Altrimenti est une association qui lutte depuis 2016 contre le gaspillage alimentaire en utilisant des invendus récupérés et des parties des aliments que nous jetons habituellement (fanes, épluchures, etc.) pour faire de la pédagogie autour de l’alimentation durable notamment à travers des ateliers participatifs de cuisine et de nombreux événements. L’objectif est de faire du potentiel déchet une véritable ressource pédagogique, culturelle, environnementale et sociale.
Démarrage : Octobre 2016
Lieu de réalisation : Paris et sa région
Le projet d’Altrimenti est l’assemblement de tout un ensemble de questionnements autour de l’alimentation. Le premier d’entre eux, pourquoi les gens jettent-ils autant ? Ce sont 10 millions de tonnes de nourriture qui sont jetées chaque année en France. Et pour autant, ce sont près de 6 millions de personnes qui sont touchées par la précarité alimentaire (quantitative et/ou qualitative). Ensuite, pourquoi les gens ne cuisinent-ilsplus ? Pourquoi connaissent-ils de moins en moins les saisons, l’histoire des produits, le patrimoine culinaire ? Altrimenti ou Autrement en italien est un projet qui, depuis 2016, cherche à apporter une solution à de ces enjeux.
– lutter contre le gaspillage en récupérant des invendus auprès de partenaires.
– Utiliser ces invendus et les parties des aliments habituellement jetés pour faire de la pédagogie autour de l’alimentation durable.
Au-delà de la lutte contre le gaspillage, Altrimenti cherche à reconnecter les mangeurs à leur patrimoine alimentaire en transmettant l’histoire des plats, des recettes, pour créer du lien autour de l’alimentation.
Altrimenti organise toute une série d’actions qui permettent d’aborder des publics et des thématiques variés. Son activité principale est l’organisation d’ateliers culinaires participatifs pédagogiques sous la forme du « Do it Yourself (DIY) » dans lesquels les gens apprennent à ne pas jeter et à manger durablement. Une autre forme de ses interventions est la dégustation pédagogique.
L’association intervient sur des marchés, des lieux publics, dans des écoles, des festivals, auprès d’autres associations, de centres d’animation, de théâtres, le Cinéma Plein Air de la Villette, auprès d’entreprises également qui souhaitent organiser des activités de sensibilisation à leurs salariés. Elle travaille par exemple avec des parcs (celui de la Villette et d’autres en Seine Saint Denis) où sont proposées des balades « sauvages » avec des botanistes puis un atelier participatif de cuisine à partir de plantes sauvages comestibles et de produits déclassés.
Les aliments sont récupérés auprès des partenaires de l’association qui sont principalement des magasins de petites et moyennes tailles et auprès des marchés. L’association récupère uniquement des produits non transformés, principalement des fruits, des légumes et des produits boulangers (pain) et parfois des produits secs (légumineuses, fruits secs, etc.).
Une centaine de personnes gravite autour du projet. 80% des activités sont assurées bénévolement. Altrimenti fait appel à des spécialistes et professionnels pour certaines de ses actions (chefs, nutritionnistes, ingénieurs et designers culinaires, botanistes, etc.).
Depuis la création de l’association en 2016, presque 200 actions ont été organisées par Altrimenti. En termes d’impact quantitatif, l’association a calculé que 16 tonnes de produits déclassés ont été revalorisées au cours de ces opérations de sensibilisation. Les bénéficiaires directement ou indirectement touchés sont difficiles à comptabiliser puisque certains événements peuvent rassembler jusqu’à 2000 à 3000 personnes, sur les festivals par exemple. Près de 1200 personnes sont inscrites à la newsletter d’Altrimenti.
En termes qualitatif, l’association distribue un questionnaire aux participants : les retours sont très positifs, elle reçoit aussi des demandes de la part des gens pour plus d’activités et d’informations et des témoignages de personnes qui disent avoir adopté certaines recettes, à partir des fanes de légumes par exemple.
Quant aux magasins, au début du projet lors du démarchage de partenaires, les gérants pouvaient se montrer réticents, mais progressivement et une fois la démarche expliquée, il s’est manifesté un certain engouement et contentement d’avoir une solution pour ne pas jeter ces invendus.
Le fait de voir l’anti gaspi autrement ! Altrimenti cherche à lier cette problématique à la culture alimentaire, à l’histoire. Le potentiel déchet devient une ressource pédagogique, culturelle, environnementale et sociale. L’approche innovante est dans le « faire de la tradition une innovation anti-gaspi ».
– Collectivités (Mairie de Paris, Marie de Pantin, Mairie du Pré-Saint-Gervais, Est Ensemble, Département Seine Saint Denis,…) associations locales, théâtres, Cinéma Plein Air de la Villette, écoles, parcs, centre d’animation.
– Commencer de zéro et franchir le pas entre le niveau individuel (se poser des questions), trouver des solutions et les faire appliquer à toute la société
– Dans la construction du projet, les moyens financiers sont une difficulté centrale : comment rendre viable le projet ? Il faut trouver un modèle qui fasse de l’association une structure pérenne.
– Se faire connaître : démarcher, en parler, coût de démarrage. Trouver des moyens pour fédérer les gens autour du projet.
– La question financière n’est pas complètement résolue : Altrimenti est à la recherche de financements pour pouvoir avoir des locaux, assurer le paiement d’un salarié, assurer les coûts de fonctionnement, d’investissement, etc. L’association est actuellement dans les démarches d’appel à projet, de subventions. Ponctuellement elle reçoit des aides des collectivités pour faire des activités.
– La peur de ne pas être suivi dans le projet a vite été démontée par la réalité : dès le début une vingtaine de personnes se sont investies. Cela permet de donner l’énergie pour franchir le pas de lancer cette structure. Cela s’est principalement basé sur le bouche à oreille et via la page facebook, avec un gros travail de communication, par un bénévole.
– Altrimenti est actuellement en phase de professionnalisation avec à l’horizon de mai-juin 2018 le recrutement d’un salarié et de deux services civiques.
Altrimenti a ouvert un grand chantier avec le lancement d’une filière de production de conserve à base d’invendus. Par exemple le pesto à base de fanes de légumes, en version Zéro déchet. L’idée est aussi de donner du travail à des personnes en difficultés.
L’association est également en train de construire une cuisine mobile, à partir d’une construction en bois de récupération, pour l’amener lors des ateliers et bénéficier de matériels professionnels mais en version itinérante.
– Oser ! Quand on a l’idée, ne pas avoir peur de se tromper, ne pas avoir peur du jugement.
– Bien réfléchir au projet d’abord, le poser clairement, petit à petit le faire murir, en parler autour de soi.
– S’entourer de bonnes personnes. Le soutien émotionnel, amical, psychologique est indispensable.
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Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**