Observatoire

Flor de Pèira : Des farines Bio pour du pain Bio

Flor de Pèira est une association rassemblant des paysans céréaliers, des paysans meuniers, des paysans boulangers, des meuniers et des boulangers de la région Occitanie. Créée en 2012 dans le département de l’Aude et pilotée par l’association BIOCIVAM, son but est de fédérer les producteurs et de proposer des farines biologiques issues d’une mouture sur meule de pierre aux boulangers et particuliers. L’objectif est aussi de créer de l’échange et du soutien entre les producteurs.

Auteurs(s)

Fiche rédigée par Constance Boulin

Programme

Lieu de réalisation : Occitanie

Origine et spécificités du financement : Association : cotisation 50 euros par an par adhérent. -Ressources immatérielles : la marque en commun (inscrite à l’INPI), le règlement et cahier des charges et le site.

Organisme(s)

Flor de Pèira

Trèbes – 11800

Rue de l’Industrie

12Adhérents

Site internet

ORIGINE ET CONTEXTE

L’association a été créée aux alentours de Carcassonne à la suite du constat commun qu’il existait de nombreux agriculteurs céréaliers-meuniers sur ce territoire qui commercialisaient leurs farines auprès de boulangeries et particuliers. Ils ont décidé de se réunir pour attirer de plus grosses structures clientes telles que de grandes boulangeries de la région. Seul(s), il(s) ne parvenaient pas à assumer cette production, les rendements en agriculture biologique et d’autant plus avec des blés anciens sont beaucoup plus bas qu’en agriculture conventionnelle. Ils peuvent donc continuer à pratiquer leur métier indépendamment les uns les autres (ils ont chacun un moulin), mais commercialisent leurs farines sous la même marque. 

 

Objectifs

L’objectif générale de l’association est de promouvoir l’agriculture biologique dans la région, de se fédérer et s’entraider entre agriculteurs, ainsi que de favoriser le local et le circuit-court. Ils veulent avant tout vendre au plus proche de leurs fermes. Aussi, ils souhaitent sensibiliser d’autres agriculteurs de la région à leurs pratiques : l’idée est de sensibiliser sur la valeur ajoutée qu’apporte l’acquisition d’un moulin pour les céréaliers de la région (dépendant de meuneries extérieures) et pour ceux qui en ont un, faire vendre leurs farines sous la marque « Flor de Pèira ». Ils ont un cahier des charges bien précis à respecter (voir la section « actions mises en œuvre»).

ACTIONS MISES EN OEUVRE

A échelle individuelle, la même activité : ils produisent des blés de qualité en agriculture biologique et le mouent grâce à un moulin à meule de pierre. Puis, la vente de farines s’effectue aussi à échelle individuelle mais sous la marque commune Flor de Pèira (il est précisé sur le produit le nom de l’agriculteur qui l’a produite). Les producteurs vendent le plus souvent à des petites boulangeries (ex de Régis : il est en partenariat avec 3 boulangeries qui lui prennent 500kgs de farine par mois). 

-Chaque agriculteur de l’association fixe son prix mais ne peut pas dépasser un prix seuil pour ne pas faire de concurrence déloyale aux autres agriculteurs. Un point est aussi très important : les agriculteurs s’entraident si l’un d’entre eux manque de stock. Ils s’échangent également du grain (blés paysans).

-Pour pouvoir vendre sous cette marque, les adhérents doivent respecter un cahier des charges qui contient, entre autres, les mesures suivantes : être en agriculture biologique, moudre sa farine avec un moulin à meule de pierre, accepter d’être auditionné une fois par an par un autre adhérent et participer à au moins la moitié des réunions annuelles organisées. 

-Lors des conseils d’administrations 4 fois par an, ils valident les audits réalisés le trimestre précédent et font une révision du règlement (qui évolue, par exemple l’introduction d’une nouvelle culture pour l’un d’entre eux peut être un sujet de débat). Ils se réunissent autour d’un repas partagé pour échanger et partager des idées pour l’association.

