Confitures Re-Belle est une structure d’insertion professionnelle en Seine-Saint-Denis fabriquant des confitures et chutneys à base des fruits et légumes invendus de la grande distribution. Elle propose des emplois d’insertion valorisants et attractifs, particulièrement pour les femmes.
Démarrage : 2017
Lieu de réalisation : Aubervilliers, EPT de la Plaine Commune (93 – Seine-Saint-Denis)
Origine et spécificités du financement : Financement public (aides au poste pour les salariés en insertion + autres aides publiques), fondations privées, chiffre d’affaires
Confiture Re-Belle est né du double constat de la présence de gaspillage alimentaire et du peu de structures d’insertion proposant des métiers valorisants et attractifs pour les femmes au chômage, alors que le taux de chômage féminin dans le département de Seine-Saint-Denis est important. Colette Rapp, l’une des co-fondatries, était une bénévole impliquée dans le mouvement Disco Soupe, et travaillait dans le domaine de l’insertion à la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE) 93. Colette Rapp et Adeline Girard ont donc lancé ce projet et choisi d’adresser le gaspillage alimentaire des supermarchés, qui peut être dû soit à la gestion de stocks, soit au comportement des consommateurs qui refusent les fruits et légumes « moches », car il s’agit du gisement d’invendus le plus important en région parisienne.
– Environnementaux : lutte contre le gaspillage alimentaire
– Sociaux : Insertion, formation, et préparation à l’emploi de personnes (principalement des femmes) éloignées de l’emploi et avec un intérêt pour le secteur alimentaire
Transformation alimentaire :
Approvisionnement :
– Re-Belle récupère les fruits et légumes invendus de quinze magasins Monoprix et un hypermarché Carrefour. Un chauffeur en contrat d’insertion passe deux fois par semaine.
– Ponctuellement, Re-Belle récupère aussi des surplus directement d’entrepôts Monoprix et les surplus de quelques producteurs locaux, dont 1 projet parisien d’agriculture urbaine.
Fabrication des confitures :
Les fruits et légumes sont triés puis désinfectés, épluchés, et découpés. Ils sont ensuite pesés avec le sucre et cuits par marmites. Ensuite, la confiture est mise en pot et scellée avec une capsuleuse automatique qui injecte de la vapeur pour stériliser le produit. Un atelier d’étiquetage des pots a lieu une fois par semaine.
Distribution :
– 100 magasins Monoprix (confitures déposées en entrepôt) et 1 hypermarché Carrefour (livraison directe au magasin) (70%)
– Autres : épiceries indépendantes, hôtels et cafés, commandes d’entreprises pour des cadeaux
Gestion du stock de fruits et légumes
– Les fruits et légumes sont gardés jusqu’à 1 semaine dans un grand frigo
– Les fruits et légumes abîmés à plus de 30% et les épluchures sont des biodéchets collectés gratuitement et valorisés par Moulinot (https://www.moulinot.fr/site/)
– Fruits/légumes en bon état mais non-utilisés (souvent car non-utilisables dans les recettes) sont pris par les salariés, donnés à la maison de retraite municipale dont Re-Belle utilise la cuisine, et donnés au Cedre (Secours catholique)
Dimension sociale :
– Re-Belle a le statut de chantier d’insertion auprès de la Direction du Travail, qui soutient Re-Belle financièrement avec une « aide au poste » pour chaque salarié en insertion.
– Les salariés en insertion peuvent rester au maximum 2 ans, mais ils restent en moyenne 1 an, jusqu’à ce qu’ils trouvent un emploi.
– Les candidatures sont principalement issues de Pôle Emploi, Cap Emploi (handicap), une mission locale spécifique pour les jeunes, et des associations pour les réfugiés.
– Deux encadrantes sont présentes en cuisine
– Les salariés bénéficient d’un accompagnement pour leur développement professionnel : formations, stages d’immersion en entreprise, appui aux candidatures…
– Production : 1006-2150 pots par semaine
– 21 personnes accompagnées depuis la création de Re-Belle, toutes sauf deux ont trouvé un emploi ou une formation qualifiante à la sortie du programme
À Table Citoyens/Baluchon ; J’aime Bocoh ; Pôle Emploi ; Cap Emploi ; diverses associations pour l’insertion professionnelle des jeunes et des réfugiés en Seine-Saint-Denis ; Direction du Travail ; Ville d’Aubervilliers ; EPT de la Plaine Commune ; Moulinot ; tous les approvisionneurs et les distributeurs (Monoprix, Carrefour, Hôtels Ibis,… ; Phenix ; fondations privées (dont Fondation Carrefour) ; Zero Waste France ; Altrimenti (sensibilisation)
Autres partenariats en cours de développement (Restos du Cœur, Too Good To Go,…)
– Le respect des normes et des réglementations sanitaires strictes
– Le fait de ne pas pouvoir contrôler les produits et quantités données par les supermarchés
– Difficultés propres à l’objectif d’insertion professionnelle : problèmes personnels, cadences de productivité, absences pour formations, turnover rapide (salarié peut partir du jour au lendemain si trouve un travail)
– L’incubation du projet au sein de Baluchon a permis Re-Belle de bénéficier de leur savoir-faire et leur cuisine équipée de Baluchon. De plus, des tests ont été effectués sur les confitures dans un laboratoire qui avait déjà travaillé avec Baluchon
– Suivi une formation de CAP cuisine par les fondatrices
– Achat de la capsuleuse avec jet de vapeur pour assurer la stérilisation, contrôles de la température et du taux de sucre de la confiture
– Diversification de l’approvisionnement :
– Possibilité d’obtenir les invendus des entrepôts de Monoprix pour combler à certains besoins spécifiques de fruits
– De nouveaux partenariats se développent avec quelques producteurs agricoles
– Ne pas nier l’importance de la maîtrise sanitaire – il est essentiel d’avoir un expert, soit en se formant, soit en embauchant quelqu’un avec cette expertise
– Ne pas sous-estimer la difficulté de vendre ses produits dans la grande distribution : il existe une attente ce que certaines références soient toujours disponibles, et le produit est en concurrence avec des grandes marques
– Il faut chercher des financements hors chiffre d’affaires (pouvoirs publics, fondations privées)
Partager sur
Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0
Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**