La Conserverie Locale est une association de lutte contre le gaspillage alimentaire créée en 2013 à Metz qui, depuis 2017, transforme dans un container aménagé en atelier des fruits et des légumes invendus en divers produits (confitures, compotes, purées, tartinades, sauces, soupes, fruits déshydratés, fruits et légumes en conserve…) destinés au don ou à la vente.
Démarrage : 2017
Lieu de réalisation : Metz
Budget : 150000
Origine et spécificités du financement : – Divers financements publics et privés – Profits de la vente de produits, de la production à façon pour les producteurs agricoles, de la location de l’atelier de transformation, et des animations
L’activité de transformation de la Conserverie Locale est née du constat, lors de l’organisation de Disco Soupes (repas conviviaux cuisinés à partir d’invendus) avec la Banque Alimentaire, de l’ampleur du gaspillage alimentaire au niveau de la distribution. La Banque Alimentaire de Moselle récupérait chaque jour deux tonnes d’invendus et ne pouvait en distribuer qu’environ la moitié. 300 kg environ des invendus devaient être jetés car impropres à la consommation. C’est donc pour sauver les 700 kg restants que la Conserverie Locale lança son activité de transformation en 2017.
– Lutter contre la précarité alimentaire et le gaspillage en transformant le surplus de fruits et légumes invendus de la Banque Alimentaire en produits avec une plus longue durée de conservation
– Permettre aux producteurs de valoriser leurs invendus par la transformation
– Relocaliser l’alimentation en proposant une variété de produits locaux
La Conserverie Locale entreprend plusieurs différentes activités de transformation :
1. Transformation destinée au don (25% de l’activité) : Les surplus de fruits et légumes invendus de la Banque Alimentaire sont transformés par des bénévoles, encadrés par 1 salarié, lors d’ateliers hebdomadaires. Les produits transformés sont ensuite donnés à la Banque Alimentaire et redistribués à des épiceries sociales et solidaires et à des associations d’aide alimentaire.
2. Transformation à façon pour des producteurs locaux (50% de l’activité) : 10-15 producteurs locaux partenaires donnent leurs fruits et légumes déclassés ou invendus à la Conserverie Locale pour qu’elle les transforme. Les produits transformés sont ensuite vendus aux producteurs sans étiquettes, pour qu’ils puissent les revendre sous leur propre marque.
Les producteurs ont également la possibilité de louer l’atelier de la Conserverie Locale pour effectuer leur propre transformation.
3. Transformation pour la propre marque de la Conserverie Locale (25% de l’activité) : La Conserverie Locale fabrique également sa propre gamme de produits, à partir des fruits et légumes déclassés ou invendus qu’elle achète à des producteurs locaux. Les produits sont vendus sur la boutique en ligne de la Conserverie Locale et dans une dizaine d’épiceries. Les recettes originales, ne ressemblant pas à des produits se trouvant facilement dans la grande distribution, ont le plus de succès.
– La Conserverie Locale transforme environ 50 kg d’invendus par jour
– En huit mois (depuis mai 2019 – début de la production à échelle significative) : 8 000 produits fabriqués, équivalent à 5 tonnes d’invendus sauvés
– La transformation à façon provoque la joie des producteurs en voyant leurs productions valorisées et la fierté de pouvoir vendre leurs produits sous forme transformée
Le projet de la Conserverie Locale est original car il combine la production destinée au don et à la vente. De plus, la Conserverie Locale propose aux producteurs la possibilité inédite de valoriser leurs invendus par la transformation et de contrôler ce processus en effectuant des commandes spécifiques pour la transformation à façon ou en louant l’atelier pour transformer eux-mêmes.
Avec un atelier très équipé, la Conserverie Locale peut proposer une gamme de produits plus vaste que d’autres projets de transformation anti-gaspillage alimentaire.
