Observatoire

Micro-abattoir de Saint-Auban

Le micro-abattoir de Saint Auban répond à un défi de taille : proposer un outil dimensionné par et pour le territoire. Porté par les agriculteur·ices, la coopération avec les collectivités a été un vecteur de réussite.

Auteurs(s)

Fiche rédigée par FNCUMA

Programme

Démarrage : 2024

Organisme(s)

Micro-abattoir de Saint-Auban

Saint-Auban – 06850

Avenue du Président Salvador Allende

ORIGINE ET CONTEXTE

  • Préparation du projet pendant 4 ans (réunions, construction du dossier)
  • Démarrage de l’activité d’abattage en 2020

ACTIONS MISES EN OEUVRE

  • Ouvert aux éleveur·ses adhérent·es à la CUMA quelque soit les pratiques agricoles : Agriculture Biologique (AB) et conventionnel (une majorité est labellisée AB et vendent dans des AMAP, des magasins de producteurs, etc) 
  • Statut de CUMA avec 1 président, 2 vices présidents 
  • 12 éleveur·ses utilisent l’outil dont 2 sont à Saint Auban et les autres dans un rayon de 20 km
  • Investissement de 400 000 € dont plus de 100 000 € financés par la commune, avec l’aide de l’Etat (Dotation d’Equipement des Territoires Ruraux) de la Région AURA et de la réserve parlementaire de Mme La Sénatrice et une participation des éleveur·ses
  • Le bâtiment est communal avec un loyer de 2 000 € par an 
  • Un jour d’abattage par semaine avec 3 éleveur·ses au minimum présent·es sur la mini-chaîne d’abattage (40 bêtes abattues par semaine maximum avec un agrément pour 900 ou 1 000 bêtes par an)
  • Espèces abattues : ovins et caprins
  • Composition de l’outil : 
  • une chaîne d’abattage 
  • une chambre frigorifique carcasse 
  • une chambre frigorifique déchets 
  • une petite salle : nettoyage et lieu de récupération de carcasses (pas de salle de découpe) 
  • bouverie pour les animaux vivants à l’entrée extérieure de la chaîne d’abattage

Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs

  • Répondre à la problématique de l’éloignement des abattoirs avec un outil atypique mais à l’échelle du territoire et respectant le bien être animal, le développement durable et favorisant la commercialisation en circuit court
    • Remarque : sans cet outil, l’abattage se faisait à Die ou Sisteron (4h de route aller/retour) et impliquait des trajets longs (pour amener les bêtes puis récupérer les carcasses)
  • Engagement des éleveur·ses pour construire ce projet au vu des nécessités de ce territoire hyper-rural et tourné vers les circuits courts : répond à la volonté de transformer jusqu’au bout leurs produits
    • Remarque : le gain n’est pas vraiment économique par rapport à un système de prestation de service mais cet outil permet sur le plan éthique d’inclure toutes les étapes de production jusqu’à la vente correspondant à la définition de l’élevage paysan
  • Les frais de fonctionnement de la salle d’abattage (location, électricité, eau) sont répartis en fonction du tonnage abattu afin de rembourser le prêt à la commune
  • Adhésion en groupe (CUMA) comme condition de bonne cohésion, l’outil appartient à la commune et est loué au collectif d’éleveur·ses
  • Travail en coopération tripartite pour la réalisation du projet : 
    • collectivité locale : ce lien fort a facilité le financement 
    • groupe d’éleveurs·ses et aide d’AgribioDrôme
    • les services d’Etat : afin de trouver un fonctionnement qui respectait les règles de la DDPP
  • bienveillance facilitée par ces échanges multi-acteurs permettant la réussite du projet
  • La collectivité était intéressée par le développement de filières alimentaires ce qui a pu jouer en faveur des arguments pour la création de cet outil
  • La participation des éleveur·ses pendant la journée d’abattage permet de ne pas avoir de salarié·es et d’éviter ce coût économique qui n’aurait pu être ajouté
  • Cet abattoir est un vecteur d’aménagement du territoire, facilitant des activités agricoles, des liens et des emplois en milieu rural (vétérinaire, agent DDP, éleveur, magasins de producteurs, etc)

Originalité

  • Le statut CUMA facilite la création d’intérêts collectifs, tournés vers une coopération facilitée entre agriculteur·ices mais aussi envers les collectivités et services d’Etat. 
  • Le projet a été créé par et pour les éleveur·ses qui ont pensé ensemble le dimensionnement de l’outil.

Retour d’expérience

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

  • Difficultés dans la mise en place de l’outil de proximité à cause de l’obligation de  respecter des normes très exigeantes pour une structure de petite taille 
    • Exemple : Impossibilité de construire une salle découpe au vu des normes donc soit découpe réalisée par du travail à façon, soit les éleveur·ses ont une salle de découpe personnelle 
  • Problème pour répartir les éleveur·ses sur la durée de l’année sans créer de surcharge de l’abattoir dans les mêmes périodes
  • Manque d’adaptation entre l’étude de faisabilité et la mise en pratique car l’outil était pensé comme mobile mais refus des services d’Etat donc a conservé une certaine concentration dans le bâtiment qui aurait pu être plus grand
  • Image négative de l’abattage (peur des odeurs, images des outils des années 60) et problématique de tuer les animaux
  • Obligation pour la DDPP de nommer un préposé vétérinaire en lien avec le cabinet vétérinaire pour le contrôle des carcasses et du fonctionnement

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

  • Solution pour développer la restauration collective : un travail est déjà en cours pour multiplier ces liens puisque tous les 15 jours des côtelettes ou saucisses sont vendues à l’école de Saint Auban (15 enfants) pour avoir de la viande fraîche et locale
  • Solution face à l’image négative de l’abattage : convaincre de la nécessité de cet outil qui est indispensable pour rendre concret la volonté de développer les circuits courts

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Comité de lecture
Date de lecture de la fiche
20/05/2024
Localisation
France
alpes-maritimes
Appréciation(s) du comité
Innovant !
Localisation
Licence

Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0
Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**