Observatoire

Association Santorun: conserver les plantes médicinales et la biodiversité végétale au Sénégal

L’association Santorun a créé un conservatoire de plantes médicinales et de biodiversité végétale dans la région naturelle des Niayes en association avec la Communauté Rurale de Diender au Sénégal.

Auteurs(s)

Françoise
BELLOSSI

Programme

Démarrage : 2010

Lieu de réalisation : NDAME LO – Sénégal

Budget : 10000

Origine et spécificités du financement : cotisations et dons liés à l’association SANTORUN

Organisme(s)

Association SANTORUN

SAINT MALO – 35400

18 avenue Paul Turpin

1Salariés

5Bénévoles

15Adhérents

Site internet

ORIGINE ET CONTEXTE

L’association SANTORUN a été créée en 2003, avec les objectifs de faire connaitre et promouvoir la transmission du savoir et des pratiques traditionnelles dans le respect des plantes et de leur culture, plus particulièrement au Sénégal. L’un des principaux projets menés par l’association est la création d’un Conservatoire de Plantes Médicinales et de Biodiversité végétale au Sénégal visant la conservation et la valorisation de plantes médicinales au Sénégal, plantes référencées dans la pharmacopée traditionnelle.
Traditionnellement, les plantes médicinales font partie intégrante du système de santé de 80% de la population sénégalaise. Malheureusement, du fait de l’urbanisation intense, de la désertification, de mauvaises pratiques d’exploitation, de nombreuses espèces sont en voie de disparition. C’est ainsi que suite à la demande de la communauté rurale de DIENDER, l’Association SANTORUN a acquis un terrain de 4 ha situé sur cette communauté afin d’y créer ce Conservatoire.

Objectifs

1. Contribuer à la protection durable de la biodiversité de la flore africaine en réintroduisant 200 espèces de plantes médicinales les plus utilisées par la médecine traditionnelle
2. Améliorer les pratiques culturelles par la mise en place des bonnes pratiques agricoles (agriculture Bio, compost naturel) afin de réintroduire les espèces de plantes indigènes et de les replanter à plus grande échelle
3. Transformer ces plantes suivant les bonnes pratiques de fabrication pour garantir l’efficacité de la plante
4. Contribuer au développement économique et social de la région de DIENDER au SENEGAL par la création d’emplois, en générant des revenus pour la population locale.
Ce Conservatoire de Plantes Médicinales s’inscrit dans le plan national de sauvegarde de la biodiversité et des ressources naturelles mis en place par la Direction des Eaux et Forêts du Sénégal.

ACTIONS MISES EN OEUVRE

– Actions mises en oeuvre: aménagement du terrain, construction de la case qui sert à héberger le gardien-jardinier ainsi que le réservoir d’eau, réalisation du puits et récemment sa réfection, plantation des premières espèces de Plantes et d’Arbres, recrutement d’un gardien-jardinier à temps complet sur le terrain
– Actions à mettre en oeuvre: clôturer le terrain avec un mur, aménager le chemin d’accès au terrain, mettre en place des pompes solaires pour faire fonctionner le puits; planter les pépinières des espèces sélectionnées suivant les zones de plantation définies, préparer la signalétique des plantes, etc.

Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs

– Sauvegarde du savoir ancestral avec la réintroduction de 200 espèces en voie de disparition
– Production de plantes médicinales aux normes Bio en respectant les bonnes pratiques de production, plantes pouvant être réintroduites dans les préparations de médicaments traditionnels
– Projet pilote de sensibilisation au respect de l’environnement et à la sauvegarde d’espèces
– Reproduction de plants à grande échelle
– Création d’emplois directs: ouvriers agricoles, femmes pour pépinières, guides
– Création d’emplois indirects: agriculteurs, paysans
– Centre de référence pour universitaires et étudiants et centre de transformation des plantes pour commercialiser la production locale

Originalité

Ce projet est originale car il permet de réconcilier SCIENCE et TRADITION de par:
1. la création d’un centre de référence sur la richesse de la pharmacopée africaine qui réunit les acteurs de la médecine traditionnelle et les universitaires de la faculté de Pharmacie et Ethnobotanistes
2. la contribution à la sauvegarde de la biodiversité et des ressources naturelles en lien avec le plan national
3. la contribution au développement local de la communauté de DIENDER qui regroupe 50 villages soit environ 500 familles qui vivent de l’agriculture. Ce projet va permettre de lutter contre la paupérisation des populations locales rurales de DIENDER, de maintenir les paysans sur leurs terres et ainsi de lutter contre l’exode rural.

