Observatoire

Abattoir de Chaumont

L’abattoir de Chaumont, en travaux dans un nouveau bâtiment, a pour but de répondre aux demandes du territoire avec une hausse d’activité et un maintien des filières sur le secteur. Une SCIC d’éleveur·ses assurera la gestion de l’abattoir avec une délégation de service public.

Auteurs(s)

Fiche rédigée par FNCUMA

Programme

Démarrage : 2024

Organisme(s)

Abattoir Chaumont

Chaumont – 52000

Avenue du Président Salvador Allende

ORIGINE ET CONTEXTE

Historique : 

  • Création de l’abattoir dans les années 60
  • Liquidation de l’entreprise de l’abattoir en 2018 à cause de :
    • difficultés financières : perte du client le plus important en volume
    • mises en demeures à cause de problèmes de normes 
  • Un groupe d’éleveur·ses se mobilise pour défendre l’abattoir 
  • Reprise par le conseil départemental de Haute Marne en 2018 (aucun privé ne pouvait financer l’outil) : le projet de construction émerge
  • Continuité dans l’activité d’abattage malgré une forte baisse des volumes : passe de 2 500 tonnes équivalent carcasse à 700 tonnes par année
  • Décision et vote en 2020 du projet de construction du nouvel abattoir 
  • Création d’un poste en septembre 2022 par la chambre d’agriculture, rémunéré par la région et le département
  • Formation d’une SCIC par les éleveur·ses pour assurer la gestion de l’abattoir avec une délégation de service public
  • Travaux débutés en avril 2023 (portés par le département)
  • Prévision de fin des travaux en avril 2024

Contexte géographique : 

  • Département tourné surtout vers la polyculture-élevage (en particulier production laitière)
  • Seul outil d’abattage du département (deux abattoirs industriels pour une espèce sur les départements limitrophes)
  • Moins de 5% des animaux élevés en Haute Marne sont abattus dans le département, selon la chambre d’agriculture

Objectifs

Ambition du nouvel outil : 

  • Apporter de l’activité à l’abattoir actuel 
  • Reconquérir les marchés du territoire dans un contexte de baisse de consommation de viande : proposer d’en manger moins, mieux et issue du local 
  • Livrer les animaux du département et les valoriser
  • Travailler avec la restauration collective et les collectivités
  • Avoir un outil aux normes, moins énergivore, adapté en taille
  • Avoir le label Agriculture Biologique (AB) sur l’outil et travailler avec des coopératives de produits biologiques
  • Représente un investissement de 8 millions € porté par le conseil départemental et régional puis contrat de délégation de service public avec un loyer d’utilisation des locaux
  • Participer au mouvement général de se tourner vers des outils de proximité pour maintenir des valeurs et des filières sur le territoire

ACTIONS MISES EN OEUVRE

  • Prestation de service 
  • 4 jours d’abattage par semaine : 1 jour dédié à l’abattage de porcelet pour les foires d’avril à octobre. Le reste de l’année plutôt 3 jours par semaine répartis en fonction des espèces
  • 9 salarié·es (ajout d’1 ou 2 dans le futur outil)
  • Gouvernance avec un conseil d’administration avec des éleveur·ses (noyau dur de +/- 10 éleveur·ses qui sont aussi les principaux clients)
  • Le but est que l’outil soit pérenne donc recherche de marchés à ajouter car le nouvel outil sera à l’équilibre économique avec 1 000 tonnes et pourra aller jusqu’à 1 500 tonnes 
  • L’enjeu principal des abattages de proximités sur ce territoire est le porc (car peu d’outils industriels sont présents) 
  • Volumes de l’outil : 
    • 40% porcs (viande moins chère donc enjeu principal de développement)
    • 40% bovins 
    • 20% mouton (plus complexe et plus cher)
  • Répartition des ventes de la viande :
    • 60% pour des clients professionnels (boucheries, grandes surfaces locales, magasins de producteur)
    • 40% pour la vente directe et l’abattage familial (volume difficilement extensible) 
  • Planification sur quelques semaines : 1 ou 2 semaines avec les quantités précisées en fin de semaine pour celle d’après

