SoliFoodWaste : quand l’anti-gaspi handi-solidaire change d’échelle
L’association Handicap Travail Solidarité a pour mission de promouvoir l’insertion économique et sociale des personnes handicapées par le travail. Après avoir mené des activités de transformation de pain invendu au sein d’ESAT (Établissements et services d’aide par le travail), elle développe aujourd’hui le projet ambitieux SoliFoodWaste de transformation d’invendus à une échelle industrielle.
Auteurs(s)
Programme
Lieu de réalisation : Saint Herblain, Loire Atlantique
Organisme(s)
Handicap Travail Solidarité
Saint-Herblain – 448008 Avenue des Thebaudières
ORIGINE ET CONTEXTE
Le cœur d’action de l’association Handicap Travail Solidarité (HTS) vise l’insertion économique des personnes handicapées. Après s’être lancée dans la transformation de pains invendus pour la consommation animale avec le projet « Le Pain du Cœur », puis dans le projet « SoliPain » pour les transformer en biscuits sucrés dans des ESAT, HTS s’est également intéressé à la possibilité de transformer les fruits de supermarchés invendus au sien du projet « SoliFruits ».
Fort de ces expérience, le nouveau projet SoliFoodWaste représente un passage à une échelle industrielle de son action anti-gaspi, face à la nécessité d’un changement d’échelle pour atteindre le seuil de rentabilité de son activité. Ce changement d’échelle est rendu possible par l’obtention d’un financement européen LIFE dédié aux projets liés à l’environnement et au climat. Une partie des bénéfices de cette montée en puissance de leur action sera versée à des associations environnementales et à des banques alimentaires.
Objectifs
• Développer un nouveau modèle économique de transformation d’invendus à échelle industrielle
• D’ici 2030, avoir 60 unités de production essaimées sur le territoire français, dont 25 usines et 35 petites unités au sein d’ESAT
ACTIONS MISES EN OEUVRE
SoliPain:
• Récupération du pain invendu dans des magasins de grande distribution et dans plusieurs boulangeries. Tous types de pains sont récupérés, mais seul le pain blanc peut être utilisé dans les recettes. Un échange a été initié avec la biscuiterie Baramel pour le pain restant.
• Fabrication de biscuits dans 2 ESAT, dont un partenaire dans le projet et un participant en tant que prestataire de service. L’activité de fabrication de biscuits est adaptée aux personnes sans formation en pâtisserie et/ou en fin de cycle dans l’ESAT.
• Vente des biscuits dans des épiceries zéro-déchet.
• SoliFruits: projet de fabrication de confitures à base de fruits invendus – en phase de R&D et d’identification d’ESAT.
Projet SoliFoodWaste :
HTS travaille actuellement pour mettre en place:
1) Des petites unités de production dans les ESAT, avec environ 10 personnes par ESAT. Les ESAT travailleraient de manière indépendante – SoliFoodWaste leur fournirait un manuel ainsi qu’une formation théorique et pratique leur permettant de mettre en place la production eux-mêmes. Les ESAT devront identifier leurs propres sources d’approvisionnement en invendus et débouchées de ventes et développer leur propres recettes en fonction des produits locaux.
2) Une usine, représentant un passage à une échelle de production industrielle, pour laquelle seraient recrutées des personnes en situation de handicap à travers les ESAT, dans le cadre du dispositif de travail « hors les murs. » Il s’agirait de personnes nécessitant moins de suivi médical et d’accompagnement.
• En ce qui concerne la logistique de collecte, une étude de faisabilité est en cours avec la Poste pour potentiellement associer la distribution du courrier à la récupération du pain invendu
• Choix du lieu de l’usine – plusieurs contraintes :
◦ Distance des ESAT et accessibilité en transports en commun
◦ Distance des fournisseurs : aimeraient s’installer près du MiN (Marché d’intérêt général) pour être proche des grossistes, mais les terrains dans cette zone ne sont pas adéquats
• Mise en place de nouveaux partenariats pour le pain invendu avec les grandes surfaces et les chaînes de boulangeries industrielles, pour éviter les ruptures de stock.