-Accueil d’étudiants en école d’agriculture, participation à des salons agricoles ou de producteurs.

 

Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs

Pour les adhérents de Flor da Pèira, leur production est valorisée grâce à sa transformation (farines) qui se vend 3 fois le prix du blé, en moyenne. Pour ceux qui fabriquent le pain (également sous la marque Flor de Pèira), c’est environ 10 fois le prix du blé. Ils sont donc moins sujets aux difficultés financières, ni pour trouver de débouchés. Ils sont à la fois autonomes et liés aux autres adhérents grâce à cette marque commune. 

S’ils manquent de production, ils s’entraident (vente entre eux de matière première, ou rediriger le client vers l’un d’entre eux). Les clients telles que des boulangeries, pizzerias ou restaurants choisissent en règle générale le producteur Flor de Pèira le plus proche de leur lieu de travail ; c’est ainsi que l’équilibre se fait naturellement entre l’offre et la demande pour les 12 agriculteurs adhérents (pas de concurrence/jalousie). La répartition est homogène sur le territoire, et cela permet aux professionnels et citoyens de la région de s’approvisionner facilement en farines biologiques et locales.

Aussi, Flor de Pèira a un impact sur la filière blé-pain de la région en sensibilisant de manière directe ou indirecte les agriculteurs céréaliers à acquérir un moulin pour plus d’autonomie. Dans le cas de Régis (producteur de céréales en bio depuis plus de 20 ans), il a acquis un moulin en 2006 puis a décidé de commercialiser sous la marque Flor de Pèira il y a 2 ans. En termes de quantité, il vend entre 15 et 20 tonnes de farine par an (soit 24 tonnes de blé) répartis entre trois boulangeries et plusieurs particuliers.

 

Originalité

La particularité de cette association réside dans leur système participatif de garanti : Le S.P.G. Pour se fédérer entre céréaliers, ils s’auditent entre eux pour vérifier que chacun respecte bien le cahier des charges. C’est un système tournant, chaque année ils n‘auditionnent pas la même personne et ne sont pas contrôlés par la même personne, pour être sûr qu’il n’y ait pas de dérives. Dans la démarche du S.P.G, le cahier des charges est élaboré et signé par les producteurs engagés, les audits sont réalisés chaque année, et le comité de l’ensemble des producteurs délibère et renouvelle ou pas le label. Il est participatif (chaque producteur est impliqué dans la démarche) et transparent (non-réciprocité des visites de contrôle et la rotation systématique des enquêteurs).

Ils n’ont pas de président, vie président ou trésorier, c’est un système horizontal.

Partenariat(s)

La Région Occitanie (financements)

-BIOCIVAM de l’Aude, en collaboration avec deux autres associations : Bio Ariège Garonne ou Bio Occitanie.Bio Occitanie est membre d’Interbio Occitanie, interprofession qui rassemble les acteurs des différents maillons des chaines agroalimentaires et participe à l’animation régionale de l’Agriculture Biologique.

Ils n’ont pas de partenaires privés.

Retour d’expérience

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

-La plus grande difficulté rencontrée par les adhérents de Flor de Pèira est la gestion administrative : gestion des réunions, du compte bancaire, des courriers entre les adhérents. Ils n’ont pas d’affinité pour ça et manquent de temps.

-Les distances : les réunions entre les agriculteurs adhérents plusieurs fois par an font faire beaucoup de kilomètres aux adhérents pour se retrouver (prix de l’essence et temps dédié), puisqu’ils sont tous dispatchés dans la région.

-Le manque de visibilité auprès des autres agriculteurs, meuniers, boulangers etc. 

-Abaisser les appréhensions des potentiels adhérents ayant les craintes de se perdre sous un nom commun, avoir des contraintes de réunions, etc. Il peut être difficile de voir l’intérêt pour certains acteurs ayant déjà leur propre marque (exemple : la ferme Au Petit Grain Bio, s’étant présentée à une réunion mais n’ayant pas donnée suite).

