En proposant un modèle hybride alliant salle d’escalade et restaurant éthique, Modjo Escalade a cassé les codes du traditionnel “snack” à proximité des salles de sport. De quoi mélanger les aficionados du goût, de l’écologie et de la grimpe dans une ambiance détendue et conviviale.
Démarrage : Août 2016
Lieu de réalisation : Rennes – Cimetière Nord/Gros Malhon
Budget : 700000
Origine et spécificités du financement : principalement prêts bancaires
L’origine de Modjo Escalade est la passion commune de deux jeunes Parisiens pour l’escalade en extérieur. Après une reconversion professionnelle, l’idée de lancer une salle d’escalade hors-réseau allait de soit : le dynamisme de la pratique de l’escalade, cumulée à la relative obsolescence des salles traditionnelles (pas de bloc, pas de vestiaire, peu de matériel et aucune activité périphérique) et à l’absence de salles rennaises hors infrastructures publiques offraient une future réussite du projet relativement probable. La dimension de restauration saine et éthique est alors vue comme un prolongement de l’esprit de vie saine et sportive.
L’objectif premier reste axé sur la pratique de l’escalade, que les cogérants souhaitent importer puis populariser sur le pays rennais. En guise d’objectifs secondaires, Modjo souhaite parvenir à un modèle quasi-militant prônant une alimentation éthique, accessible à plusieurs publics peu éveillés via l’escalade – groupes scolaires, travailleurs du quartier etc. Le tout en s’assurant simplement de la rentabilité du projet.
– Création d’une communauté et d’un lieu de rencontre : l’événementiel régulier (DJ’s, barbecue partagé) et l’absence de communication agressive a permis l’essor d’une fidélisation de la clientèle, qui se retrouvait dans l’esprit Modjo et a mélangé des publics d’habitués (“mangeurs” et “grimpeurs”).
– Donner le goût de l’alimentation saine et éthique : le circuit court a attiré les convaincus et séduit les “profanes” via une recherche de réseaux de producteurs et de professionnels en cuisine (cf. Point 6).
Aujourd’hui, Modjo s’assure un équilibre financier et écologique via cinq plats en rotation et l’ouverture de sa cuisine sur les horaires du soir, où les produits encore disponible sont cuisinés en quiches à prix très réduits
– Un début d’activité à rebours des projections : le restaurant a mis 8 mois à être à l’équilibre quand il devait financer l’escalade, finalement très rapidement rentable. Ce laps de temps se comprend par l’usage d’une communication de “bouche à oreille”, moins massive et plus lente mais rendant possible l’émergence d’un lieu de vie et d’une communauté fidèle et détendue. La qualité a fait ses preuves.
– Impact qualitatif sur la restauration : une carte enrichie grâce à un réseau étoffé de fournisseurs locaux – y compris pour les produits détergents.
– Un bloc figuratif (une première en France) en forme de tête d’Ours a donné son logo à la salle. Cette tête s’inscrit dans la volonté de populariser un sport et rendre le lieu chaleureux et identifiable.
– Une restauration alliant nourriture saine et approvisionnement en circuit court dans un quartier qui n’en comptait pas, un modèle de “restau sportif” qui casse les codes du genre.
Arrivés sans réseau car originaires de Paris et de milieux professionnels différents (analyste financier et graphiste), les gérants de Modjo ont développé un panel de connaissances multi-domaines sur les six premiers mois. Convaincus de l’importance d’une alimentation éthique, ils recrutent une cheffe militante (aujourd’hui partie) qui contribue à développer un carnet étoffé de fournisseurs en circuit court. Si les fournisseurs n’ont que rarement déçu, le Modjo s’évertue tout de même à lier de nouveaux partenariats afin de diversifier la carte, la richesse des producteurs bretons aidant.
Un retour d’expérience très favorable de la part de clients séduits par le projet et le lieu, vieux désormais de trois ans. La simple difficulté fut de se lancer et d’établir un modèle économique susceptible d’attirer des financements, ce qui est tout à fait réalisable avec de la réflexion.
Une inquiétude éventuelle se situerait sur le marché de l’escalade, qui ne sera pas éternellement porteur.
L’importance de la fidélisation et de la recherche de qualité alimentaire ont donc été déterminantes pour envisager l’avenir de Modjo avec sérénité. De la même manière, la découverte du milieu de la restauration n’a pas constitué un frein.
Une amélioration dans les cartons : réaliser de l’escalade en extérieur avec des moniteurs déjà formés et prêts à relever le défi. L’idée est de partager la passion de la grimpe en allant encore plus loin, tout en assurant un véritable regard écologique sur la nature bretonne. :
A noter que le circuit court est considéré comme un facteur déterminant de la réussite Modjo : le souci d’un perpétuel renouvellement suivant les saisons est une nécessité à la fois pour les salariés en cuisine et la clientèle.
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**