Sukhali: renforcement des capacités des femmes en micro-agriculture durable au Sénégal
Crée en 2011, ce projet consiste en la formation de 60 femmes aux techniques de l’agriculture urbaine et à leur accompagnement dans la commercialisation des produits pour lutter contre la pauvreté et la malnutrition tout en promouvant des pratiques respectueuses de l’environnement au Sénégal.
Auteurs(s)
Programme
Démarrage : 2011
Lieu de réalisation : Thiès, Sénégal
Budget : 19879
Origine et spécificités du financement : Agence des Micro-Projets (AMP)
ORIGINE ET CONTEXTE
La crise alimentaire et financière de 2008 a accentué la situation de pauvreté et de malnutrition dans le département de Thiès. Face à ce constat, le Centre d’Ecoute et d’Encadrement pour un Développement Durable (CEEDD), avec son partenaire Sukhali, ont vu dans la micro-agriculture urbaine la solution contre ces deux fléaux. C’est ainsi qu’a été lancé, depuis 2011, un vaste programme de formation de 400 femmes aux techniques de micro-agriculture, puis de renforcement de leurs capacités organisationnelles et techniques dans lequel s’intègre le présent projet.
Objectifs
– Lutte contre la pauvreté par le renforcement des capacités agricoles, organisationnelles et de leadership des femmes au sein du foyer et de la communauté afin qu’elles deviennent motrices de développement.
– Sécurisation des approvisionnements en aliments sains et diversifiés.
– Augmentation des revenus des foyers, diminution du gaspillage alimentaire et de l’empreinte écologique des foyers.
– Sensibilisation de la population aux enjeux sanitaires, économiques et environnementaux liés à la micro-agriculture durable.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
– Formation de 60 femmes aux techniques de micro-agriculture urbaine et sensibilisation aux techniques de transformation et de conservation des légumes.
– Visites à domicile pour accompagner les femmes dans la mise en place de leurs jardins et la vente de leur production.
– Organisation de réunions mensuelles entre les bénéficiaires.
– Actions régulières de sensibilisation et de communication (organisation d’une foire d’exposition des produits et d’une exposition). Deux évaluations seront réalisées à mi-parcours et à la fin du projet.
Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs
– 45 femmes ont été formées aux techniques de micro-jardinage et ont installé 3 tables de culture chez elles tout en recevant 6 variétés de semences. Les 15 femmes restantes seront formées en septembre.
– 10 femmes sont visitées chaque semaine dans le cadre du suivi régulier. Un cinquième des femmes formées commençait à récolter les premières productions 3 mois après la formation.
– Chaque réunion mensuelle a réuni une quarantaine de femmes bénéficiaires désireuses d’échanger sur les bonnes pratiques et de partager des conseils.
Originalité
– Des cibles privilégiées: favoriser l’agriculture urbaine et soutenir les femmes dans cette pratique.
– Un caractère transversal: objectifs de lutte contre la pauvreté et d’autonomisation des femmes ainsi que de promotion d’une pratique agricole durable et respectueuse de l’environnement.
– Sensibilisation à l’adoption d’une alimentation saine et équilibrée.
– Suivi régulier et personnalisé sur une période d’un an de chaque bénéficiaire, afin de favoriser au maximum le transfert de compétences et l’acquisition des pratiques de micro-jardinage.
Partenariat(s)
– Sukhali avec l’association sénégalaise du CEEDD: appui technique dans la mise en place du projet.
– Le CEEDD avec la coopération décentralisée de Cergy à Thiès: représentation de la commune de Thiès par le CEEDD auprès de Cergy au niveau de l’agriculture, soutien logistique de la coopération Cergy au CEEDD.
– Le CEEDD avec le Service Départemental du Développement Rural de Thiès: appui technique et logistique.
Retour d’expérience
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
– Le mois du Ramadan a retardé les activités et le lancement du suivi régulier.
– La survenue de la saison des pluies (juillet à septembre) a entraîné des détériorations des cultures et des pertes de semences chez certaines bénéficiaires ou des retards de plantation. La saison des pluies a aussi provoqué une attaque massive des cultures par les mouches blanches, obligeant les bénéficiaires à traiter naturellement leurs productions.
– La disponibilité des bénéficiaires est parfois limitée ce qui peut entraver une bonne pratique du jardinage.
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
– L’équipe du CEEDD chargée du projet a mis en place un système de suivi rigoureux, régulier, direct et de long terme pour répondre aux difficultés identifiées.
– La sélection des bénéficiaires a été renforcée avant que le programme ne commence afin d’être sûr que celles-ci sont vraiment motivées à entretenir leur micro-jardin sur le long terme.
– Le CEEDD a également fait l’effort de regrouper ses bénéficiaires en fonction de leur zone géographique afin de permettre un effet de solidarité et d’entraide.
Améliorations futures possibles :
– Intégrer davantage les anciennes bénéficiaires afin qu’elles fournissent des conseils aux nouvelles bénéficiaires.
– Renforcer ces formations de base en micro-agriculture avec l’enseignement d’autres pratiques telles que la production de semences: les bénéficiaires formées dans ce projet seront intégrées au sein d’un programme de 3 ans visant leur renforcement de capacités puis en leur mise en coopératives agricoles autonomes.
– Créer des jardins partagés dans les espaces abandonnés de Thiès.
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
Le micro-jardinage est accessible à tous et duplicable dans les ménages nécessiteux pour peu qu’ils disposent chez eux d’un espace approprié. Les conditions nécessaires à cette transposition sont la formation technique, applicable à plus grande échelle, un fonds d’investissement, une bonne gestion, un suivi régulier et l’engagement des femmes à long terme. Aussi, le principe de duplication par la formation permet à chaque femme formée de sensibiliser son entourage. Le CEEDD a également visé l’éducation en mettant en place des ateliers pour les enfants afin de les sensibiliser à la consommation de légumes, au développement durable, tout en leur apprenant à manier la terre.
Idées de sujet(s) de recherche fondamentale ou appliquée, utile(s) pour le présent programme :
Toutes recherches visant à l’amélioration des pratiques de l’agriculture urbaine dans le respect du développement durable seront utiles pour ce projet: les travaux portant sur le tri des déchets et leur récupération en Afrique peuvent définitivement être utilisés pour améliorer l’approche qui est adoptée actuellement. Néanmoins, en ce qui concerne la pratique mise en oeuvre par ce projet, il faudrait vraiment encourager la recherche visant à promouvoir les techniques agro-écologiques, la permaculture ainsi que la production de semences libres de droit, reproductibles et biologiques.
Références
Robineau,O. « S’intégrer pour se pérenniser : pratiques d’agriculteurs urbains dans trois villes du Sud », Espaces et Sociétés, 2014/3 n°158, p. 83-100.
Bricas, N. « Nourrir les villes par la production familiale locale en Afrique de l’Ouest », CIRAD, Campagne Alimenterre (2011).
Smith, O., Moustier P., Mougeot L. et Fall A. « Développement durable de l’agriculture urbaine en Afrique francophone: Enjeux, concepts et méthodes », CIRAD (2004).
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**