Le Kenya Agricultural Carbon Project (Projet Carbone Agricole Kényan), créé par l’ONG Vi Agroforestry, innove en définissant et en établissant des projets financiers et climatiques dans le secteur agricole. Les petits agriculteurs perçoivent les bénéfices des réductions des gaz à effet de serre grâce à une gestion durable des terres agricoles et à un système de suivi pour la gestion durable des terres agricoles (SALM – sustainable agricultural land management).
Démarrage : 2012
Lieu de réalisation : Kenya
Origine et spécificités du financement : La Fondation Vi Planterar träd, l’Agence suédoise pour le développement international, La Banque Mondiale (Fonds BioCarbone)
Dans la région de l’Ouest du Kenya, la population est nombreuse et dense. De plus, elle est composée de foyers ruraux et pauvres au sein desquels les enfants souffrent souvent de malnutrition. Le Projet Kénian de Carbone Agricole (KACP – Kenya Agricultural Carbon Project), mis en place par l’ONG Vi Agroforestry, est le premier projet carbone financier en Afrique concernant l’agriculture et les sols et bénéficiant aux communautés rurales et aux petits agriculteurs. Le KACP est étroitement intégré au programme Vi Agroforestry East Africa (Vi Agroforestry en Afrique de l’Est). Vi Agroforestry est une organisation suédoise, non gouvernementale et à but non lucratif. Elle compte près de 30 ans d’expérience dans le développement communautaire en Afrique.
L’objectif principal du programme consiste à améliorer les conditions de vie de 250 000 foyers agricoles grâce à une utilisation durable des ressources du bassin du lac Victoria. Le programme soutient des groupements agricoles pouvant être des organisations communautaires, des groupes d’intérêt, des groupes de formation et des associations de services financiers. Grâce à la vulgarisation agricole, Vi Agroforestry cherche à augmenter la productivité des petits agriculteurs et à améliorer leur résilience face aux changements climatiques. De plus, elle utilise le piégeage du carbone comme un avantage connexe qui sera commercialisé. Le projet est présent depuis près de 6 ans dans les provinces de l’Ouest et du Nyanza où les 2 sites de mise en place du projet Kisumu et Kitale couvrent 22 500 ha. Afin de calculer les crédits-carbone, le KACP utilise une méthode basée sur une ABMS (activity baseline and monitoring survey – activité de référence et enquête de suivi) et sur une estimation des évolutions du stock de carbone contenu dans le sol en utilisant une référence.
– Formation pour les chargés de mission et les formateurs fermiers désignés par les groupements. Vi Agroforestry utilise des méthodes tels les écoles agricoles sur le terrain, les parcelles de démonstration, le tourisme agricole et les visites d’étude
– Les vulgarisations sur le terrain se décomposent en cinq étapes : 1) Un diagnostique microlocal et régional, 2) Une sensibilisation et une mise en confiance des groupements agricoles, 3) Un recrutement des groupements agricoles inscrits, 4) Une planification stratégique, des formations et des conseils à propos du SALM, 5) Un soutien aux activités de traitement des cultures, de commercialisation et d’achats d’intrants afin de renforcer les groupements et de valoriser les cultures.
– Afin d’augmenter la fertilité du sol et les rendements des cultures, les fermiers investissent en travail et en intrants ; par exemple avec des graines et des systèmes d’irrigation à petite échelle
– La vulgarisation agricole soutient la mise en place des écoles agricoles sur le terrain et identifie des fermiers expérimentés pouvant servir de référent
– 2 approches de suivi différentes pour les systèmes ABMS : Permanent Farm Monitoring (PFM – Suivi Fermier Permanent ) et Farmer Group Monitoring (FGM – Suivi Fermier Groupé). Le PFM est entièrement mis en œuvre par les agents de terrains de Vi Agroforestry dans les fermes-échantillons permanentes et il fournit une enquête représentative de l’ensemble de la zone du KACP. Il sert à établir les conditions de référence globales du KACP et à procéder à une estimation préalable des émissions de GES réelles et de ses réductions dans l’ensemble de la zone du projet. Dans le FGM, les fermiers relèvent eux-mêmes annuellement les données et les rapportent aux agents de terrain par le biais d’un puissant système de vérification et d’agrégation de données. Les résultats du groupe de suivi servent aussi de référence pour répartir les crédits-carbone aux divers groupements agricoles.
– Durant la phase de soutien intensif (1 à 4 ans), le conseiller de terrain du KACP travaillera chaque année dans une localité avec 600 fermiers qu’il aura préalablement recrutés. Ainsi, un total de 2 400 à 3 000 foyers auront participé au projet à la fin de ces quatre années.
– Ces 9 dernières années, plus de 90 % des agriculteurs ont adopté les pratiques du SALM
– Le KACP estime que la somme des revenus du carbone à son cours actuel serait inférieure aux 20 % d’augmentation des revenus générée par l’amélioration des rendements agricoles. Les revenus du carbone sont partiellement utilisés pour couvrir les frais de la vulgarisation agricole
– Le projet a été accepté avec succès en mai 2012, et les premiers crédits carbone ont été reçus
– Jusqu’à présent, Vi Agroforestry a employé plus de 60 000 petits agriculteurs sur 45 000 ha
Pour la première fois, tout en améliorant la productivité agricole et la résilience face au changement climatique, des petits agriculteurs d’Afrique percevront des bénéfices des réductions de gaz à effet de serre grâce à une gestion durable des terres agricoles.
N/A
– Pour les fermiers, la réussite est liée à l’augmentation des rendements agricoles adaptés aux risques, à la sécurité alimentaire et aux bénéfices des revenus du carbone Aussi, chaque groupement agricole décide comment investir l’argent du carbone
– Le programme est efficace en terme de collecte de données et s’intègre facilement à des systèmes de soutien aux projets de vulgarisation agricole
– La sensibilisation comme les consultations des populations sont des éléments clefs pour l’intensification future de la gestion durable des terres agricoles
– ABMS : Cette méthode est un bien commun pouvant être utilisé de par le monde dans des conditions agroécologiques variées.
– Elle permet d’éviter les fausses attentes et d’informer clairement sur le montant des revenus carbone que le projet pourrait générer
– Afin de garantir des comptes justes et précis, la comptabilité et le suivi du carbone doivent s’appuyer sur les principes de pertinence, d’exhaustivité, de régularité, de transparence, d’exactitude et de conformité
– Les systèmes de suivi doivent être transparents pour les fermiers réduisant activement leurs émissions dans les zones du projet afin de garantir l’appropriation du carbone piégé et la redistribution équitable des revenus
– Un agent de vulgarisation agricole couvre une zone de 1 000 ha. La vulgarisation agricole, plus intense au début, diminue au fil du temps. Le temps investi au début du projet pour sensibiliser les fermiers permet de démontrer les avantages des pratiques agroforestières et de soutenir la constitution des groupements agricoles, condition préalable pour toute aide à la vulgarisation agricole.
Tennigkeit, T. “Carbon Intensification and Poverty Reduction in Kenya : Lessons from the Kenya Agricultural Carbon Project” FACTS Reports (2013) in press
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**