Partenariat(s)

– la communauté rurale de DIENDER et surtout le village de NDAME LO
– le Centre de Formation Agricole de KEUR MOUSSA et plus particulièrement Maximilien POUILLE, responsable du centre. Il forme les internes du centre aux techniques agricoles et de maraîchage; C’est la personne ressource de notre projet
– les tradipraticiens
– l’université de Pharmacie de Dakar et le responsable du jardin botanique
– le groupe EIFFAGE

Retour d’expérience

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

Ce projet a été interrompu suite au décès d’un des membres fondateurs, Monsieur Pierre BERGER. L’objectif pendant ces années a été de maintenir le projet en l’état avec conservation des espèces qui avaient été plantées à l’époque. Les statuts de l’association SANTORUN ont été redéposés en août 2015 avec un nouveau bureau.

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

Afin de relancer au mieux ce projet de Conservatoire, les actions suivantes ont été menées:
– identification des personnes ressources locales pour suivre la mise en place des actions
– nécessité de clôturer le terrain pour le sécuriser tant au niveau du passage des troupeaux de vaches friands de brouter les petites pousses de plantes que des maraudeurs: la construction d’un mur sur les 3 côtés exposés du terrain est en cours
– nécessité de construire un 2ème puits pour sécuriser l’alimentation en eau
– négociation en cours pour s’équiper de pompes solaires et ainsi utiliser les énergies renouvelables pour faciliter le pompage de l’eau du puits
– recherche de pépinières pour les espèces identifiées

Améliorations futures possibles :

– être très présent auprès des ouvriers dans le suivi des travaux: construction du mur, puisatier..
– être capable de faire parler beaucoup plus du projet auprès des décideurs et influenceurs locaux. Communiquer et diffuser largement sur notre projet.

Présentation des facteurs de réussite et conseils pour une généralisation ou un essaimage :

– Projet reproductible grâce à la méthodologie mise en place pour créer un Conservatoire
– Recensement des espèces : plus de 250 espèces de plantes recensées avec l’aide des tradipraticiens : cette transmission du savoir est facilement accessible maintenant qu’elle a été effectuée.
– Implication et formation de la population locale qui sera formée aux bonnes pratiques culturales et à l’usage des Plantes Médicinales. Cette formation est reproductible auprès d’autres communautés rurales.
– Implication des universitaires et des étudiants de pharmacie qui vont contribuer à la restauration du savoir botanique et à la recherche en pharmacognosie sur les propriétés des plantes médicinales
– Des visites seront organisées pour les écoles permettant aux enfants mais aussi à des visiteurs de découvrir ou redécouvrir la richesse de leur patrimoine.

Idées de sujet(s) de recherche fondamentale ou appliquée, utile(s) pour le présent programme :

– Pharmacopées africaines et savoirs traditionnels
– Regards croisées sur l’utilisation de plantes médicinales par la médecine traditionnelle et l’analyse des molécules actives
– Des sources du savoir traditionnel aux médicaments du futur
– Quelle qualité des soins pour les préparations issues de la Médecine Traditionnelle?
– Recensement des espèces de plantes médicinales africaines en fonction des maladies
– Bonnes Pratiques de Fabrication: de la plante au médicament traditionnel

Références

POUSSET Jean-Louis, « Plantes médicinales d’Afrique: comment les reconnaitre et les utiliser? » Edisud (2014)
KERHARO J., « La Pharmacopée Sénégalaise Traditionnelle. Plantes Médicinales et Toxiques » (1974)
GUEYE Marie, « Plantes médicinales – résultats et recherche » Enda Dakar (2011)
WERNER David, « Là où il n’y a pas de docteur » Enda (2004)
PROTA, « Ressources végétales de l’Afrique tropicale » CTA (2008)
MOREZ Robert,  » Agro écologie tropicale & méditerranéenne » Perrault éditions (2002)
DELAUDE Clément,  » Afrique – Guérisseurs, plantes médicinales et plantes utiles » Maisonneuve & Larose (2004)

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Comité de lecture
Date de lecture de la fiche
09/11/2016
Localisation
Sénégal
ille-et-vilaine
Appréciation(s) du comité
A généraliser !
Domaine
Education et formationSanté, Bien-êtreEnvironnementRéseaux, coopérationsSciences (humaines et sociales ou de la nature et du vivant)AgricultureAlimentation
Type de structure
Association, collectif, ONG
Envergure du programme
LocaleNationale
Bénéficiaires
Elèves, étudiantsFemmesPopulations indigènesPopulation ruraleAgriculteurs
Type d’action
Production de niche et de terroir
Type d’objectif
Maintien et amélioration de la biodiversitéValorisation du patrimoine technique (savoir-faire)Maintien et/ou création direct(e) d’emplois
Localisation
Licence

Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0
Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**