Démarré en 2014, le projet Mange-Trottoir vise à utiliser les saillies de trottoir pour pratiquer l’agriculture maraichère urbaine où tous peuvent participer et se servir. Il sert également à embellir le quartier, à créer un lieu rassembleur pour les citoyens et à sensibiliser la population aux saines habitudes de vie.
Démarrage : Janvier 2014
Lieu de réalisation : Montréal (Montréal)
Budget : 1500
Origine et spécificités du financement : Auto-financement
Le mange-trottoir
Montréal, Québec –Rue Castelnau E/ Rue Drolet
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L’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension de la ville de Montréal a élargi les trottoirs aux coins de plusieurs rues pour créer des saillies de trottoirs. Ces saillies visent à réduire le temps de traverse des piétons et à embellir les rues en permettant la pose de fleurs. Un citoyen du quartier Villeray intéressé par l’agriculture urbaine passait régulièrement près de ces saillies et il y imagina un potentiel jardin urbain. Il publia son idée sur le réseau social Facebook et une dizaine de citoyens répondirent positivement à sa demande. Cet engouement s’explique notamment par le manque de jardins communautaires à Montréal. En effet, ceux-ci sont fort populaires et les citoyens doivent attendre plusieurs années avant d’en obtenir un. Ensemble, ils créèrent donc le mange-trottoir, un projet d’agriculture urbaine ouvert à la communauté qui s’inspire de la mouvance Les incroyables comestibles.
Le projet mange-trottoir vise à utiliser les saillies de trottoir comme jardin urbain où tous peuvent participer et se servir. Le mange-trottoir vise aussi à embellir le quartier, à créer un lieu rassembleur pour les citoyens et à sensibiliser la population à l’agriculture et aux saines habitudes de vie.
Deux bacs surélevés d’une superficie de 10 pieds sur 24 pieds remplis de terre ont été installés au coin des rues Drolet et Castelnau Est. Plus d’une centaine de légumes et fines herbes différentes y sont cultivés durant l’été. Une quinzaine de bénévoles se réunissent de façon hebdomadaire pour entretenir le jardin. Les citoyens sont invités à piger dans le jardin à leur guise.
Une centaine de légumes et fines herbes sont cultivés par le projet Mange-Trottoir. Une quinzaine de bénévoles participent aux activités du projet. Il est difficile d’évaluer le nombre total de citoyens impliqués dans le projet. Or, on peut affirmer que le projet connaît un grand succès. Le Centre de la petite enfance (CPE) situé à proximité a contribué à l’ensemencement. Le jardin est situé au coin de la rue Castelnau qui a récemment fait l’objet d’une revitalisation urbaine et d’une piétonisation partielle. Le jardin est devenu un lieu de rencontre citoyen, un prétexte pour s’arrêter et discuter avec ses voisins. Côté éducatif, le projet permet l’échange de conseils de jardinage et de démocratiser l’agriculture urbaine.
Le projet Mange-Trottoir est un bel exemple d’initiative où des citoyens se sont appropriés les changements apportés à l’urbanisme de leur quartier. Il s’agit d’un projet entièrement mené par des citoyens sans financement public. De plus, il a un fort potentiel d’être reproduit dans d’autres secteurs de Montréal et même ailleurs au Québec.
L’Éco-quartier local, un organisme voué à la promotion de comportements écoresponsables, a aidé au démarrage du projet. L’organisme a permis que les réunions se tiennent dans ses locaux. L’arrondissement a autorisé le projet en demandant à ce qu’aucun plant ne fasse plus de 5 pieds de hauteur. Un centre de la petite enfance (CPE) a été inclus dans le projet. Les commerçants situés à proximité ont contribué à l’initiative en fournissant un boyau d’arrosage et d’autres commodités. En échange, les bénévoles du mange-trottoir entretiennent les fines herbes d’un des restaurateurs adjacents au projet.
L’arrondissement montréalais a souhaité que les organisateurs signent un engagement de responsabilité à l’égard du projet. Les bénévoles devaient s’engager à être responsables de tout tort causé par le projet. Par le fait même, la Ville souhaitait se décharger de toute responsabilité légale. Les citoyens impliqués ont finalement refusé de signer un tel contrat. Le contrat a été grandement modifié pour n’inclure qu’un engagement à être vigilant. Le Direction de la santé publique de Montréal (DSP) a souhaité mettre un frein au projet en insistant sur les risques sanitaires que représentait le jardin. Les déjections animales, le déversement malveillant de produits chimiques, et le nettoyage des rues en hiver qui s’accompagnent de sels et autres produits préoccupaient cet organisme responsable de la santé publique. Il craignait que le sol ne soit contaminé. L’installation de bacs surélevés ainsi que l’installation d’une toile pour recouvrir les bacs en hiver a finalement convaincu la DSP d’autoriser le projet.
La créativité des citoyens et leur persévérance ont permis d’outrepasser les différents obstacles institutionnels.
L’élargissement des trottoirs est un phénomène populaire dans l’urbanisme montréalais. Le projet Mange-Trottoir souhaite inspirer d’autres citoyens à s’approprier leurs coins de rue.
La mobilisation citoyenne a été rapide et soutenue. Les citoyens habitant près du projet ont accueilli le projet avec enthousiasme. L’aide des commerçants a également aidé à structurer le projet. Finalement, l’autorisation de la Ville a permis de démarrer le projet dans le cadre de la légalité.
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**