Ni formation, ni diplôme, ni travail : voici ce qui définit les NEETs. Cette population de 14 millions de jeunes en Europe, 2 millions en France, nécessite un accompagnement personnalisé pour réintégrer le système éducatif ou la sphère de l’emploi. Les Pouvoirs Publics français utilisent plutôt le terme « les invisibles ».
Démarrage : Début 2016
Lieu de réalisation : Arceuil
Forte de plusieurs années d’expérience en accompagnement à l’insertion professionnelle des jeunes adultes dans un quartier prioritaire de la Ville de Paris, notre association propose un accompagnement à l’insertion des jeunes issus des quartiers politique de la ville d’Arcueil, qui pourra s’étendre progressivement dans l’ex-communauté d’agglomération du Val de Bièvre.
Accompagner 15 jeunes de 17 à 26 ans, de qualification niveau V, VI ou sans qualification.
12 jeunes supplémentaires seront invités aux ateliers théâtre sur le droit du travail lors des chantiers d’insertion.
Compte-tenu du budget et des confinements de l’année 2020, les objectifs de l’action ont été recentrés sur les temps d’accueil dans le local AEF suivis de temps de rue avec les éducateurs de la prévention spécialisée d’Arcueil.
La première phase de cet accompagnement a consisté à l’inscrire dans la vie de la ville, à faire savoir qu’il existe, à permettre aux jeunes et aux partenaires jeunesse (Oxy’jeunes et PIJ) de rencontrer l’intervenante, de l’identifier.
Elle a également permis d’accorder notre travail avec les 4 éducateurs de la prévention spécialisée d’AEF.
Les jeunes, même rencontrés au pied des immeubles, sont réceptifs et à l’intervenante et à la proposition.
Ces 3 mois ont permis de faire connaître l’existence de notre accompagnement possible et la souplesse qui le caractérise, souplesse indispensable pour accueillir les jeunes qui ne s’emparent pas ou mal des propositions de la Mission Locale.
La complémentarité avec le travail des éducateurs spécialisés est bien installée et a été soulignée dans la deuxième réunion avec l’équipe d’AEF.
Des annonces « Emploi ou formation en alternance » sont affichées et renouvelées chaque mardi afin de multiplier les portes d’entrée pour éveiller la curiosité des jeunes qui fréquentent le local.
D’un travail dans la rue, on ne peut attendre de mobiliser les filles. Il faut donc envisager d’autres canaux, partenariats plus étroits avec les lieux qu’elles fréquentent ou que les parents fréquentent ( PIJ, Maison des Solidarités, autres associations de la ville).
La crise sanitaire n’a pas permis de commencer à mettre en place des temps collectifs et le lien avec des bénévoles seniors de France Bénévolat.
Au regard de toutes les restrictions et adaptations auxquelles nous avons du faire face, la première étape de l’action, si elle n’atteint pas tous les objectifs énoncés au moment du dépôt du projet en décembre 2019, est tout de même très encourageante et permet d’espérer un plein développement avec des résultats tangibles en 2021.
Une rencontre avec Innovam en juin nous a permis de présenter l’action. Ce lien est à développer pour orienter plus finement les jeunes qui peuvent s’emparer des propositions de droit commun.
L’accompagnement repose sur 3 axes :
1. Aller vers (les jeunes) :
• accompagner les éducateurs de la prévention spécialisée dans les quartiers tout au long de l’action
• instaurer une relation de confiance entre l’intervenante et les jeunes
• recueillir les besoins des jeunes et mettre en avant les axes de l’action qui peuvent y répondre concrètement
2. Soutenir le mouvement :
• assurer des permanences régulières ouvertes au sein du local d’AEF et/ou des accompagnements individuels sur rendez-vous à la manière d’un coaching. Ces temps seront proposés en fonction des besoins exprimés par les jeunes.
• coordonner l’action avec la Mission Locale et les autres partenaires insertion
• lever les freins à l’emploi, notamment dans l’accès aux droits
• construire un réseau professionnel efficient (parrainage de jeunes par des bénévoles de France Bénévolat, visites d’entreprises, développement de chantiers d’insertion)
3. Donner du sens :
• faire connaître le droit du travail à travers un atelier de turbo-théâtre et de jeux de rôle pour les jeunes en chantier d’insertion co-animés avec une doctorante en droit social
• ouvrir aux métiers en tension, aux métiers d’avenir par des rencontres entreprises, une diversification des chantiers d’insertion.