• Création d’une nouvelle marque reflétant les valeurs sociales et environnementales du projet, accompagnée d’une révision des prix pour être rentables (sous le projet SoliPain, les biscuits étaient vendus à perte).
Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs
Le projet SoliFoodWaste n’ayant pas encore été mis en place, il n’y a pas encore de résultats à partager
Impacts environnementaux anticipés :
◦ Réduction de gaspillage alimentaire
◦ Des emballages recyclables ou compostables seront utilisés
Impacts sociaux anticipés :
◦ Insertion des personnes handicapées
◦ Dans les usines, une formation dans l’utilisation des machines industrielles permettra une sortie éventuelle vers l’emploi dans des grands groupes agroalimentaires
Originalité
• La transformation d’invendus à une échelle industrielle
• Un projet faisant des personnes handicapées des acteurs de la transition alimentaire et de la lutte contre le changement climatique
Partenariat(s)
• Partenaires du projet SoliFoodWaste : AG2R, Bouygues Construction, CCAH, Expliceat, Fondation Daniel & Nina Carasso, Fondation Legrand, Fondation SNCF, Fondation Terre Solidaire, Legrand, Minoterie Girardeau, Nantes Métropole, Programme National pour l’Alimentation, Fonds pour le développement de la vie associative, Fondation Air Liquide, Fondation Caritas France, Fondation Carrefour, FONDES, Icam, La Boulangère, La Poste, Région Pays de la Loire, Syndex, Terre Plurielle (Fondation d’entreprise de Bouygues Construction), Laiterie Vrai, Zippy Travel
• ESAT participant au projet SoliFoodWaste : Adapei 44 (Loire Atlantique), Ateliers de la Cholière, Biocat, Sésame Services
• Donateurs d’invendus : Carrefour, Casino, Compagnie Fruitière, Fruidor (bananes), Intermarché, Secours Populaire Français, Système U (Super U), Val Nantais (maraîchers)
Retour d’expérience
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
• Une concurrence accrue pour les invendus de pain, qui s’accentue avec un nombre croissant de boulangeries tentant de réduire leur gaspillage
• Pour le moment, en tant qu’association d’intérêt général, HTS peut défiscaliser les dons d’invendus. Cependant, il est probable que le projet SoliFoodWaste, avec le passage à une échelle industrielle, dépasse à terme les 60 000 euros de chiffre d’affaires autorisés. Cela nécessitera un changement de statut et signifiera que HTS ne pourra plus émettre de reçus fiscaux.
• Le passage à une échelle industrielle implique la robotisation de certaines tâches et l’utilisation de machines, mais certains types de handicap sont plus adaptés au travail à façon, et certaines machines peuvent poser un problème (exemple: machines trop bruyantes pour les personnes autistes)
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
• Recherche de nouveaux partenaires pour le pain invendu, et diversification avec les fruits et les légumes invendus qui sont disponibles en volumes plus importants
• Grâce au projet industriel, HTS pourra se distinguer d’autres acteurs de l’anti-gaspillage en acceptant des plus grands volumes d’invendus
• Les invendus coûtent cher aux grandes entreprises, donc HTS leur permettra de faire des économies même sans défiscalisation. Pour les plus petits acteurs (agriculteurs ou coopératives), HTS pourra envisager l’achat des fruits et légumes invendus
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
• L’étendue possible de la gamme dépend de l’échelle de l’activité: sur des petits volumes avec peu d’accord d’approvisionnement, il est possible de proposer une plus grande gamme de produits et des recettes innovantes, c’est ce qui permet de différencier la marque et justifier des prix plus élevés. Au contraire, à plus grande échelle, il est nécessaire de produire une plus petite gamme de produits classiques à prix compétitifs.
• Les financements publics (ex: mutuelles, donc HTS dépendait avant) deviennent de plus en plus rares, il faut donc chercher d’autres modèles et optimiser l’utilisation des fonds pour un passage à une échelle supérieure et rentable.
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**