L’Atelier Paysan est une coopérative cherchant à favoriser l’autonomie paysanne à travers l’aide à l’auto-construction d’agro-équipements adaptés à l’agriculture biologique. Cette coopérative se présente comme une plateforme de partage de savoirs techniques pouvant être réadaptés par chaque paysan en fonction de sa situation, pour être rediffusés par la suite à l’ensemble du collectif.
Démarrage : Janvier 2009
Lieu de réalisation : France
Budget : 600000
Origine et spécificités du financement : 60% d’autofinancement et 40% de subventions (Ministère de l’agriculture français: ONVAR, FEADEAR (Fond Européen Agricole pour le Développement Rural), Région Rhône-Alpes, Région Bretagne, Agence de l’eau Loire-Bretagne, CD Isère.
Ce programme a été lancé par des membres des réseaux d’agriculture biologique de la région Rhône-Alpes en 2009. Ceux-ci sont partis du constat que certains agriculteurs biologiques construisaient des outils adaptés à leur propre exploitation et son contexte spécifique, ce qui leur fournissait un avantage à la fois technique (des outils plus appropriés) et économique (des outils moins chers). Il semblait pourtant que ces agriculteurs manquaient d’une structure au sein de laquelle échanger, rassembler, et développer leurs savoirs techniques.
L’objectif a donc été de collecter les savoirs des agriculteurs-constructeurs, de les documenter et les standardiser, pour ensuite pouvoir les diffuser. L’initiative cherche à favoriser l’autonomie des paysans en les incitant à construire eux-mêmes leurs outils, les adapter aux conditions de leur exploitation, savoir les réparer quand nécessaire, et les diffuser.
Les plans de construction d’outils adaptés à l’agriculture biologique sont diffusés sur internet. Ils sont issus à la fois de la récolte de savoirs auprès d’agriculteurs-constructeurs et d’un travail de recherche participative mis en place par la coopérative elle-même pour développer de nouveaux outils. Des formations sont organisées chaque année sous forme de stages payants de 3 à 5 jours. Les outils sont présentés comme des bases de travail souples, qu’il est possible d’adapter et d’améliorer. Ils sont protégés par des licences Creative Commons BY NC SA, ce qui les rend diffusables et modifiables à condition de préciser la paternité de l’œuvre et de ne pas en faire un usage commercial.
Depuis 2011, 400 producteurs en France ont bénéficié des formations proposées par l’Atelier Paysan ; le nombre d’agriculteurs se servant de leurs plans sur internet est bien plus élevé. En général, en passant de l’achat à la construction d’agroéquipements les investissements des agriculteurs sont divisés par 2 ou 3. Au fil des ans l’organisation s’est agrandie, s’est structurée, et a pu élargir ses ramifications à l’échelle nationale bien qu’elle soit présente principalement en Rhône-Alpes et dans le Finistère. En 2015, l’Atelier Paysan a été labellisé Organisme Nationale à Vocation Agricole et Rurale (ONVAR) par le ministère de l’Agriculture.
Cette démarche de réappropriation collective de savoirs techniques, de création et de diffusion d’outils en open source est inédite dans le domaine de l’agriculture. Une autre structure comparable s’est créée aux États-Unis en parallèle sous le nom de Farm Hack mais elle est moins développée et ne propose pas de formations. L’initiative peut tout à fait être répliquée, et l’Atelier Paysan a pris contact avec d’autres acteurs au Québec et en Angleterre pour les encourager à développer des réseaux similaires.
Partenaires « structure de développement agricole » : FNAB, FNCIVAM, FADEAR, FNCUMA, InterAFOCG, RENETA, Traction Animale, INPACT, projet MCDR, ONVAR, RMT Agroetica.
Partenaires « structure recherche/expérimentation » : GRAB, ITAB, PAIS, SERAIL, projet SEFERSOL.
Partenaire de l’ESS : l’URSCOP, la Ligue de l’enseignement de l’Isère, MCAE Isère Active, Rhône-Alpes active.
Partenaires québécois : l’EPSH, la Capé, le CETAB.
Partenaires anglophones: Farm Hack, Land Works Alliance.
L’organisation a su se développer sans trop de difficultés et de façon assez naturelle, en partie car elle répondait à un besoin réel et ressenti comme tel par de nombreux agriculteurs biologiques. Néanmoins, il a pu être un peu difficile au début de trouver des sources de financement, notamment du fait de l’absence initiale de reconnaissance institutionnelle qui limitait l’accès aux subventions.
Au fur et à mesure, cette reconnaissance institutionnelle a été renforcée, favorisant ainsi l’accès à des financements publics (régionaux, nationaux et européens). Mais la structure a toujours cherché à garder une certaine autonomie financière et a donc développé diverses activités économiques (sans pour autant chercher à faire du profit): les subventions publiques constituent 40% du budget de la coopérative, tandis que les 60% restant sont autofinancés. Cet autofinancement vient à la fois de financements participatifs (40%) et d’activités directement rémunérées (60%).
Le partage de savoirs sur l’adaptation et la conception de bâtiments agricoles est un nouvel axe sur lequel travaille l’Atelier Paysan, il semble prometteur et mérite d’être développé.
L’Atelier Paysan travaille déjà en collaboration avec des groupes de recherche et des universitaires. Différents travaux de recherche peuvent s’avérer utiles pour leur programme, notamment des travaux de sociologie rurale expliquant les facteurs favorables à la rencontre et à l’échange de savoirs entre paysans, et des travaux d’agro-économie étudiant la façon dont les politiques agricoles peuvent encourager les agriculteurs à investir dans des équipements surdimensionnés de type industriels.
Présentation détaillée du modèle économique: http://www.latelierpaysan.org/Le-modele-economique
Rapport financier 2015 de l’Assemblée Générale de la coopérative http://www.latelierpaysan.org/IMG/pdf/rapport_d_ag_atelier_paysan_complet_1_.pdf
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**