4. Maintenir le lien en distanciel :
Avec la crise sanitaire, la pratique d’un accompagnement par mail, SMS ou téléphone, en dehors des rendez-vous ou du temps de permanence et de rue, s’est développée : transmission d’offres d’emploi, de formation, relecture de candidatures, partage d’idées d’orientation, prise de nouvelles, invitation à venir à un rendez-vous le mardi. Bien qu’ils répondent peu à ces propositions, les jeunes sont sensibles au fait qu’on « pense » à eux et sentent que la porte reste ouverte (retours faits aux éducateurs de rue).
Le partenariat avec AEF 93/94 et France Bénévolat 94 établi pour co-construire l’action restera actif tout au long de cette première année.
Le travail avec l’équipe d’éducateurs de la prévention spécialisée de l’équipe d’Arcueil d’AEF nous permet :
• d’aller chercher des jeunes qui ne vont pas d’eux-mêmes vers les dispositifs de droit commun.
• d’offrir un soutien plus complet pour lever les freins à l’insertion professionnelle (droits sociaux, casier judiciaire, travail sur les conduites à risque, problématiques de transport…).
Avec France Bénévolat, nous souhaitons développer le lien entreprise et institutionnel :
• En développant un réseau d’entreprises pour que les jeunes travaillent (emploi en alternance, stages …) et découvrent des métiers à travers des visites d’entreprises ou des chantiers d’insertion.
• En tissant du lien professionnel sous forme de parrainage des jeunes par des bénévoles.
Contacts pris au 12 décembre 2019 :
• Espoir 94, pour coordonner l’action autour des jeunes du quartier du Chaperon Vert
• Silver Innov à Villejuif (contact de France Bénévolat)
Contacts pris en 2020 :
• Mission locale de Cachan
• Point Information Jeunesse d’Arcueil
• Oxy’Jeunes
Contact 2021 :
• Retour à l’Essentiel : association du quartier le Chaperon Vert, très bien implantée (aide aux devoirs, jardin partagé, ateliers manuels et artistiques)
• RêV’Elles
Maintien du lien malgré le confinement ce qui a été positif dans le lien avec les jeunes.
Face à la crise économique : accent mis sur les formations qualifiantes en alternance.
Accompagnement de 3 jeunes dans leur accès au droit du travail.
Incitation systématique à s’inscrire et à utiliser les services de la Mission Locale et PE.
Identification positive par les partenaires jeunesse de la ville suite à l’obtention d’un CDI d’ascensoriste chez OTIS par un jeune vu 10 mn et accompagné à distance pendant 2 mois
Le partenariat avec AEF permet vraiment d’aller vers le public cible : jeunes des QPV et jeunes avec de grandes difficultés (peu de formation, problèmes avec la justice, conduites à risques…)
Conjoncturelle :
• impossibilité de réunir des groupes en 2020 et jusqu’à mai 2021
Structurelle :
• apporter des réponses concrètes aux jeunes qui viennent « enfin » se faire aider, dans un désir de solution immédiate ou sous contrainte forte (justice, pression des parents) dans une grande diversité de demandes, de projets professionnels voire d’absence de projet
• manque de formation professionnelle (peu de diplômes )
• méconnaissance et mauvaise opinion des métiers techniques (les jeunes hommes veulent pour la plupart travailler dans la logistique tout en n’ayant parfois pas encore de permis de conduire !). Ils ont peu de formations techniques qui les qualifieraient pour des emplois dans l’industrie, par exemple.
• le temps d’établir des partenariats est chronophage et peu financé par les budgets obtenus
• Partenariat avec France Bénévolat pour que des seniors bénévoles aident à développer un réseau d’entreprises
• Travail en distanciel pour maintenir le lien avec les jeunes sans jamais juger leur absence de réponse
• Accompagner les éducateurs dans leur « travail de rue » permet de maintenir le lien, de revoir certains jeunes, d’en rencontrer de nouveaux, et d’inclure l’action dans une proximité « d’esprit » avec la prévention spécialisée
• Organiser des rencontres métiers avec des ouvriers, des techniciens d’entreprises qui recrutent pour que les jeunes puissent s’identifier à des professionnels peu éloignés de leurs parcours
• Développer les rencontres « informelles » en participant à des temps organisés par le partenaire AEF ou d’autres partenaires
• La ville d’Arcueil et l’EPT 12 (ex-communauté d’agglomération ) travaillent à une redéfinition de la Maison du Projet située dans le quartier du Chaperon Vert : L’Esprit du Vent s’est inscrite dans cette réflexion dans l’objectif d’inscrire au futur projet un accompagnement emploi des jeunes qui pourrait être co-animé avec les bénévoles seniors de France Bénévolat.
