Créé en 1986, le Café Nicodème est un lieu d’accueil inconditionnel qui utilise le moment des pauses méridiennes et des pauses cafés pour offrir un temps d’échange et d’écoute à toutes personnes franchissant la porte. Des consommations et des plats sont proposés à des sommes très modiques et indifférenciées, afin d’encourager la mixité sociale et générationnelle.
Démarrage : Janvier 1986
Lieu de réalisation : Grenoble
Budget : 45000
Origine et spécificités du financement : Vente des consommations, dons de particuliers, cotisations à l’association, subventions publiques (Etat et Conseil Général)
En 1986, le local situé en centre-ville a été repris sous l’impulsion du diocèse de Grenoble, par une association dont l’objectif initial était de créer un lieu d’accueil pour les jeunes et les étudiants. Nicodème se voulait être un lieu d’animation, d’écoute et d’échange. Au fil du temps, la population et les besoins ont évolué et le public est aujourd’hui très hétérogène : on constate une véritable mixité sociale et générationnelle.
– Accueil inconditionnel de toute personne franchissant la porte
– Prise en compte de la personne dans sa globalité
– Ecouter, échanger, recréer du lien social pour accompagner les personnes dans la construction de l’estime d’eux même et d’une identité individuelle au sein d’un groupe.
– Utilisation des temps de pause dans la journée (pause méridienne et pause café) : ouverture du lundi au vendredi entre 12h et 13h30 et 14h et 18h. Les personnes sont accueillies, ont une place à table et sont servies. Chaque midi, une entrée (1€), un plat (1€20) et un dessert (1€) sont proposés à chacun. L’après-midi est plus un temps d’écoute et d’échanges.
– Organisation d’animations mensuelles (loto, atelier lecture, films) ou ponctuelles (musique, tricot, sensibilisation sur la grippe, etc..). Expositions d’artistes amateurs pendant 4 à 6 semaines, vernissages, prestations de VS’Art (association pour la diffusion de l’art et de la culture) sur des thématiques comme la chanson française, l’Australie, l’Inde…
– Accueil inconditionnel : pas de critère de ressource ou de condition sociale, pour des questions de simplicité et d’enrichissement via la mixité sociale, et afin d’éviter le sentiment de stigmatisation. La seule chose qui est demandée aux gens est leur prénom. Les prix sont les mêmes pour tous quelles que soient les ressources : souvent, ceux qui sont plus aisés complètent d’eux mêmes pour les personnes en difficulté.
– Organisation de l’association : uniquement grâce à des bénévoles (environ 60, dont 50 réguliers et 10 ponctuels en soutien). Formation à l’écoute et à l’accueil, à l’hygiène alimentaire, etc. Deux équipes par jour (8 personnes pour le midi de 9h à 15h et 3 personnes l’après-midi de 14h à 18h). Pour l’organisation administrative, 13 membres de l’association au CA et 6 au bureau. Organisation de réunions de réflexion entre responsables d’équipes et de temps festifs entre bénévoles.
Accueil de 65 à 75 personnes par jour en moyenne à midi et entre 10 et 15 l’après-midi. La plupart sont des personnes en situation de précarité, et/ou de fragilité psychique, et/ou de solitude.
Evolution du public : on constate une mixité de plus en plus importante. De plus, à tarif égal, on constate une augmentation du nombre de personnes venant manger, en même temps qu’une baisse des consommations par personne (moins de plats, moins de boissons, etc.)
Si on interroge les personnes qui viennent, elles parlent surtout d’un lieu institué, en centre-ville, facile d’accès, sûr et chaleureux, où l’on rencontre du monde et où l’on peut manger pour pas cher et bien, et également trouver une écoute, rencontrer des personnes, se détendre.
Le Café Nicodème est devenu un lieu de référence localement : des personnes y sont orientées par des travailleurs sociaux par la ville ou par des services d’accueils psychiques, afin d’y trouver une écoute et un lieu d’échange.
Sa pérennité et sa permanence donnent au lieu une valeur. L’impact principal se mesure lorsque des personnes qui ont perdu l’estime d’elles-mêmes, qui sont en souffrance, arrivent à passer cette porte, à se présenter aux autres et à assumer le regard des autres, parce qu’elles ont confiance dans l’accueil qu’elles vont recevoir.
Il s’agit d’un lieu ayant une durée de vie et une pérennité importante, ce qui est assez rare pour être souligné, d’autant plus que l’association ne fonctionne que grâce au soutien et au temps de bénévoles.
De plus, le Café Nicodème est un lieu qui rend réelle la mixité sociale, qui y est effective et importante. Si la majorité des personnes qui le fréquentent sont en situation de précarité ou d’isolement, c’est un lieu non stigmatisant où toutes les classes sociales et toutes les générations se mélangent. C’est un lieu d’accueil inconditionnel qui n’est pas un service social, mais où l’écoute et la création de lien social est le principal service rendu.
– Approvisionnement : partenariat avec la banque alimentaire pour récupérer des données alimentaires
– Formation : Secours Catholique (accueil et écoute), Banque Alimentaire (hygiène alimentaire), etc..
– Inscription dans des réseaux d’échanges : Collectif des associations de bénévoles à Grenoble, et prochaine Collectif des accueils de jour en lien avec la Fondation Abbé Pierre, afin d’échanger sur les problématiques de précarité et de confronter les pratiques et les constats.
– Partenariat avec les Bibliothèques de Grenoble et l’association VS’Art
– Partenariat informel avec les services sociaux : pour certaines personnes suivies par un travailleur social, ou sous tutelle ou curatelle, possibilité d’ouvrir un compte au Café Nicodème avec un somme d’argent allouée pour payer les repas.
– Le manque de bénévole et le renouvellement des équipes : la recherche de nouveaux bénévoles est très chronophage, et le manque d’effectif amène à sacrifier certains moment d’ouverture (ex : pendant les vacances scolaires, le week-end, le lundi après-midi), etc.… plutôt que de sacrifier la qualité d’accueil.
– Etre dans l’anticipation et avoir une bonne organisation logistique des équipes
– Communiquer (flyers, bouche à oreille) pour recruter et diversifier les bénévoles
– Tenir compte de l’évolution du contexte social actuel (hausse de la précarité et de l’isolement)
– Pouvoir ouvrir plus souvent, y compris pendant les vacances : réflexion sur un fonctionnement à deux vitesses des équipes de bénévoles : des bénévoles très ponctuels sur des périodes courtes et des bénévoles « référents »
– Enrichir les animations proposées l’après-midi
– Continuer à accueillir des stagiaires
– Offre qui correspond à un besoin réel d’une partie de la population : si personne n’avait besoin de lieu d’accueil de ce type-là, les gens ne viendraient pas.
– Principe d’accueil inconditionnel et prise en compte de la personne dans sa globalité (et pas seulement comme un « cas social »)
– Démarche participative : les animations peuvent être proposées et initiées par les clients (ex : un atelier tricot mené pendant un an par un groupe de cliente), ce qui crée des échanges intéressants et valorisants dans l’estime de soi
– Lieu existant depuis longtemps, bien identifié, et qui maintient sa qualité d’accueil grâce à l’engagement de long terme de certains bénévoles qui sont de véritables repères pour certains clients.
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**