Projet Petit Entrepreneuriat Rural en Casamance (Sénégal)
Nourrir leur famille et leur village avec des aliments sains et locaux, partager leur expérience avec les villages voisins et développer des activités de production communes: voici les objectifs que se sont fixées les femmes de Karthiack, réunies depuis 30 ans au sein du groupement Keloum-Kouhane.
Auteurs(s)
Programme
Démarrage : 2007
Lieu de réalisation : Sénégal – Casamance – Département de Bignona – Communes rurales de Karthiak et Thionk Essyl
Budget : 37900
Origine et spécificités du financement : Sur deux ans : Région PACA (35 000€) – Fondation RAJA (15 000€) – Ivory Foundation (20 000€)
Organisme(s)
Institut de Coopération pour le Développement en Afrique (ICD-Afrique)
Kartiak
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ORIGINE ET CONTEXTE
Dans les années 1980, suite à une sécheresse particulièrement violente et de graves conséquences sur la production rizicole, les femmes du village de Karthiak décident de se rassembler pour produire ensemble les aliments qui vont inévitablement manquer avant la prochaine récolte de riz et ainsi nourrir leurs familles. Elles se lancent alors ensemble dans le maraîchage sur une parcelle cédée par une famille du village. Le Groupement d’Intérêt Economique (GIE) Keloum-Kouhane est né.
Objectifs
– Développer les activités biologiques
– Les femmes du GIE ont l’ambition de partager leur expérience avec d’autres groupements féminins dans le but d’assurer une alimentation saine et équilibrée en toutes saisons au plus grand nombre.
– Plus largement, ce programme est également un formidable outil d’autonomisation des femmes.
ACTIONS MISES EN OEUVRE
– Les femmes de Karthiak ont recours à des procédés de production biologique, pour lesquels elles se forment, tant en termes de maraîchage que d’élevage, en participant notamment à des stages au sein de la ferme école Kavdara.
– L’Institut de Coopération pour le Développement (ICD) en Afrique les soutient dans la création d’une coopérative de transformation de produits biologiques gérée de manière commune avec d’autres GIE féminins.
– Cette action s’accompagne de formations en gestion administrative, financière, en bonne gouvernance associative, mais aussi en transformation de fruits et légumes et en maintenance des équipements.
Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs
– Ce programme a un impact très positif sur l’environnement et sur la santé des populations grâce à une alimentation biologique, saine et équilibrée toute l’année.
– Si aujourd’hui une soixantaine de familles bénéficient de ces bienfaits, à terme, grâce au partage d’expérience, ce sont plus de 300 familles qui consommeront des légumes, des fruits et de la volaille biologiques tout au long de l’année.
– L’impact est également économique et social puisque les surplus de production vendus visent à assurer l’autonomie financière de ces femmes et la coopérative leur permet de développer d’autres activités par la suite.
Originalité
– Les formations sont dispensées à des femmes volontaires qui deviendront elles-mêmes formatrices des autres membres du GIE: un mode d’apprentissage adapté et novateur qui permet le partage d’expérience.
– Ce programme rassemble plusieurs GIE féminins au sein d’une même coopérative de transformation, d’achat et de vente, ce qui est une première sur ce territoire et ce qui donne lieu à une grande diversité de produits, à un meilleur pouvoir de négociation ou encore à des achats mutualisés de matériel qui permettent de réduire les coûts.
Partenariat(s)
– ICD-Afrique qui coordonne le programme à travers son antenne locale et son équipe de professionnels sur le terrain.
– Des partenaires experts en agro-foresterie qui dispensent les formations.
– Institutions locales, comme le Conseil départemental de Bignona, particulièrement impliqué.
– La Chambre de Commerce et d’Industrie pour l’accès au crédit et aux formations
– L’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA) aura le rôle d’expérimenter ce modèle pour l’adapter et le reproduire.
Retour d’expérience
Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :
– Bien que le GIE Keloum Kouhane soit composé exclusivement de femmes, les hommes occupent généralement une place centrale lors des réunions et laissent parfois peu de place aux femmes pour s’exprimer.
– Dans le cadre de la coopérative, organiser, coordonner, accorder et adapter les activités/responsabilités entre des villages voisins qui n’en ont pas l’habitude peut se révéler difficile.
– L’initiative peut susciter des conflits notamment sur l’emplacement de l’unité de transformation.
Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :
– Il a été nécessaire de sensibiliser les hommes à l’intérêt d’un tel programme pour leur famille afin qu’ils laissent les femmes agir en liberté.
– Les femmes de l’ensemble des GIE sont encouragées à échanger sur le sujet de l’implantation de l’unité de production.
– La réalisation d’un diagnostic précis des GIE et de leurs activités a permis d’adapter le projet aux besoins réels de chaque groupement.
Améliorations futures possibles :
– Obtenir la certification biologique des produits, ce qui donnera la possibilité aux femmes de vendre à un meilleur prix sur un marché de niche.
– Conclure des accords de partenariat avec des établissements de formation de la région pour la réalisation de stages, d’études ou de diagnostics sur des thèmes utiles aux activités des GIE.
– Créer une garderie à proximité des parcelles que les femmes pourront gérer selon les modalités qui leur conviennent.
Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :
– L’appropriation du programme par toutes les parties prenantes est centrale.
– L’association de l’ISRA permettra d’expérimenter ce modèle innovant de développement du maraîchage et du petit élevage dans l’optique de l’adapter et de le reproduire dans d’autres communes rurales de Casamance, en fonction des conditions locales.
– L’intégration de ce type de projet dans les plans locaux de développement est fortement recommandée.
Idées de sujet(s) de recherche fondamentale ou appliquée, utile(s) pour le présent programme :
L’ISRA planche depuis plusieurs années sur la recherche de variétés de fruits et de légumes plus résistantes aux attaques que subissent actuellement les fruits casamançais (exemple de la mouche blanche des fruits qui détruit une grande partie de la récolte villageoise de mangues). L’ISRA peut s’appuyer sur des groupements tels que celui de Karthiak pour tester en milieu réel les nouvelles variétés, afin de connaître leur efficacité.
Références
– « Bignona : un projet d’entreprenariat rural lancé à Bessire », Agence de Presse Sénégalaise
– « Lancement d’activités pérennes et viables au profit des femmes du Blouf », Scoops de Ziguinchor
– « Lutte contre la pauvreté : Des femmes de Bignona bénéficient d’un financement de 50 millions de FCFA », Rewmi.com
– « Fiche projet : Petit Entreprenariat Rural – Casamance », ICD Afrique
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**