pour la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest. Le cas des micro-jardins dans la municipalité de Dakar » Doctorat ingénierie agraire, Université de Milan (2009-2010)

Partager sur

Comité de lecture
Date de lecture de la fiche
11/10/2016
Localisation
Sénégal
cote-d-or
Appréciation(s) du comité
A généraliser !Initiative achevée
Domaine
Education et formationEnvironnementAgricultureAlimentationAménagement, développement local
Type de structure
Association, collectif, ONG
Envergure du programme
Locale
Bénéficiaires
FemmesPopulation urbaine
Type d’action
Services d’accompagnement Formation, gestion, aide technique, juridique…
Type d’objectif
Préservation de la qualité / fertilité des solsValorisation du patrimoine technique (savoir-faire)Sensibilisation des consommateursMaintien et/ou création direct(e) d’emplois
Localisation
Licence

Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0
Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**