Résultats et impacts, quantitatifs et qualitatifs

  • Maintien d’activités d’élevages sur le territoire grâce à la présence de l’outil et favorise la restructuration de la filière locale
  • Création d’élevages de porc avec transformation dans la ferme grâce à cet abattoir
  • Outil de développement agricole et du territoire (les éleveur·ses se situent entre 80 et 100 km maximum autour de l’abattoir)
  • Forte implication des collectivités territoriales qui ont fait les arbitrages politiques de financer cet outil : 
    • des chambres d’agricultures car outil au service de l’élevage
    • des conseils départementaux car création d’emplois, de filières
  • Forts liens avec les éleveurs-clients facilitant la mobilisation et l’engagement dans la SCIC
  • Outil dans une zone rurale donc moins de difficultés pour recruter et soutenir l’élevage
  • Propose de la découpe, du conditionnement pour la vente directe et livraison : répond aux besoins 
  • Adaptabilité de l’outil car travaille au service des éleveur·ses (contrairement aux outils industriels qui sont moins flexibles car plus standardisés)
  • Bien-être animal et environnement : les filières longues impliquent des longs trajets alors que les outils de proximité permettent de réduire ces transports. Ici l’élevage en prairies capte du CO2 et permet l’entretien de parcelles non cultivables 
  • Meilleure rémunération des agriculteur·ices qui valorisent en vente directe et par le biais de débouchés locaux

Partenariat(s)

Engagé dans un PAT qui regroupe 3 communautés de communes dans le département Haute Marne et permet : 

  • d’accéder à des financements : ressources pour gérer les questions logistiques même si la décision du maintien de l’abattoir avait déjà été prise 
  • de mettre les acteur·ices impliqué·es autour d’une même discussion
  • de faire connaître l’outil pour garder les animaux du département sur celui-ci
  • de travailler sur le besoin de recréer le schéma logistique (basé sur la filière longue actuellement)
  • des liens sont déjà développés avec la restauration collective (découpe de porc et livraison pour les collèges) et pourraient être accentués par le PAT

Retour d’expérience

Difficultés et/ou obstacles rencontrés pendant la mise en œuvre :

  • Problèmes de normes sur l’ancien outil qui était aussi vétuste, mal maintenu et enclavé au niveau de la ville 
  • Recrutement difficile : pas de formation initiale, métiers dévalorisés, souvent des profils de boucherie qui apprennent sur le terrain 
  • Outil surdimensionné (prévu pour 5 000 tonnes annuel or, le volume est 700 tonnes actuellement) impliquant des difficultés économiques 
  • Reprises d’exploitations difficiles et l’activité laitière diminue 
  • Prendre en compte toutes les normes d’abattage sans adaptation pour les outils de proximité alors que les gabarits sont très variables (contrairement aux élevages industriels) 
  • Frais fixes représentant un coût important pour les abattoirs : il est difficile de jouer sur le montant des charges et l’activité a une faible valeur ajoutée d’où l’importance du dimensionnement de l’outil

Solutions adoptées pour répondre aux difficultés et/ou obstacles :

  • Solution face aux enjeux de normes : 
    • construction d’un nouvel outil adapté avec les normes actuelles (rénovation trop coûteuse)
    • rester en lien de confiance avec les services d’Etat
  • Solution face aux difficultés financières de l’outil : liquider l’ancienne SA pour annuler les dettes, relancer l’activité, et repenser la taille de l’outil sur le nouveau projet et maintenir une activité résiduelle en attendant
  • Solution face aux problèmes de renouvellement générationnel : maintenir voire développer des nouveaux services pour soutenir ces activités agricoles locales
  • Solution face aux coûts de fonctionnement de l’abattoir : 
    • jouer sur les volumes d’activité afin d’obtenir l’équilibre économique 
    • ajouter des prestations de transformation pour améliorer la plus-value de l’outil

Améliorations futures possibles :

  • le 1er levier de développement de l’outil est l’ajout de la transformation de viande hachée : ce levier de valorisation de la viande bovine sera incontournable face à la recherche du service de vente direct de steak haché
  • le 2nd levier de développement de l’outil est l’ajout de l’agrément pour livrer la restauration collective des casernes (armée) et des hôpitaux : miser sur la restauration collective

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Comité de lecture
Date de lecture de la fiche
20/05/2024
Localisation
France
haute-marne
Appréciation(s) du comité
Innovant !
Localisation
Licence

Copyright: Licence Creative Commons Attribution 3.0
Pour citer un texte publié par RESOLIS:
Petit Monique, « Atelier 44, un atelier de menuiserie où l’esprit et le geste ne font qu’un », **Journal RESOLIS**