Le projet est un élevage caprin laitier-fromager basé sur un fonctionnement collectif et pastoral sur les bords de la Loire avec transformation fromagère et vente directe reposant sur une race locale menacée, la chèvre cou clair du Berry.
Démarrage : 2014
Lieu de réalisation : Cuffy 18150
Budget : 30000
Origine et spécificités du financement : Privé
Cou Clair de Loire
Saint-Hilaire-de-Gondilly – 18320Le chêne vert
Plusieurs objectifs se sont rejoints pour la réalisation de ce projet.
– l’envie de réaliser une production caprine fromagère exemplaire.
– la découverte d’une race locale menacée de disparition, la chèvre Cou Clair du Berry.
– le constat de déprise de centaines d’hectares en bords de Loire, menacés de disparaître par l’embroussaillement des surfaces ouvertes et la recherche de solutions par les collectivités et associations environnementales.
– la coopération avec une bergère itinérante sur ce secteur.
L’ensemble a défini ce projet: conduire en pastoralisme des chèvres de race menacée pour entretenir ces surfaces et produire un fromage de qualité.
L’élevage de chèvre tel qu’il est mené vise à répondre à plusieurs demandes sociales du territoire :
– Entretenir les surfaces abandonnées et leur redonner un usage; en permettant de limiter la fermeture paysagère du Bec d’Allier et l’entretien des milieux naturels protégés.
– Produire des fromages de chèvre de manière extensive et respectueuse de l’animal et de ses besoins fondamentaux.
– Préserver une race menacée par la transformation des pratiques agricoles et redonner à la Cou Clair du Berry un avenir, en axant l’élevage sur cette race et en valorisant ses qualités et sa production.
Le tout reposant sur de forts relationnels locaux, de part le soutien de la municipalité, des riverains et des associations.
Un troupeau de 25 chèvres Cou Clair du Berry a été obtenu grâce aux passionnés qui ont préservé cette race. Malgré la difficulté de trouver un troupeau de taille suffisante, le réseau d’éleveurs s’est mobilisé pour m’apporter le cheptel suffisant au démarrage. Ce troupeau grandira avec la naissance des premiers chevreaux et chevrettes en 2015.
L’acquisition et l’aménagement d’une fromagerie mobile, disposée sur site pour rester toujours dans cette même vision de l’élevage. Faire accepter cette technique et ce type de fonctionnement par les administrations s’étant avéré plus aisé que prévu, grâce à l’ouverture d’esprit de quelques personnes.
Conventionner avec la mairie, gestionnaire des terrains, pour pouvoir rapatrier les chèvres et engager réellement la production.
Enfin, ou plutôt au commencement, se former par l’expérience et les collègues à fromager pour atteindre une qualité certaine de la production. Après tout cela, commercialiser les fromages est presque aisé.
Près de 80 ha sont entretenus par le troupeau, grâce à la coopération avec Elise, la bergère, qui conduit ses brebis avec les chèvres. Sur ces surfaces, classées en Natura 2000, le travail des troupeaux est reconnu comme étant la meilleure gestion de ces surfaces.
La pratique pastorale et la race menacée offrent une image de qualité certaine et la clientèle en est ravie.
Déjà, des contacts de personnes souhaitant pourquoi pas tenter la même aventure sur d’autres territoires.
Le projet repose sur la protection d’une race menacée de disparition, par l’entremise d’une réimplantation dans l’économie moderne.
Également majeure, la pratique pastorale permet d’entretenir et de préserver les espaces de fortes valeurs environnementales, protégeant le paysage et la biodiversité.
Le fonctionnement en coopération entre deux éleveuses, mettant en commun leur temps, leurs savoirs et leurs troupeaux pour réussir ensemble.
Mairie, Conseil Général (Espace Naturel Sensible) se sont engagés aux côtés du projet pour la plus value paysagère et touristique apportée.
Les associations de protection de l’environnement, bien que surprises par l’idée, ont peu tardé à soutenir cette initiative qui revêt désormais le rôle de gestionnaire de ces surfaces à forte biodiversité.
Riverains et habitants du secteur apprécient la démarche, leur permettant de voir les chèvres et les surfaces qui sont à l’origine des fromages qu’ils consomment.
– Composer un cheptel d’une race quasi disparue sans incorporer de races conventionnelles pour combler le manque.
– Convaincre qu’une fromagerie mobile est aussi opérationnelle qu’un labo en dur. Mais aussi la trouver, dans les Alpes en l’occurrence.
– Faire comprendre qu’une chèvre, avant tout si ce n’est exclusivement, mange des ligneux et de l’herbe; ainsi le lait n’en est que meilleur, le fromage aussi.
– Rassurer les environnementalistes sur le fait que les chèvres étaient de bonnes gestionnaires des milieux naturels, par l’exemple et la démonstration.
– Avancer, même sans soutien institutionnel, l’atypisme du projet n’entre pas dans les cases, c’est un atout au final.
– Mobilisation de tous les éleveurs de la race pour expliquer le projet et l’intérêt pour la race.
– Savoir se passer des aides conventionnelles et mobiliser des soutiens inhabituels dans l’agriculture.
– Se renseigner et maîtriser la réglementation et les fonctionnements existant dans d’autres régions pour présenter un projet complet et cohérent.
– Augmenter le cheptel à une cinquantaine de chèvre pour en vivre décemment et à échelle humaine, tout en pouvant au besoin fournir à d’autres des chèvres cou clair du Berry pour leurs installations.
– Développer la vente de fromages auprès des écoles et restaurants locaux pour asseoir l’emprise locale du projet et ne pas devoir s’expatrier pour vendre ses produits.
– Maîtriser la réglementation pour adapter son projet aux obligations.
– Avancer, même sans soutien, dans sa conception de la vie et de son travail, sans vouloir se conformer à un cadre conventionnel. La différence est un atout qui se cultive.
– Regarder les expériences qui se font ailleurs, en conventionnel comme en atypique afin de prendre le meilleur dans chaque système, tant que cela correspond à sa propre vision.
– Démontrer la réussite par l’exemple.
– Oser aller vers les gens, qui parfois refusent ou dénigrent, mais finissent par revenir.
Améliorer les connaissances:
> de la race dans ses capacités réelles de production, de rusticité et lui donner une reconnaissance économique et sociale à hauteur du patrimoine qu’elle représente
> de la relation entre écosystème et troupeau sur ces milieux
> sur les fondamentaux vétérinaires des chèvres laitières en pastoralisme
Améliorer les outils disponibles pour la pratique laitière itinérante
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**