• Travailler en partenariat étroit avec la prévention spécialisée : les éducateurs apprécient des compétences dans l’accompagnement à l’emploi. Un travail d’équipe, avec eux, permet une prise en charge plus globale des problématiques.
• S’adapter aux demandes des jeunes qui peinent à « rentrer dans les cases », conserver la souplesse dans l’accompagnement afin de toujours maintenir la porte ouverte.
• S’inscrire dans le temps long et la stabilité des équipes importante pour des jeunes aux vies souvent instables et précaires.
• Mettre en adéquation les financements avec les temporalités de l’action. Les financements sont annuels alors qu’une action nouvelle ne peut se déployer pleinement sur une seule année. Il serait plus cohérent de proposer une convention et un financement pour 2 à 3 ans avec un temps de bilan en fin de chaque année. Cela permettrait également de raccourcir les délais de versement des subventions (à titre d’exemple, au 4 juin, sur un budget 2021 prévu de 19 000€, avec 6 financeurs inscrit aux produits, L’Esprit du Vent n’a reçu que deux réponses : FB-CNAV ; demandés 4000€, accordés 4000€, versés 2000€) et la Préfecture du Val de Marne (demandés 10 000€, accordés 5000€, versés 0€) . Cela fragilise la trésorerie d’une petite association et est incohérent avec la nécessité d’une présence régulière, tout au long de l’année. Dans un temps contraint, cela implique d’arbitrer entre la réussite de l’action sur le terrain, auprès des jeunes, des partenaires, ou la recherche de financements.
Créée en 2001, la compagnie de théâtre L’Esprit du Vent s’est toujours inscrite dans les champs de la création artistique et de l’action culturelle. Au fil des ans, notre engagement sociétal s’est porté vers des actions de soutien à l’insertion sociale et professionnelle, mobilisant les savoir-faire d’artistes et de bénévoles de l’association, à destination de publics divers (personnes au RSA, jeunes adultes, immigrés).
Depuis 2018, nous recentrons nos actions d’accompagnement autour des jeunes adultes, à travers divers projets proposant autant de portes d’entrées pour tisser et maintenir un lien. Nos projets découlent de constats sur le terrain ou ont été imaginés à partir de demandes de jeunes. Nous souhaitons ainsi accompagner ces jeunes dans une évolution professionnelle et sociale (plus d’informations sur http://cielespritduvent.com/ ).
Depuis 2016, nous avons accompagné environ 100 jeunes de 18 à 26 ans, issu•e•s du QPV Fontaine-au-Roi – Paris 11e, avec l’action P.A.R.I. (Permanences Ateliers Réussir l’Insertion) accueillie au sein des locaux de l’équipe de prévention spécialisée de la fondation Jeunesse Feu Vert.
Les résultats en quelques chiffres :
• temps d’accompagnement moyen : 18 mois
• 40% de jeunes femmes bénéficiaires
• 95% de jeunes de qualification de niveau IV, V ou sans qualification
• 100% de jeunes issus du QPV
• taux de sorties positives : entre 25% et 30%.
À l’automne 2019, nous avons testé, avec succès, un nouveau projet de sensibilisation ludique au droit du travail, « Mon taff est craquant ! » avec un groupe de 9 jeunes femmes et hommes de 18 à 24 ans. Reposant sur des modules de turbo-théâtre* et de jeux de rôles, le projet permet aux jeunes de mieux connaître le droit du travail et de mesurer l’impact de leur comportement dans un situation professionnelle.
L’accompagnement à l’insertion professionnelle que nous souhaitons mettre en place pour les jeunes d’Arcueil mêle ces deux expériences.
* Technique d’improvisation collective qui fait émerger des problématiques et des valeurs partagées en sollicitant l’imaginaire
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**