-Cas de Régis :il a observé une baisse des ventes depuis 2 ans (baisse du pouvoir d’achat, moins d’attrait pour le bio). 

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

Pour la partie administrative, le soutien de ces 2 animateurs des associations BIOCIVAM et BioOccitanie sont essentiels pour les soutenir et les encadrer.  L’association Flor de Pèira espère que ce soutien va durer, étant donné que le budget versé tous les ans par la Région à ces associations pour le travail d’animation est reconduit ou non. 

-Pour le manque de visibilité, ils essaient de faire vivre leur site internet au maximum (remaniement complet l’hiver dernier).

– Sensibiliser sur les avantages de cette association (par exemple celui de l’entraide entre les agriculteurs s’il y a un manque ou excès de stock), visites chez des céréaliers non adhérents. 

-Régis : pour les baisses de ses ventes, il cherche de nouveaux clients (ex pizzeria Vésubio à Toulouse).

Améliorations futures possibles :

-Le grand projet/idéal de Flor de Pèira serait d’ouvrir une boulangerie en commun, dans laquelle ils livreraient tous leurs farines. Cela aurait pour effet de centraliser davantage les adhérents autour d’un projet commun, de donner une autre dimension à la marque Flor de Pèira et d’assurer des débouchés pour chacun d’entre eux. Grâce à cette boulangerie, ils auraient aussi des subventions. Ce serait une forme d’aboutissement. 

-Également, le projet est d’agrandir l’association, d’être plus nombreux. Ils veulent aussi toucher comme client de gros consommateurs de farine telle que la restauration collective (à 20 tonnes de farines par mois, ils ne sont pas capables d’assurer cette production à petit nombre). 

-Ouvrir un compte Instagram l’hiver prochain pour élargir leur communication.

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

Le facteur principal de réussite est la bonne cohésion et la partage de valeurs entre tous les adhérents. L’ensemble du groupe va dans le même sens : ils ont les mêmes préoccupations, le même idéal c’est à dire celui de promouvoir le bio, le local, l’artisanal, la qualité, l’absence de coopération avec de grosses structures privés, ainsi que la bonne entente et le partage.

Pour en savoir plus

 

Site Flor de Peira : https://flordepeira.com/

Interbio Occitanie : https://www.interbio-occitanie.com/

Bio occitanie : https://www.bio-occitanie.org/

BIOCIVAM de l’Aude : https://www.civam-occitanie.fr/-BIO-CIVAM-DE-L-AUDE-11-

 

Régis de Martrin est agriculteur-céréalier-meunier dans la région de Toulouse au sein de son GAEC avec son épouse.Il cultive des blés tendres modernes et anciens, du millet, du pois-cassé et du lin sur 170 ha en agriculture biologique depuis 1998. Après un bac agricole puis quelques années dans l’armée (maintenance des hélicoptères), il reprend la ferme familiale autrefois en agriculture conventionnelle. Après une année, il décide de la convertir en bio. Régis n’utilise aucun engrais organique (ni de fumiers, lisiers) qui selon lui sont de plus en plus chers et n’en valent pas la peine. Il préfère travailler avec des rotations (précédents légumineuses) pour enrichir sa terre. Il achète un moulin en 2006 et un second en 2013 pour produire de la farine avec un mélange de blés anciens et modernes de la variété IZALCO. Il moud son blé tous les jours de l’année grâce à ses moulins à meule de pierre et fait 3 livraisons de sacs de farines par mois, auprès des boulangers (fourgon pouvant accueillir 500kgs).

 

 

 

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Comité de lecture
Date de lecture de la fiche
16/10/2023
Localisation
France
aude
Appréciation(s) du comité
Source d’inspiration !
Domaine
AlimentationRéseaux, coopérations
Type de structure
Association, collectif, ONG
Envergure du programme
Locale
Bénéficiaires
Universel
Type d’action
Location, partage, don d’équipementsProduction (Autre)Vente en circuit-court
Type d’objectif
Maintien et amélioration de la biodiversitéCréation de dynamiques économiques
Localisation
Licence

Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0
Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**