Ce projet de recherche-action crée en 2015 s’intéresse aux initiatives locales associant agriculture biologique, alimentation de qualité et équité sociale pour saisir les rôles joués par les émotions et les valeurs impliquées dans l’action collective, la création de nouveaux liens et de nouveaux savoirs et afin de dépasser l’analyse de la rationalité des acteurs et des projets.
Démarrage : 1er octobre 2015
Lieu de réalisation : Vendée et Rhône
Budget : 199470
Origine et spécificités du financement : Fondation Daniel et Nina Carasso : 98 685 € / autofinancement / Co-financement CASDAR
ISARA Lyon
Lyon Cedex 07 – 69364AGRAPOLE 23 rue Jean Baldassini
En tant qu’animateurs et chercheurs, nous sommes toujours frappés par la teneur émotionnelle des discours des agriculteurs et des consommateurs, participant à des projets associant agriculture et alimentation biologiques. Par opposition aux approches privilégiant une vision rationnelle de l’action par rapport à un but, il s’agit d’émettre l’hypothèse qu’être acteur de telles initiatives est une façon de « réenchanter le monde ». Ce projet cherche donc à saisir les rôles joués par les émotions et les valeurs impliquées dans l’action collective et la création de nouveaux liens et savoirs.
Cette recherche-action s’appuie sur 2 initiatives locales de développement de l’agriculture biologique : « Défi Familles à alimentation positive » en Rhône-Alpes (CORABIO) et « Manger bio en Vendée » (GAB 85). Ce projet tire des enseignements généraux de ces initiatives en matière de conduite de projets, en particulier sous l’angle des rôles méconnus des émotions et de la recherche du plaisir comme motivations et ressorts de l’action collective. Il s’agit également d’assurer la diffusion et l’essaimage de ces connaissances et savoir-faire acquis pour la conduite de tels projets dans d’autres territoires.
Le projet est organisé en trois actions.
– L’objectif de l’action 1 est de conduire les deux initiatives locales de développement de l’agriculture biologique et de suivre leur déroulement.
– L’action 2 capitalise les acquis de l’action 1 pour en tirer des enseignements généraux : rôle des émotions et des valeurs dans l’action collective et dans les changements de pratiques productives et alimentaires ; accompagnement des agriculteurs et des consommateurs et exercice du métier d’animateur dans un contexte complexe par la diversité des acteurs.
– L’action 3 concerne la coordination du projet et l’essaimage de ses acquis, en communiquant sur le projet et ses résultats : blog, articles de presse, communication scientifiques, photos, films …
Les résultats en cours d’obtention sont de plusieurs ordres :
– Débattre et communiquer sur l’importance des émotions et des valeurs dans nos engagements en faveur de plus d’équité sociale, de modes de production plus durables et de nouvelles pratiques alimentaires ;
– Resituer le registre des émotions par rapport aux autres registres de l’action : action rationnelle par rapport à un but ou une valeur, action traditionnelle dictée par des habitudes, des coutumes ;
– Formuler les résultats sous forme de guide synthétique d’aide à l’animation de projets.
– par la diversité de son partenariat associant animateurs du développement, formateurs, chercheurs, consommateurs et collectivités territoriales ;
– par l’intérêt des deux initiatives locales impliquées qui associent des finalités multiples, environnementales, sociales et économiques ;
– par le regard porté sur la question des émotions et des valeurs dans le changement vers une agriculture et une alimentation plus durables ;
– par les méthodes de recherche-action pensées pour contribuer aux dynamiques locales.
Ce projet de recherche-action mobilise un important réseau d’acteurs : organisations de développement de l’AB (Groupements d’Agriculture Biologique), organismes de recherche et de recherche-développement (ITAB, CNRS, ISARA-Lyon), collectivités territoriales (régions, départements, communes) et consommateurs.
Ce projet de recherche-action n’a pas rencontré de difficultés majeures. Les deux initiatives locales du projet connaissent certaines difficultés dans leur développement :
– réduction inattendues de ressources financières publiques;
– difficultés à stabiliser leur modèle économique ;
– controverses entre certains partenaires sur les objectifs prioritaires.
Dans les deux initiatives, un nombre plus limité d’acteurs mais néanmoins représentant la diversité des parties-prenantes s’engage fortement à maintenir la cohésion et la dynamique. Pour finir, les deux initiatives progressent moins vite qu’espéré en 2015 mais restent sur une trajectoire de développement.
Le projet Émotions, par une analyse scientifique distanciée et par les échanges entre acteurs et chercheurs a permis sur les deux initiatives locales, d’identifier leurs difficultés et leurs causes mais aussi leurs points forts. Ces résultats et échanges sont pris en compte pour permettre de répondre aux difficultés.
– Les deux instances de gouvernance du projet fonctionnent très bien, le groupe de suivi du projet composé de l’ensemble de l’équipe prend de façon collective les décisions opérationnelles. Le comité scientifique de recherche-action associe des scientifiques, des acteurs du développement de l’AB, des consommateurs et des représentants des collectivités territoriales. Chacun trouve matière à des échanges et des apprentissages riches pour son métier.
– Le travail collectif en cours s’appuie sur les résultats acquis sur les émotions et les valeurs. Il s’agit de démontrer que les dimensions très souvent ignorées des émotions et des valeurs sont des registres activables dans une dynamique de projet, ils peuvent contribuer à lever des obstacles et à intensifier les dynamiques individuelles et collectives. De plus, ce projet vise à analyser comment travailler de façon responsable et opérationnelle sur ces registres.
Les travaux actuels du projet émotions ouvrent de nombreuses perspectives opérationnelles et de recherche sur les dimensions matérielles et immatérielles de l’alimentation et sur l’accompagnement de personnes en difficultés vers une alimentation durable au sens global, tel que la Fondation de France et de la Fondation Daniel et Nina Carasso le définit : familles et personnes à revenu modeste, personnes âgées et/ou isolées, personnes sans emploi, etc.
Plus d’informations: www.projet-abile.blogspot.fr
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**