Le projet a nécessité un financement initial d’environ 150 000 euros (50 000 euros pour les containers et leur aménagement, 100 000 euros pour les équipements), obtenu grâce à de nombreux partenaires :
– L’ADEME car il s’agit d’un projet environnemental autour de l’anti-gaspillage
– Financements de la région Grand Est, du département de Moselle, et de la métropole de Metz
– Financement privé de fondations : Fondation Lemarchand (Nature & Découverte), Demathieu Bard initiatives, AG2R, Fondation Batigère, Fondation de dotation Heintz
– CIGALES (Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Épargne Solidaire), Bliiida, Lorraine Active, Metz mécènes solidaire
Partenaires opérationnels : la Banque Alimentaire de Moselle, producteurs locaux, épiceries locales vendant les produits de la marque La Conserverie Locale
a. Difficulté d’entrer en contact avec des agriculteurs locaux avant le lancement de la production
b. La Conserverie Locale a choisi d’installer son atelier dans un container aménagé car elle voulait être propriétaire de ses locaux, mais ce choix impose des contraintes techniques, y compris des difficultés de raccordement à l’eau et à l’électricité et un espace limité.
c. La chaîne de production n’est pas automatisée car cela coûte cher. Le travail de transformation est donc très physique, et l’association est obligée de limiter le travail de ses salariés à 3-4 jours par semaine pour préserver leur santé.
d. La Conserverie Locale n’a pas encore atteint la rentabilité : la moitié des salaires est actuellement couverte par des aides financières, et la présence de deux bénévoles (la Présidente et la Trésorière) plusieurs jours par semaine est toujours nécessaire à son fonctionnement.
e. Limites aux quantités produites imposées par la capacité de de l’équipement et difficulté de dimensionner le matériel en tenant compte de ces contraintes.
a. L’association a choisi de lancer la production avec un seul producteur partenaire. Cela leur a permis de démontrer que le concept est viable et par conséquent d’attirer de nouveaux producteurs. Aujourd’hui, la Conserverie Locale fait face à des demandes trop nombreuses de producteurs et n’a pas une capacité suffisante pour y répondre.
b. Un déménagement est prévu dans un bâtiment en dur.
c. La Conserverie Locale a prévu d’automatiser le conditionnement (avec une chaîne coûtant environ 70 000 euros) afin de préserver la santé des salariés et d’augmenter les volumes de production.
d. Un objectif de rentabilité en 3 ans a été fixé, ce qui nécessitera une augmentation de l’échelle des activités.
a. Étudier l’écosystème local : les producteurs, les sources d’invendus, les ateliers disponibles…
b. Prendre contact avec des projets de transformation existants, visiter leurs locaux, et tester leur matériel avant d’investir. La Conserverie Locale reçoit fréquemment des nouveaux porteurs de projets, pour des visites de l’atelier de production ou des stages courts.
c. Financement du lancement :
o Le choix entre un statut d’association ou d’entreprise déterminera les options de financement possibles
o L’aide publique ne peut financer qu’à hauteur de 50%, donc il est toujours nécessaire d’y associer de l’aide privée (fondations), des fonds personnels, ou des fonds issus d’une autre activité
o Il est important de distinguer les activités lucratives et non-lucratives, et de noter qu’il n’est pas possible de donner une valorisation commerciale à des dons d’invendus défiscalisés
d. Prospecter afin d’identifier un local et anticiper les contraintes techniques du lieu
e. Pour limiter l’investissement initial et faciliter les tests de pilotage, la Conserverie Locale conseille de ne débuter qu’avec un seul produit. La confiture est un bon produit pour commencer car le processus de fabrication et le traitement thermique sont simples.
f. Les produits autres que ceux ayant un taux de sucre élevé (confitures) ou acides (à base de vinaigre), tels que les soupes et les purées, demandent un investissement important en équipement pour pouvoir les stériliser : autoclave (15 000 euros), capsuleuse (5 000 euros), et sonde pour mesurer la température (1 500 euros)
g. Se former : bien qu’une formation ne soit pas obligatoire pour avoir l’autorisation de transformer, celle-ci est nécessaire pour être informé des risques sanitaires, notamment ceux liés à la toxine botulique, qui peuvent être létaux, et savoir comment les éviter. Certains équipements, tels que l’autoclave, nécessitent une accréditation pour être utilisés.
h. Certains équipements, notamment ceux utilisés dans la restauration, peuvent être achetés d’occasion
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**